Taxer les hybrides rechargeables, est-ce vraiment la bonne idée pour encourager l'achat de véhicules électriques ?
Lionel Bret , mis à jour
Plus taxés, plus malussés, au 1er janvier 2025 de nouvelles réglementations vont rendre l’utilisation des véhicules hybrides rechargeable actuels bien moins intéressants pour les parcs d’entreprises. Les gestionnaires de flottes vont-ils pour autant miser sur le 100 % électrique ?
Électrifier sa flotte pour continuer à rouler en thermique. Depuis des années les véhicules hybrides rechargeables (PHEV) permettent cette duplicité. Peu contraignant, non soumise au malus écologique, exempte de la taxe sur les véhicules de société, le PHEV dispose d’un sacré paquet d’atouts pour séduire les gestionnaires de flotte. Au point d’en devenir une carte maîtresse au sein des parcs d’entreprises.
Comme le révèle le baromètre des Flottes et de la Mobilité 2024 de l’Arval Mobility Observatory France, " l’engouement (des gestionnaires de flottes NDLR) porte avant tout sur la technologie hybride pour les voitures particulières (50 % des entreprises l’ayant déjà implémentée). L’hybride rechargeable suit de très près avec 47 % des entreprises y ayant déjà recours et 18 % prévoyant de le faire dans les trois ans." Un véhicule économique et vertueux, à en croire l’actuelle réglementation. Le cycle d’homologation estime que l’utilisation de la motorisation électrique représente 70 % à 85 % du temps de roulage. Ainsi la consommation moyenne d’un PHEV avoisine les 2 l /100 km. Dans les faits, il en va autrement.
Une mauvaise utilisation pointée du doigt
Selon l’ONG Transport & Environnement (T&E), les PHEV de société roulent " sur la batterie entre 11 et 15 % du temps ". La consommation approche alors les 6 l/100 km. Soit un écart avec sa moyenne d’homologation supérieur à 238 %. La Commission européenne précise que " les PHEV émettent en usage réel, 2 à 3,5 fois plus de CO2 que prévues par les valeurs d’homologation en vigueur."
L’Europe en suffoque et décide de revoir les règles d’homologation et de modifier la formule mathématique permettant de définir la consommation énergétique du véhicule. Le facteur d’utilisation (taux d’emploi par rapport à la durée d’utilisation) va ainsi passer de 800 à 2 200 début 2025. Les valeurs de CO2 des hybrides rechargeables devraient ainsi doubler. Une Peugeot 508 PHEV 225 ch, aujourd’hui à 25 g de CO2 par kilomètre, devrait dépasser début janvier la norme limite des 50 g/km en deçà de laquelle un véhicule est considéré à faible émission. Un BMW X1 PHEV, qui émet aujourd’hui 45 g/km de CO2 devrait en émettre 96 g/km dès 2025 selon une étude d’impact réalisée par l’ICCT (International Council on Clean Transportation).
La fiscalité alourdie
À compter du 1er janvier prochain les flottes d’entreprises les véhicules hybrides rechargeables seront assujettis à la taxe annuelle sur les émissions de CO2 (avec des abattements pour certains) et au malus au poids. " Face à ces nouvelles taxes et la nécessité de réduire les émissions de carbone, la maîtrise du budget des flottes automobiles devient un enjeu primordial pour les entreprises " constate dans un communiqué la plateforme de service d’électromobilité Beev. Et d’inciter les entreprises " à se tourner vers des véhicules 100 % électriques. " pour résoudre le problème. En pratique, la chose apparaît moins idyllique. Beev, en est d’ailleurs conscient. " Entre l'acquisition de véhicules électriques, les investissements dans l’infrastructure de recharge adéquate et différents coûts cachés, les gestionnaires de flotte et directeurs financiers doivent penser à une approche globale pour optimiser leurs dépenses : quelle fiscalité applicable/quelles aides disponibles, quelle stratégie de financement (LLD, LOA), quelle solution de recharge (en entreprise, au domicile), comment optimiser le TCO de ma flotte … " D’autant que depuis cette année les entreprises ne bénéficient plus du bonus écologique pour l’achat d’un VE.
Plus de watts et d'autonomie
Pour contrer les nouvelles règles de Bruxelles, les constructeurs automobiles équipent leurs modèles hybrides rechargeables des batteries plus performantes, capables d’assurer une autonomie d’une centaine de kilomètres, quasiment le double que la génération précédente. Les nouvelles VW Golf GTE et eHybrid proposent une autonomie électrique pouvant atteindre 140 km et sont homologuées à 8 g/km de CO2. La récente Peugeot 3008 hybride rechargeable, émet quant à elle 19 g/km de CO2. Dans ce contexte la révision du facteur d’utilisation ne devrait pas pénaliser ces modèles dont les émissions de CO2 resteront restreintes. De quoi permettre aux entreprises de continuer à miser encore sur les hybrides rechargeables ?
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