Uber c'est Ubu roi
Uber a déboulé dans le monde économique en réussissant à monétiser ce qui était il n’y a pas si longtemps un service gratuit que se rendaient les particuliers. Mais en rationalisant une certaine idée du transport de la personne grâce aux moyens techniques de la connexion, son ombre s’est étendue rapidement au point que son modèle est à présent un qualificatif. L’ubérisation est née et cela ressemble beaucoup à Ubu roi. La preuve avec les derniers résultats comptables d’une entreprise aux pertes colossales. Mais qui est toujours là.
C’est un modèle économique qui montre que nous vivons une époque où il n’en existe plus. Qui, en effet, peut survivre à une perte de 4,5 milliards de dollars ? Tesla diront certains, mais ceci est un autre débat. Uber, en revanche, montre que c’est possible. Une irrationalité qui s’affirme un peu plus lorsque l’on sait que l'entreprise de réservation de voitures avec chauffeur, qui n'est pas cotée en Bourse, ne fournit jamais de résultats complets. Elle daigne, simplement, de temps en temps, faire part de certaines performances financières.
Incroyable mais vrai. Sur l'année, la perte d’Uber s'élève à 4,5 milliards, une somme à comparer aux 2,8 milliards de dollars de perte accusés un an plus tôt. L’entreprise courrait donc à sa perte. Voire ! Les analystes précisent ainsi que le groupe a réalisé un chiffre d'affaires "net" de 2,22 milliards de dollars sur les trois derniers mois de 2017, soit une hausse d'environ 60 % par rapport à la même période de 2016 (1,38 milliard). Le total des réservations a aussi augmenté de 14 % entre le troisième trimestre et la fin d'année.
Mieux, Uber fait état d'un chiffre d'affaires "brut", de 11 milliards de dollars, contre 6,9 milliards au dernier trimestre 2016 sur le trimestre, duquel il déduit notamment environ 8 milliards de dollars de rémunérations aux chauffeurs et de ristournes aux clients pour arriver à son chiffre d'affaires "net". L’argument est imparable : ce n’est pas la raison sociale d’Uber qui est à remettre en cause : c’est la place de l’homme dans son fonctionnement. C'est ce qui explique l'intérêt pour la conduite autonome.
Uber peut donc perdre autant d’argent qu’il veut. Y travailler c’est comme vivre dans une mine de sel mais pour les investisseurs c’est une mine d’or même si on en a pour son argent. Le groupe essaie cependant d’entrer dans l’âge adulte. Il a versé quelque 245 millions de dollars et promis de ne pas utiliser des technologies appartenant à Google, que Waymo l'accusait de lui avoir dérobées. Et il a poussé son père fondateur Travis Kalanick à la démission pour ne plus être associé à ses frasques. Mais il y a encore de la route à faire avant que le spécialiste du véhicule sans chauffeur se rachète une conduite.
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