Takata : le spectre du dépôt de bilan
On aurait pu penser qu’après la conclusion d'un accord aux États-Unis, Takata s’était donné les moyens de voir le bout du tunnel dans lequel les défauts de ses airbags l’avaient plongé. Le groupe japonais a ainsi plaidé coupable de fraude, et versera une amende d'un milliard de dollars afin d'échapper à un procès pénal. Mais il semblerait que le chemin soit encore long vers la rédemption puisque c’est le dépôt de bilan qui guette à présent.
L’accord avec les États-Unis avait été salué par la Bourse. Celle de Tokyo a par exemple fait envoler le titre de quelque 75 % entre fin décembre et mi-janvier donnant raison au PDG, Shigehisa Takada, héritier de la famille fondatrice de la firme. Ce dernier martelait que cet accord constituait "un pas important pour régler la question du gonfleur d'airbag et une étape cruciale dans le processus actuel pour obtenir des investissements en faveur de Takata".
Oui mais voilà, les semaines se sont écoulées et l’inquiétude est revenue. Les risques judiciaires et financiers planent toujours autour de Takata, en quête d'un investisseur extérieur. Qui n’est pas facile à trouver dans une conjoncture où les constructeurs d'automobiles pourraient réclamer un remboursement des frais des rappels, évalués à plus d'un milliard. Par ailleurs, Takata est également visé par des plaintes collectives d'automobilistes.
La solution du dépôt de bilan n’est pas écartée, ce qui a provoqué un décrochage du titre, de plus de 17 % au Japon. Soit le recul maximum autorisé pour la journée. La compagnie compte plus de 50 000 employés et contrôle 20 % du marché mondial des ceintures et airbags.
Ce sont ces derniers qui causent son malheur. Depuis 2014, on sait que ces coussins de sécurité sont susceptibles d'exploser inopinément en projetant des fragments sur le conducteur ou le passager. Seize décès, dont 11 aux États-Unis, sont associés à ce défaut. Au total, quelque 100 millions d'unités sont concernées par des rappels dans le monde, dont près de 70 millions aux États-Unis. De nombreux constructeurs sont affectés, de General Motors à Toyota, en passant par BMW, Fiat Chrysler ou encore Nissan. Ils ont dû supporter le coût des rappels massifs de véhicules pour en remplacer les airbags potentiellement défectueux.
On comprend au vu de la qualité et du nombre des protagonistes sensibilisés au dossier que personne ne veut vraiment laisser Takata seul décider de son sort. Une demande de redressement sous le contrôle de la justice est espérée pour déterminer les détails du plan de restructuration. Une perspective qui n’enthousiasme pas Takata.
Enfin, des cinq candidats intéressés pour entrer dans l’aventure Takata, il n'en reste plus que deux. D'un côté, le suédois Autoliv, de l'autre un consortium mené par l'américain Key Safety Systems (propriété d'un groupe chinois), accompagné du fonds Bain Capital et de la firme japonaise Daicel.
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