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USA – Europe : la course aux bornes de recharges publiques

Au moment où le gouvernement Biden annonce un gigantesque plan de développement des infrastructures de recharge électrique aux Etats-Unis, l’Europe et la France se lancent également dans le développement des bornes électriques publiques. Avec un résultat mitigé.

USA – Europe : la course aux bornes de recharges publiques

L’administration Biden vient de proposer de fixer de nouvelles normes pour le réseau de recharge des véhicules électriques et d’atteindre 500 000 bornes de recharge sur l’ensemble du territoire nord-américain d’ici 2030.

Objectif : une station de recharge tous les 50 miles (85 km environ) le long des corridors inter-états désignés. C’est-à-dire sur les grands réseaux (highway) qui traversent les Etats-Unis de part en part à travers 49 États. Ce sont eux qui concentrent l’essentiel de la circulation trans-américaine. Des axes prioritaires qui constituent la nouvelle colonne vertébrale du réseau national de bornes de recharges.

Ce programme baptisé NEVI (National Electric Vehicule Infrastructure) bénéficie de 5 milliards de dollars d’aide. 2,5 milliards de dollars supplémentaires seront également mis en œuvre pour permettre d’accroître le nombre d’infrastructures dans les parties rurales et mal desservies des Etats-Unis. Le but est de développer et harmoniser les services de recharge publique.

USA – Europe : la course aux bornes de recharges publiques

Ainsi, chaque site doit bénéficier d’au minimum de quatre chargeurs rapides à courant continu de 150 kW et d’une capacité d’alimentation minimale de 600 kW. Une règle d’accessibilité commune au service de charge et de cybersécurité est également incluse dans le plan afin de protéger l’automobiliste et l’opérateur de tout acte malveillant ou piratage.

La nouvelle norme doit aussi permettre de fournir des informations en temps réel sur les prix et les emplacements des bornes de recharge aux conducteurs. « De quoi permettre à chaque Américain possédant un véhicule électrique de voyager d’un océan à l’autre sans anxiété » pour Jennifer Granholm, secrétaire d’État à l’énergie.

Incitatif mais pas obligatoire

Bien que les orientations du programme national américain édictent les priorités, les Etats n’ont aucune obligation à s’y conformer. Reste que pour bénéficier des subsides publiques, chaque Etat devra soumettre un plan de déploiement des infrastructures au plus tard le 1er aout prochain décrivant l’utilisation des fonds alloués.

L’administration centrale approuvera ensuite les plans éligibles. Et derrière le grandiloquent chiffre en milliards de dollars (sur 5 ans) il convient de regarder avec attention la réalité des subventions nationales américaines. 615 millions de dollars seront disponibles au cours de l’exercice 2022.

Si l’on exclut la Californie et le Texas, qui devraient recevoir respectivement 56 et 60 millions de dollars chacun, chaque Etat devrait recevoir en moyenne plus ou moins dix à quinze millions de dollars. La manne ne paraît pas si abondante au regard des besoins. Avec en filigrane le risque d’une Amérique à deux vitesse, et des axes prioritaires richement dotés en équipements et une Amérique profonde pauvre en infrastructures de recharge. Un problème que connaît l’Europe.

Une Europe à deux vitesses

D’après ChargeUp Europe, il existe actuellement 330 000 bornes de recharges au sein de l'Union européenne. Mais ces infrastructures sont très mal réparties entre les 27 états membre et bien souvent mal équipées pour répondre aux défis futurs de nouveaux modèles de véhicules et de batteries.

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Le courant alternatif demeure majoritaire (92% des points de charge publique en 2021) et seulement 8% fonctionnent au courant continu qui offre une puissance plus importante et permet une recharge rapide des batteries.

Et pas question de traverser le continent européen sans sueurs froides, tant l’infrastructure en matière de borne de recharge varie d’un pays à l’autre.

Dans son rapport sur la transition vers la mobilité zéro-émission, l’Association des Constructeurs Automobile Européens (ACEA), qui regroupe les principaux constructeur Européens, note de grandes disparités entre les 27 pays de l'UE.

Si les Pays-Bas apparaissent comme les bons élèves de la classe avec 47,5 bornes pour 100 km de route, la Grèce et la Lituanie, bons derniers, ne comptabilisent 0,2 station de recharge pour 100 km. Et 8 autres pays proposent moins d’une station pour 100 km.

Un audit de la Cour des comptes européenne rapporte que «malgré plusieurs réussites comme l'émergence d'une prise standard commune au niveau de l'UE et l'amélioration des conditions d'accès aux différents réseaux de recharge, parcourir l'UE au volant d'un véhicule électrique reste compliqué.

La disponibilité des bornes de recharge varie d'un pays à l'autre, les systèmes de paiement ne sont pas harmonisés sur la base d'un minimum d'exigences communes, et les informations accessibles aux utilisateurs ne sont pas suffisantes ».

Voilà pour le constat ! Car en matière de politique et d’incitation, «la Commission n’est pas habilitée, au titre de la directive AFID, à coordonner le déploiement d’infrastructures dans les États membres, lequel relève de leur seule responsabilité ».

En clair, libre à chacun de faire ce qu’il veut dans son coin. On a connu mieux en matière de politique transfrontalière.

La France peut mieux faire

Avec 4,1 bornes/100 km, la France se place au dixième rang en matière d’infrastructures de recharges électriques publiques en Europe. Pourtant, avec 100 millions d’aide publique engagée, le nombre d’unités de recharge ne cesse d’augmenter.

Dans le dernier baromètre national des infrastructures de recharge ouverte au public, l'Avere recense 62 139 points de recharges au 31 mai 2022. Soit, environ 4 000 de plus qu’en février. D’ici la fin de l’année 2022, la quasi-intégralité d’entre elles, soit 428 aires, devrait être dotée de bornes de recharge rapide, entre 150 et 350 kW selon les opérateurs.

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Mais on est encore loin des 100 000 points de recharges voulus par l’État. Un chiffre qui ne doit rien au hasard, puisque l'Union européenne préconise un ratio d’une borne de recharge pour dix véhicules.

Face à l’explosion du nombre de voitures électriques et hybrides rechargeables (1 million), le nombre de bornes de recharge ouvertes au public peine encore à suivre le rythme. Le manque d’infrastructures apparaît même comme le maillon faible de la transition énergétique.

USA – Europe : la course aux bornes de recharges publiques

D’autant que les bornes de recharge de première génération sont aujourd’hui quasi-obsolètes quant aux besoins nouveaux, avec un manque cruel d’unités de nouvelle génération à charge rapide (30 min). Car même si la majorité des recharges se font à domicile ou en milieu privé, le déploiement et l’harmonisation d’infrastructures publiques est primordial pour la mobilité électrique sur l’ensemble du réseau routier.

À peine réélu, Emmanuel Macron a promis un investissement de 6 milliards d’euros d’aides à l’achat et au leasing social, au rétrofit et à la mise en place d’«au moins 500 000 bornes publiques d’ici 2027».

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