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Sécurité routière : le bilan routier est bon, c’est la rue qui tue

Dans Pratique / Sécurité

André Lecondé

Les derniers chiffres sur la sécurité routière récemment tombés ont donné lieu à une succession de réflexes pavloviens affligeants. La canicule n’y est pour rien mais le délire collectif pour beaucoup tandis qu’à la veille des transhumances estivales, c’est l’opportunité rêvée de préparer les esprits à la fiscalité routière qui s’élargit du péage autoroutier scandaleux à la hausse des carburants opportuniste, sans oublier, bien sûr la répression. Autant de démarches qui ne sauveront aucune vie. Car l’hallucination générale a occulté le vrai état des lieux livré pourtant par les chiffres : le bilan routier est bon. C’est la rue qui tue.

Sécurité routière : le bilan routier est bon, c’est la rue qui tue

Haro sur l’automobiliste ! Une bête féroce assoiffée de sang, irresponsable, affublé d’un outil polluant. Si on ne peut l’occire, affaiblissons-le en le délestant de ses attributs économiques jusqu’à le rendre exsangue. Les chiffres de la sécurité routière sont là pour nous alerter sur l’urgence de la situation. Les morts jonchent les routes et les cadavres ne cessent de se multiplier au fur et à mesure que les années s’écoulent.

Vraiment ? Les chiffres avouent pourtant une quasi-stabilité de la mortalité routière par rapport à 2015. Celle-ci est même en baisse si l'on tient compte du trafic, et du nombre de véhicules par kilomètre parcouru, qui s'intensifie depuis 2014. Les mêmes statistiques signalent une baisse des tués chez les automobilistes, une stabilité des morts chez les motocyclistes. Calculée sur 12 mois glissants, la mortalité des automobilistes est légèrement en baisse par rapport à la situation d'il y a un an. Mais alors, d’où vient le problème ?

Ce problème monte en puissance depuis quelque temps. Parce qu’il est aussi teinté de vert écologie et qu’il est comme devenu une sorte de revendication motivant des prises de risques aux airs identitaires. Il y a même des vidéos sur la toile là-dessus. Ceux-là sont les cyclistes : 13 tués de plus depuis 2015. Viennent ensuite les piétons, véritables chairs à canon : +91 morts par rapport à la même année 2015. Sur 12 mois, on regrette + 14 % de piétons tués et + 22 % de cyclistes qui ne reprendront plus jamais un vélo. Qui a vraiment insisté sur ces deux faits majeurs du bilan de la sécurité routière ? Pas grand monde.

Oui, la route est plus sûre aujourd’hui que la rue. Le cycliste déboule de n’importe où avec sa certitude d’être dans le sens de l’histoire, de prendre une revanche sur on ne sait quoi, fonce sur les trottoirs au mépris des piétons particulièrement exposés dans tous les cas. Ce dernier aime à traverser à sa guise et quand tout ce beau monde s’affuble d’écouteurs et de téléphone portable, c’est une version du trottoir et du carrefour de la roulette russe qui nous est joué.

L’automobiliste dans tout ça ? Qu’il relise la loi Badinter : il sera toujours responsable en cas d’accident. Pour le reste, on lui fera payer les errements des autres qui gonflent la macabre comptabilité. Payer au sens propre, comme au figuré.

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