Taxe sur le gazole : les routiers prêts aux blocages, pagaille sur la route des vacances ?
Le gouvernement a annoncé la baisse d'un avantage fiscal pour les transporteurs routiers. Ceux-ci menacent d'actions sur les routes, à la rentrée voire avant.
Hier, à l'issue d'un Conseil de défense écologique, la Ministre des Transports Élisabeth Borne a fait plusieurs annonces surprises, dont la mise en place d'une éco-taxe sur les billets d'avion dès 2020. Concernant la route, elle a annoncé le rabotage d'une aide sur le gazole pour les entreprises de transport.
Ces sociétés peuvent avoir un remboursement d'une partie de la TICPE, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques. Le gouvernement compte réduire l'avantage de deux centimes d'euro par litre. Il estime que cette mesure va lui permettre de sauver 140 millions d'euros. Avec une promesse : l'argent sera uniquement utilisé pour l'entretien du réseau routier. Dans le cadre de la loi d'orientation des mobilités, l'État a prévu d'augmenter les investissements pour la remise en état des infrastructures. Il y a urgence : un rapport sénatorial a par exemple révélé il y a quelques semaines qu'un pont sur dix représentait un danger.
Pour financer les travaux, le gouvernement envisageait depuis un moment de faire payer les compagnies aériennes et les poids lourds. Pour ces derniers, il y a eu l'idée d'une vignette, qui ne serait d'ailleurs pas totalement abandonnée. Celle-ci a l'avantage de faire participer les camions étrangers. Mais la Cour de Justice européenne a reconnu l'illégalité d'une vignette similaire en Allemagne.
Forcément, du côté des entreprises de transport, on grogne et on commence à agiter la menace des blocages. Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l'Organisation des transporteurs routiers européens (Otre) s'agace du manque de dialogue. Dans le Parisien, il s'étonne : "Comment ce gouvernement peut-il annoncer de telles mesures alors qu'une commission informelle de parlementaires planche justement pour trouver des solutions de financement. Elle devait rendre ses conclusions à la rentrée. C'est ça la démocratie ?".
Le secteur pense d'ailleurs que la mesure va plutôt coûter 200 millions aux entreprises françaises et pointe du doigt le fait que les étrangers restent épargnés. L'Otre rappelle qu'un premier rabotage de quatre centimes a été fait en 2015, après l'annulation très médiatique de l'écotaxe, et que l'argent dégagé n'a pas directement servi à la remise en état des routes.
Jean-Marc Rivera évoque une possible mobilisation, précisant que cela va être discuté avec les militants pour savoir quand et comment. On pense évidemment à la période de la rentrée, qui pourrait donc s'annoncer compliquée sur les routes, avec des blocages dès les premiers jours de septembre. Mais le secrétaire général n'exclut pas une mobilisation avant. Les routiers vont-ils chercher à perturber les départs en vacances, avec une mobilisation d'ici quelques samedis ? Rejoindre la plage pourrait prendre beaucoup de temps à certains cette année.
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