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ZFE : zone à faibles émissions, zone à fort embrasement ?

A partir de demain, 240 000 véhicules Crit’air 4 seront interdits dans le grand Paris, intra A86. Mais surtout d’ici trois ans, douze millions de voitures vont être bannies de 180 grandes villes françaises. On parie que ça va mal se passer ?

ZFE : zone à faibles émissions, zone à fort embrasement ?

Au début de l’été 2018, j’ai failli écrire un billet d’humeur prédisant un mouvement de révolte des automobilistes à la rentrée.

En mai, le contrôle technique avait été durci. Au 1er juillet devait être instaurée la limitation à 80 km/h malgré les sondages qui la refusaient massivement. Puis, à l’automne, une grosse taxe CO2 devait s’abattre sur le gazole.

Je ne voyais pas comment les quarante millions d’automobilistes – les vrais, pas l’association – allaient avaler ces trois grosses pilules sans tousser.

Puis je me suis dégonflé : pas envie de passer pour un prophète de malheur et tout bien réfléchi, on n’a jamais vu une révolte d’automobilistes.

Finalement, je lâchais un billet sur le boom de la trottinette électrique et partais en vacances. Sur la route de l’Ouest, beaucoup de radars peinturlurés, ensachés ou incendiés…

Trois mois plus tard, à l’automne, les gilets jaunes bloquaient les ronds points puis débarquaient dans les centres-villes. Les trottinettes, ils en feraient du petit bois.

ZFE : zone à faibles émissions, zone à fort embrasement ?

 

Des pompiers qui préparent le prochain incendie

Cette fois, la pilule est encore plus grosse : il s’agit d’ici 2024, soit dans trois ans, d’interdire de circulation jusqu’à douze millions de voitures dans presque deux cents villes françaises. Seraient concernés tous les véhicules Crit’air 3, 4 et 5, soit les diesels d’avant 2011 et les essence d’avant 2006.

ZFE : zone à faibles émissions, zone à fort embrasement ?

Le plus dingue, c’est que cette mesure – ou plutôt son radical durcissement – a été votée par la Convention citoyenne pour le climat, qui n’a été élue par personne mais tirée au sort à la demande d’Emmanuel Macron pour éteindre l’incendie des gilets jaunes.

Des pompiers qui se sont improvisé pyromanes.

Leur article 27 étend à toute agglomération de plus de 150 000 habitants l’obligation de créer une zone à faibles émissions (ZFE), obligation qui n’incombait auparavant qu’à quelques grandes métropoles. Par ce vote, ils ont étendu à des millions de Français, d’Amiens à Valence ou Valenciennes en passant par Pau et Perpignan et leurs alentours, l’interdiction de circuler qui frappe déjà les Franciliens propriétaires de voitures trop âgées et qui connaîtra demain un nouveau tour de vis.

Plus que les habitants de ces villes moyennes, ce seront ceux des campagnes environnantes qui seront les plus affectés. Ceux qui ne sont desservis par aucun transport en commun et dépendent de leur voiture pour le moindre déplacement.

 

Des ZFE (zones à faibles émissions) pour tous les Français !

Vous aurez noté qu’il s’agit de la même population, péri-urbaine et néo-rurale, que celle qui composait l’essentiel des bataillons de gilets jaunes.

Pas concernés car ils habitent loin des ZFE ? Nulle part en France on ne sera loin d’une des 180 zones à faibles émissions prévues.

Comment vont-ils réagir quand ils réaliseront qu’ils ne sont plus autorisés à se rendre dans la grande ville d’à côté, celle où il y a l’hôpital, la maternité, le centre des impôts, les médecins spécialistes, le cinéma, l’orthodontiste de la petite, l’université du grand et souvent… le travail.

Qui sera volontaire pour leur expliquer qu’avec la Prime à la conversion, remplacer leur auto par un modèle bien plus récent ne leur coûtera que 3 ou 4 000 euros, une paille… Et que s’ils choisissent moins cher, plus vieux, il leur faudra recommencer quelques années après quand ce seront les Crit’air 2 qui seront bannis ?

