2. Sur la route : confort et impressions de conduite de l'Alfa Romeo Stelvio Quadrifoglio Q4
Le long cheminement sur l’autoroute qui mène de la Tour Eiffel à l’entrée du tunnel du Mont-Blanc est une formalité qui permet de brosser à grands traits le portrait de la Stelvio : confortable, rapide, ronronnante, elle répond à la définition convenue de la grande routière idéale. Dans le silence et le consensus, mais sans caractère tranché. Le V6 Turbo ne hausse le ton que si l’on accélère violemment ou si l’on rétrograde manuellement. Heureusement que les barrières de péage lui offrent l’occasion de se manifester.
L’ambiance à bord est typique des SUV, avec la position de conduite surélevée qui plaît aux acheteurs de ce type de carrosserie, avec un habitacle cocon un peu encombré, souffrant d’une visibilité médiocre vers l’arrière, se contentant de places arrière mesurées, mais offrant un volume impressionnant pour le chargement des bagages. Bref on serait beaucoup plus à l’aise dans une Giulia. Le style intérieur joue la carte de la sobriété dans une tonalité générale sombre mariant les matériaux nobles : cuir, Alcantara et carbone.
Sur une planche de bord au dessin chargé, l’écran est bien intégré mais il manque de surface. On distingue quand même les noms les plus évocateurs qui se succèdent sur notre itinéraire : Turin, la capitale historique de l’industrie italienne avec la mythique usine du Lingotto surmontée d’une piste qui a impressionné Le Corbusier lui-même, Monza, haut-lieu du sport depuis 1922, Balocco où se trouve la piste d’essais d’Alfa Romeo, ou encore Brescia, d’où sont parties et arrivées toutes les éditions des Mille Miglia de 1927 à 1957. Sans parler du triangle d’or dont les sommets passent par Modène, patrie de Pagani et Maserati, Sant’Agata Bolognese où naissent les Lamborghini, et Maranello siège historique de Ferrari.
Entre Bologne et Florence se dressent les Apennins. On se dit que malgré l’emploi intensif d’alliages légers et de matériaux composites, la Stelvio n’est pas taillée pour les routes de montagne vu son poids respectable et son centre de gravité trop haut.
Les premières sinuosités ne tardent pas à le confirmer, à mettre en évidence le roulis, à montrer une certaine paresse à entrer dans les virages serrés malgré la direction directe. Heureusement, les sièges très bien dessinés maintiennent efficacement le conducteur qui n’est pas trop balloté sur les routes de montagne.
À travers les forêts qui conduisent vers l’incroyable village de San Giminiano, hérissé de tours médiévales, on se prend au jeu. Il est temps de quitter le mode automatique de la boîte pour jouer avec les palettes, goûter les claquements de l’échappement à la décélération, savourer la réactivité de la transmission, la rapidité de passage de l’excellente boîte ZF à huit rapports…
Mais ça ne suffit pas pour que la Quadrifoglio se révèle pleinement. Sa botte secrète, c’est le passage en mode « Dynamic » de la gestion électronique. La Stelvio se métamorphose alors. Sa direction acquiert plus de mordant, sa suspension active se raffermit, son freinage devient plus incisif, sa boîte encore plus réactive, sa motricité est optimisée. Les 510 ch assortis d’un couple phénoménal s’expriment sans complexe. On oublie la masse de la machine…
La Stelvio Quadrifoglio montre son vrai visage : celui d’un SUV de grand tourisme. Sans même opter pour le mode Race qui permet aux pilotes les plus téméraires de se débarrasser de toutes les aides bienveillantes. Pour le commun des mortels, la liste des protections sécurisantes comprend un avertisseur de collision, un système de freinage d’urgence, des alertes de franchissement de lignes, de surveillance des angles morts…
Après une longue liaison par autoroute entre Pise et San Remo, on s’impatiente de retrouver un terrain de jeu digne de la Stelvio Quadrifoglio. Elle montre à nouveau ses aptitudes dans la vallée de la Nervia, sur les grandes courbes qui grimpent vers Pigna, une délicieuse bourgade accrochée à la montagne, sereine, préservée des touristes qui grouillent à moins d’une heure de là sur la Riviera. À l’heure de la sieste (sauf pour les photographes et les cadreurs qui ne veulent pas rater un effet de lumière), Pigna somnole dans un dédale de ruelles et de venelles secrètes et ombragées, tracées au Moyen-Âge.
C’est la dernière étape italienne avant de mettre le cap vers la Tour Eiffel. Sur l’autoroute, la Stelvio Quadrifoglio Q4 retrouvera son élégante discrétion, sans bruit et sans vagues. Au hasard des différents reliefs, elle a révélé un charme incontestable qui tient à sa double personnalité : consensuelle si on ne la prend que pour une grande routière lambda, elle ne demande qu’à être bousculée pour exprimer son véritable caractère, celui d’une iconoclaste.
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