V8, hybride rechargeable, 343 km/h: la folle Lamborghini Temerario est à Paris
Lamborghini a présenté la Temerario à Paris cette semaine, et à cette occasion nous avons aussi pu parler avec Stephan Winkelmann, PDG de la marque. Avec lui nous avons notamment évoqué le business, la Countach...et la Renault 5, qu'il apprécie pour de très bonnes raisons!

Couleur "Verde mercurius" et motorisation hybride rechargeable: la Temerario est-elle une voiture écolo? Pas encore, mais la marque poursuit une stratégie d'électrification qui devrait aboutir au lancement d'un modèle "zéro émission" en 2030.
1-5-3-7-4-8-2-6 : il ne s’agit hélas pas de la combinaison gagnante du loto, mais de l’ordre dans lequel s’activent les pistons du moteur V8 4.0 biturbo de la nouvelle Lamborghini Temerario, présentée en première française mercredi soir à Paris. En l’occurrence à l’Elysée-Montmartre, salle mythique située à un jet de pierre du Sacré-cœur et plus réputée pour accueillir des stars du rock que des voitures.

Pour autant, il y avait tout de même deux stars dans la salle ce soir-là. La première est la "petite dernière" de la gamme du constructeur italien, forte de 920 ch (et 800 Nm de couple) en cumulant la puissance du V8 et des trois moteurs électriques. Soit un pour chaque roue avant et le troisième en bout du vilebrequin "à plat", solution héritée de la compétition, de façon à supporter le V8 dans des montées en régime qui peuvent atteindre 10 000 tours/minute, valeur absolument extra-ordinaire pour une voiture de route. "Une solution technique très compliquée", de l’aveu même d’un représentant de la marque présent ce soir-là. Précisons que si la Temerario est une hybride rechargeable, sa batterie de 3,8 kWh ne vous amènera pas bien loin. L’électrification a ici pour but de contribuer aux performances, tout en contenant les émissions de CO2.

Le tout se voit placé sous l’autorité d’une boîte auto double embrayage à 8 rapports, laquelle orchestre des performances hors-normes : le 0 à 100 km/h est expédié en 2,7 secondes, les 200 km/h sont atteints 4,4 s plus tard (soit 7,1 secondes), et la vitesse de pointe s’établit à 343 km/h. Pas mal pour une voiture qui, malgré son châssis en aluminium, pèse encore 1 690 kilos à vide - ou 25 de moins si vous optez pour la version Allegerita illustrant cet article - et déjà disponible à la commande à partir de 311 634 € hors malus. Elle est donc un peu plus onéreuse que la Ferrari 296 GTB, il est vrai plus lente avec ses 2,9 secondes pour passer de 0 à 100 km/h (on plaisante, hein !).


"La Lamborghini électrique sera une GT 2+2"
La deuxième star de la salle ce mercredi était Stephan Winkelmann, PDG de Lamborghini depuis 2020 après avoir notamment dirigé Bugatti. Costume parfaitement ajusté, montre hors de prix au poignet, le plus italien des Allemands, qui parle aussi très bien le français, s’est livré au jeu des questions réponses avec quelques-uns des journalistes présents, sans langue de bois.

Il faut dire que l'excellent bilan de la marque l’an dernier favorise l’exercice. Lamborghini a battu ses résultats historiques avec 10 687 voitures livrées (dont une moitié d’Urus), plus de 3 milliards de chiffre d’affaires et 835 millions de bénéfice net. La marge opérationnelle s’établit ainsi à 27% (!), et ces chiffres sont obtenus en préservant une production inférieure à la demande, précise le PDG, "ce qui profite aussi à la valeur résiduelle des voitures."
Lamborghini est une véritable cash-machine pour le groupe Volkswagen, grâce à des performances stratosphériques d’une part et à une identité forte d’autre part : "chaque voiture doit à la fois être très différente de celle qu’elle remplace, et parfaitement identifiable comme une Lamborghini", résume Stéphan Winkelmann, qui précise au passage que le passage au 100% électrique n’est pas pour tout de suite : "la demande est inférieure à ce que nous pouvions imaginer, donc avant cela, il y aura une deuxième génération d’hybride rechargeable. Mais il y aura bien une 100% électrique à la fin de la décennie, il s’agira d’un GT 2+2, 2 portes et 4 places, comme il en existait beaucoup dans les années 60 et 70. Il y a de la place pour une voiture de ce type sur le marché." Le nom des voitures empruntera toujours à l’univers de la tauromachie, Temerario étant celui d’une bête graciée en 2023 dans une corrida au Mexique : "les nouvelles voitures auront de nouveaux noms, même si c’est de plus en plus difficile de trouver: il faut que ça sonne bien, et que ça se combine avec une bonne histoire à raconter."

Et puisqu’il était question de nouveau nom, votre serviteur a interrogé le PDG au sujet de la Countach, ce modèle présenté en 2021 et qui s’apparentait en fait une Sian recarrossée. Malgré le succès commercial de ce modèle fabriqué à 112 exemplaires, ce procédé ne devrait pas être réitéré : "Elle était parfaitement exécutée, et la Countach originelle est un modèle dont on retrouve l’ADN dans toute la gamme actuelle. Pour fabriquer quelques voitures pourquoi pas, mais sur le fond je suis opposé à l’idée de reprendre des voitures qui ont fait l’histoire. Nous sommes jugés sur l’avenir. Si on regarde la Temerario, on voit l’avenir. Une marque comme la nôtre, c’est le design et les performances. Il faut faire quelque chose qui n’existait pas avant. On est jugés sur l’innovation, pas sur la copie de ce qui était bien dans le passé. On serait vus comme des gens qui n’ont plus d’idées." "Et vous n’aimez pas la Renault 5, alors ?", le relance un confrère. "Si vous êtes une grande marque, vous pouvez vous permettre ces modèles qui renvoient au passé. Et la Renault 5, je l’aime bien, surtout que j’ai grandi avec une R5 quand j’étais enfant. C’était une bonne voiture, comme la Renault 4 !"

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