Une dispersion qui ressemble à une destruction
ROUTE DE NUIT. L’actualité culturelle autour de l’automobile nous offre l’occasion de belles rencontres autour de la créativité.
Le 6 juin dernier, la maison Christies a mis en vente 33 pièces de la collection d’art de Renault qui comptait 550 œuvres. Cette regrettable opération de sabordage fut complétée par la mise en l’encan d’une trentaine d’œuvres sur papier de Henri Michaux.
La dispersion a eu lieu malgré les nombreuses protestations et l’indignation qu’elle avait soulevées au cours des semaines précédentes chez de nombreuses personnalités du monde de la culture, chez certains ayants droit d’artistes et même chez des employés du groupe Renault.
« Cette vente trahit l’esprit de la collection, elle dénature et défigure un ensemble unique », s’est insurgée Delphine Renard, la fille de Claude-Louis Renard qui était à l’origine de cette fabuleuse compilation de chefs-d’œuvre de l’art contemporains.
Claude-Louis Renard avait été embauché à la Régie Renault en 1954. Il avait découvert à New York que les grandes entreprises américaines jouaient un fondamental dans l’émergence et le soutien des jeunes artistes, à travers des fondations.
Il imagina l’adaptation du concept en France, au sein de la Régie Renault. Il suggéra au président de l’époque, Pierre Dreyfus, la création d’un département « Recherches, Art et Industrie » rattaché au Centre de Style dirigé par Robert Opron.
Le projet vit le jour en 1967 et généra la constitution d’une collection fabuleuse rassemblant des œuvres de Robert Rauschenberg, Jean Dubuffet, Victor Vasarely, Niki de Saint-Phalle, Jean Fautrier, Sam Francis, Roberto Matta, Henri Michaux, Joan Mir, Erro, Simon Hantaï et beaucoup d’autres artistes majeurs du XXe siècle…
L’enrichissement de la collection fut hélas mis en sommeil quand Georges Besse prit le pouvoir avec l’objectif de faire des économies. La collection d’art fut la première victime… pour ne pas contrarier certains membres du personnel qui ne comprenaient pas que Renault investisse dans l’art alors que l’entreprise fermait des usines.
Une pathétique illustration du mépris du plus grand nombre pour la culture.
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