Transition énergétique - Non, le plan Hulot ne mérite pas l'électrocution !
Le ministre de laTransition énergétique essuie les critiques depuis l'annonce de son plan climat et notamment la fin des ventes de voitures thermiques programmée pour 2040. Pourtant, le délai donné aux constructeurs leur semble raisonnable. Plus en tout cas que ceux que d'autres pays tentent d'imposer.
Que n’a-t-il pas osé dire ? Quel crime a donc commis Nicolas Hulot la semaine dernière pour que l’on déverse l'équivalent d'une remorque de 45 tonnes chargée de goudron et de plumes sur sa personne fraîchement ministérielle ? C’est que dans son plan climat dévoilé la semaine passée, il a fixé pour objectif, « la fin de la vente des voitures diesels et essence en 2040 ». Le crime absolu, en quelque sorte. La fin de la pétrolette programmée, en d’autres termes.
Les roquettes d’offuscation n’ont évidemment pas tardé à tomber. Par salves. L’Humanité entend bien mettre en avant les carences et incohérences du plan Hulot. Challenges, lui, évoque purement et simplement le « délire » du ministre. Évidemment, ces flèches restent polies. Celles des réseaux sociaux sont d’un autre acabit et font souvent dans le genre ordurier, lorsqu’elles ne recyclent pas des vieilles lunes comme la participation de Nicolas Hulot au Paris Dakar de 1980 à bord d’un Range Rover V8. Forcément, lorsque l’on a piloté un engin à huit cylindres un jour, on ne saurait changer d’avis 37 ans plus tard, sauf à passer pour un spécialiste du retournement de veste.
La grande bascule est entamée
Pourtant, dans cette lapidation virtuelle, les constructeurs, pourtant les premiers intéressés, sont loin d’être les plus virulents. Bien au contraire. Si les importateurs n’ont fait aucune déclaration publique, François Roudier, le porte-parole des marques françaises a réagi sur RTL. Et pas vraiment dans le sens des pourfendeurs des choix ministériels. Pour le directeur de la communication du CCFA (Comité des Constructeurs Français d'Automobiles) cette annonce, et son échéance « sont très positives. Les constructeurs français sont déjà dans cette dynamique d'électrification. Ils ont dans leurs cartons de quoi alimenter et incarner cette promesse ».
Mais alors, on nous cacherait tout, et on ne nous dirait rien ? Peugeot, Citroën et Renault auraient des autos électriques, à hydrogène ou à la poudre de perlinpinpin cachées dans leurs disques durs et attendraient le moment propice pour les commercialiser et remiser leurs moteurs à explosion ? En fait, ce que François Roudier a tenté d’expliquer, c’est que la grande bascule est inéluctable, que toutes les marques du monde (et pas seulement Tesla) en sont conscientes et que c’en est fini du thermique. Pour autant, rien n’est prêt, rien n’est figé, ni les moteurs, ni même l’énergie, qu’ils vont ingurgiter, ni la manière de la fabriquer, et surtout pas les infrastructures pour la distribuer.
Nicolas Hulot beaucoup plus raisonnable
que ses homologues européens
Les constructeurs sont donc contents. Pas parce que ce sont tous des fondus de l’écologie, mais sachant qu’ils devront en passer par là, ils sont ravis de disposer enfin d’une feuille de route et d’une échéance. 23 ans, c’est pas rien, pour chercher, tester, rechercher et retester. Surtout, s’ils ont la banane en France, c’est qu’ailleurs, cette fameuse échéance est beaucoup plus courte. Le gouvernement allemand l’a annoncée pour 2030, et la Norvège pour 2025, carrément. C’est donc avec un "ouf" de soulagement qu’ils ont accueilli le plan climat de Monsieur Hulot le raisonnable. Son manque de radicalité devrait d’ailleurs faire grogner les rangs écologistes alors que, paradoxalement, ce sont certains fans d'autos qui s’offusquent le plus.
Pourquoi ? Parce qu’ils craignent qu’on les pousse dans des transports en commun bondés. Parce qu’ils imaginent que dans 23 ans, les autos seront les mêmes qu’aujourd’hui, avec une toute petite autonomie, et qu’ils n’ont pas le talent d’éco conducteur de Pierre Desjardins. Ils ont peur aussi que leur auto de l’an 2040 ne fasse pas le joli bruit qu’ils adorent aujourd’hui. On leur offrira un petit carton et une pince à linge. Et comme sur les vélos de leur enfance, lorsqu’ils coinçaient ce petit équipement entre les rayons de leur roue arrière, leur auto retrouvera le joli bruit de la nostalgie.
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