Pour rappel, l’âge moyen du parc automobile français est de onze ans et il se vend un peu plus de deux millions de voitures neuves par an (dont un million à des particuliers) et cinq millions d’occasions. Combien d’années faudra-t-il pour renouveler ces douze millions d’autos ? Sachant que ceux qui achètent majoritairement des voitures neuves ou récentes sont aussi et déjà ceux qui possèdent les voitures les moins vieilles.

 

Une ZFE n’est pas censée sauver la planète

Pour le moment, tout va bien : l’automobiliste ne semble pas au courant de ce qui l’attend. Mercredi dernier, un sondage du CNPA (Centre national des professions de l’automobile) révélait que "60 % des Français ignorent ce qu’est une ZFE et les conséquences de sa mise en place dans leur mobilité au quotidien". Pire, 48 % déclarent "n’avoir pas connaissance de l’interdiction, au cours des années à venir, des véhicules diesels dans certaines zones urbaines."

Quand la population percutera, il faudra lui expliquer la légitimité et l’urgence de la mesure.

Et c’est là que ça déconne : les ZFE n’ont rien à voir avec le climat !

ZFE : zone à faibles émissions, zone à fort embrasement ?

De fait, ces zones interdites ne visent pas à limiter les émissions de CO2, mais celles de polluants locaux (NOx et particules), directement nocifs pour la santé et c’est bien pour cela qu’un Porsche Cayenne pourra y circuler mais pas une Citroën C3 de première génération (photo) ni une vieille 125 qui émettent respectivement deux et six fois moins de CO2.

En se mêlant de santé publique, la Convention citoyenne pour le climat, qui aurait dû comme son nom l’indique se limiter aux problèmes de réchauffement climatique, a donc outrepassé sa mission. En droit, son article 27 devrait être considéré comme nul et non avenu, de même qu’un amendement « cavalier » dans un texte de loi.

Enfin, en admettant que les citoyens tirés au sort aient compétence et vocation à se mêler de santé publique, quel est le niveau de pollution à Limoges, Bayonne ou Quimper qui rende indispensable cette éviction ?

Porsche Cayenne, oui. Citroën C3, non.

 Ensuite, et c’est pire, la vignette Crit’air sur laquelle se fonde toute ZFE n’est pas pertinente pour discriminer les véhicules les plus nocifs.

Remplacer des voitures essence anciennes mais dûment catalysées par de plus récents diesels Euro5 – dont on sait aujourd’hui que très peu d’entre eux respectent leur norme d’émission de NOx - est même contre-productif : en réalité, les secondes émettent infiniment plus de particules ultrafines et de NOx. Pour en revenir au Porsche Cayenne diesel, qui peut croire qu’il pollue moins que la Citroën Saxo essence ?

Pire encore, la quasi-totalité des voitures essence récentes sont équipées de petits moteurs à injection directe qui, jusqu’en 2018, étaient dispensés de filtre à particules. Et émettent par conséquent davantage de particules que la génération précédente à injection indirecte que l’on veut précipiter au broyeur.

Plus on creuse la question, plus on comprend que les ZFE n’auront aucun impact sur la qualité de l’air, du moins pas avant la généralisation de la voiture électrique.

Quand Patrick Ollier, le président de la Métropole du Grand Paris, proclame « la nécessité d'agir contre les 6600 morts annuels générés par la pollution », on est tenté de le lui recommander plutôt l’interdiction toujours reportée des feux de bois en foyer ouvert dont tous les spécialistes soulignent l’énorme impact sur la « qualité de l’air » en région parisienne comme partout en France.

Bref, la généralisation à tout le pays des ZFE est une mesure illégitime et inefficace, socialement discriminante, fortement pénalisante, fondée sur des critères écologiquement aberrants, décidée par une assemblée non élue, au profit de citadins et au détriment de ruraux et périurbains.

Suis-je le seul à juger le cocktail hautement inflammable ?

ZFE : zone à faibles émissions, zone à fort embrasement ?

 

 

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