Ryan Reynolds, l’ami américain d’Alpine
Qu’est-ce que le comédien de Deadpool vient faire dans le capital d’Alpine ? Il va peut-être y trouver fortune si la petite marque française réussit son voyage en Amérique. Mais assurément, Alpine, quant à lui, va y trouver un bénéfice, quelque soit l’issue de l’aventure. Décryptage.
On avait raillé, à juste titre, la nomination de Zinedine Zidane en tant qu’ambassadeur d’Alpine il y a quelques mois. Non pas que le dieu vivant du foot français donne une mauvaise image à une marque nationale, mais cette annonce arrivait pile-poil au moment ou le constructeur dieppois annonçait son intention de débarquer aux États-Unis. Or, Zizou est aussi connu au pays du foot américain que Lebron James l’est chez nous. C’est-à-dire avec une notoriété qui ne dépasse pas les fans de basket.
Sauf qu’hier, Luca de Meo, directeur général du groupe Renault et Laurent Rossi, patron d’Alpine, ont tiré un autre nom de leur chapeau au moment de leur grande messe consacrée à l'avenir de la marque. Ou plutôt, ils ont évoqué le nom de trois sociétés d’investissement qui vont détenir 24% du capital. Parmi l’un de ces investisseurs, on retrouve un homme bien connu aux US puisqu’il s'agit de Ryan Reynolds, beau gosse de service, ex-mari de Scarlett Johansson, ex-boy-friend de Charlize Theron, actuel compagnon de Blake Lively, et accessoirement comédien. Deadpool, le super-héros Marvel, c’est lui.
Mais qu’est-ce que le comédien américain peut bien trouver d’intéressant dans le port de Dieppe ? En fait, Reynolds n’est pas qu’une star de Hollywood, c’est aussi un adepte du fast-vertising, en clair et en français, du « rapide publicitaire ». cette forme moderne de capital risk consiste à investir dans des entreprises qui battent de l’aile, ou qui sont en devenir, puis de les promouvoir grâce à sa notoriété, et d’en récolter les fruits, une fois que les boites ou il a investi cartonnent.
Il transforme le gin et le foot en dollars
C’est ainsi que Deadpool, le mercenaire aux superpouvoirs, a investi dans Aviation American Gin, une petite distillerie sur le déclin. Quelques pubs mettant en scène le comédien plus tard, et il a revendu la boîte dix millions de dollars, en triplant sa mise. Même régime lorsqu’il a racheté le club gallois de foot de Wrexham qui se traînait en cinquième division. Associé à un autre comédien américain, Rob McElhenney, il ne va pas se contenter d’une simple publicité, mais il produit une série documentaire pour Netflix. L’histoire en est toute simple : celle d’un américain qui achète un club de foot anglais dans une ville ouvrière du Nord du Pays de Galles et qui ne connait rien au foot. Le carton était prévisible : les sponsors ont afflué, le club a pu s’offrir des joueurs de haut niveau et il change de division.
C’est donc une fois encore avec sa méthode de fast-vertising que Reynolds entend doper les ventes d’Alpine qui va en avoir bien besoin puisque la marque est totalement inconnue aux États-Unis, et qu’elle compte bien sur l’Oncle Sam pour atteindre les 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, l’objectif fixé par de Meo pour 2030. Et pour se faire connaître là-bas, Alpine (et Reynolds) comptent bien sur la Formule 1, discipline dans laquelle le constructeur se classe actuellement en cinquième position au championnat du monde.
C’est qu’au pays de la Nascar, la F1 commence à avoir une sacrée notoriété. Non seulement, elle a droit à deux grands prix dans le pays (à Austin le 22 octobre et à Las Vegas le 18 novembre), mais la série Netflix Formula 1 : Pilotes de leur destin lui a donné un bon coup de projecteur. En y ajoutant le film pour Apple TV que Brad Pitt est en train de tourner, et ou il interprète le rôle d’un pilote vieillissant, on obtient le cocktail nécessaire pour justifier la présence d’Alpine et de sa nouvelle égérie qui ne manquera pas d’arpenter les paddocks et les écrans télé avec sa nouvelle écurie.
Évidemment, les motivations de Ryan Reynolds ne sont pas vraiment sportives, mais très financières et il compte bien doubler sa mise dans quelques années en investissant dans Alpine. Un bénéfice risqué pour lui, alors qu’à l’inverse, pour la marque, il s’agit d’une excellente opération quoi qu’il advienne. Elle tient là un ambassadeur américain connu de tous qui, au travers de la F1 va faire connaître sa marque dans le pays, mais qui, en plus ne lui coûtera rien si elle échoue, et qui ne représentera qu'un manque à gagner au moment ou il faudra lui verser des dividendes, au cas où Alpine devient rentable. Il y a pire punition.
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