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100 après sa naissance, la Bugatti Type 35 détient toujours le record de victoires en course

Dans Sport Auto / Autres actu sport auto

Michel Holtz

LES VOITURES LES PLUS RAPIDES DU MONDE - Elle fête son centenaire cette année, mais elle est rentrée dans l'histoire bien avant cet anniversaire. Retour sur celle qui a tout gagné, des 500 miles d'Indianapolis aux courses de côte régionales.

100 après sa naissance, la Bugatti Type 35 détient toujours le record de victoires en course

Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés, du moins l’histoire n’en a-t-elle pas gardé la trace. Si tel avait été le cas, la discussion entre Ettore Bugatti et Enzo Ferrari aurait été orageuse. Car tous les séparait, à commencer par leur manière d’appréhender la diffusion de leurs voitures. Quand le boss de Maranello voyait d’un très mauvais œil ses sportives achetées par des clients particuliers, celui de Molsheim, au contraire, les encourageait à s'offrir les siennes.C’est ce qu’il a fait, dès le lancement, en 1924, de la Type 35.

Jusqu’à la fin de la carrière, en 1930, de l’un des chefs-d’œuvre de l’automobile en général, et de Bugatti en particulier, l’usine de Molsheim a produit et vendu 340 exemplaires de cette voiture. C’est peu, mais c’est énorme pour ce qui était alors une supercar doublée d’une Formule 1. Et c’est ce qui lui a permis de tout gagner. 2 500 victoires au compteur, de la Targa Florio, aux Grand prix de l’ACF, celui d’Italie, de Grande-Bretagne ou d’Allemagne en passant par les 500 milles d’Indianapolis et d’innombrables courses de côtes, prestigieuses ou confidentielles. En 1926, Bugatti devient, logiquement, champion du monde des constructeurs grâce à la 35.

Une F1 destinée à la route comme aux circuits

Imagine-t-on la Ferrari SF-24, la Formule 1 Italienne de cette année, s’aligner dans autant de courses différentes ? Et ses pilotes emprunter leur voiture pour rentrer chez eux, aussitôt l’épreuve achevée ? C’est pourtant ce qui se produisait avec la Type 35

Car cette auto, et ses déclinaisons A, B, C et T, mais aussi les 37 et 39, étaient des ovnis sur la planète auto d’alors. Une voiture légère, de 750 kg, avec un 8 cylindres en ligne et 24 soupapes, des jantes alu, une puissance allant jusqu’à 140 ch et capable d’atteindre 215 km/h à 6 000 tr/mn à son apogée. 

Une calandre en forme de fer à cheval : le dada d'Ettore.
Une calandre en forme de fer à cheval : le dada d'Ettore.

On la disait facile à conduire et dotée d’une tenue de route parfaite. Mais tout contemporain ayant l’occasion de la mener évoque la difficulté de la maintenir en virage, et se demande toujours comment il était possible de conduire les autres voitures de sport de cette période, puisque la 35 était soi-disant « facile ». 

Simple à conduire ? Vraiment ?

Mais elle n’était pas seulement réputée simple à conduire, elle était fiable, d’où ses succès. Et en plus elle était belle. En découvrant la nouvelle Bugatti Tourbillon, on ne peut qu'être frappé par la simplicité et l'élégance des lignes de la centenaire, comparées à celles que la marque vient de présenter.

La 35 a aussi inauguré la fameuse calandre en forme de fer à cheval (la passion d’Ettore) qui lui subsistera jusqu’à aujourd’hui (avec plus ou moins de bonheur). Elle était aussi dessinée comme aucune autre auto des années vingt ne l’était. Quand les suspensions des voitures étaient apparentes, les siennes étaient cachées dans sa partie arrière ellipsoïdale et caractéristique, à une époque ou l’aérodynamique n’était qu’embryonnaire.

Cent ans plus tard, son record de victoires n’est toujours pas battu. En revanche, en un siècle, l’auto a pris de la valeur. Les rares Type 35 toujours en circulation, elles seraient moins de 100 entièrement authentiques, s’échangent, en moyenne, pour 3 millions d’euros aux mains de quelques spéculateurs.

Après son auto légère, Ettore Bugatti en a conçu d’autres, jusqu’à la Royale et jusqu’au Coupé Atalante. Mais il gardera toujours une affection particulière pour la petite sportive bleue. Et en 1947, âgé de 66 ans, lorsqu’il obtient enfin la nationalité française, l’émigré italien décide d’aller récupérer son passeport à Paris, au volant de sa Type 35. 1 000 km aller-retour qui auront raison de sa santé. Il est épuisé par la mort de sa femme, de son fils et les difficultés de l’entreprise. Au retour il attrape une pneumonie et meurt quelques semaines plus tard.

En savoir plus sur : Bugatti Type 35

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