Route de nuit - Un record d’enchères et un sacré coup de pub
Comment faire sa pub en gagnant de l’argent ? En vendant une voiture de collection dont l’argent servira à une bonne œuvre. C’est ce qu’a réussi Mercedes en se séparant de l’une de de ses deux 300 SLR Uhlenhaut, pour 135 millions d’euros le 5 mai dernier…
Tout le monde y gagne. D’abord Mercedes, qui engrange une somme énorme pour une voiture certes exceptionnelle, la 300 SLR Uhlenhaut mais qui n’en méritait peut-être pas tant.
Il est vrai que depuis des années, de riches collectionneurs cherchaient à s’offrir celle qui était surnommée dans leur petit milieu « la voiture qui ne sera jamais vendue ».
Ce montant de 135 millions d’euros est le plus élevé jamais enregistré pour une auto aux enchères, et se situe dans le top 10 des objets les plus chers passés sous le marteau. Une somme qui servira à alimenter une bonne œuvre, en l’occurrence un « fonds Mercedes-Benz international pour des bourses et formations de recherche pour les jeunes en matière de science de l'environnement et de décarbonation ».
Le constructeur allemand fait coup double : il montre qu’il se soucie de la lutte contre le CO2 d’un côté, et de l’autre rappelle à quel point ses productions peuvent être exceptionnelles.
Pas inutile quand certaines utilisent encore des moteurs Renault (tout à fait estimables par ailleurs). Mercedes montre à quel point une marque peut valoriser son patrimoine, ce que les françaises ont encore bien du mal à comprendre…
La 300 SLR a été mise aux enchères par la maison canadienne RM Sotheby’s, habituée à commercialiser des autos de très, très haut de gamme, détenant déjà le précédent record en vente publique.
Elle a en effet attribué une Ferrari 250 GTO en 2018 pour quelque 48,4 millions de dollars. Ce faisant, elle engrange une jolie et logique commission, tout en renforçant sa position sur le marché envié des autos d’ultra haut de gamme.
La compétition est rude, face à Gooding & Co, Bonhams ou encore Artcurial, trois établissements habitués aux records du monde qui auraient certainement rêvé de vendre la Mercedes.
C’est un milliardaire britannique qui se l’est offerte, en passant par le très réputé spécialiste Simon Kidston. En ces temps de crise économique et d’inflation galopante, le recours à l’automobile en tant que placement est loin d’être une mauvaise idée (on se rappellera que l’effondrement de 2008 a largement contribué à la hausse des prix des autos de collection). Surtout s’agissant d’un modèle aussi disputé que cette 300 SLR.
En effet, c’est une valeur refuge : il est pratiquement sûr qu’elle ne se dépréciera pas, contrairement à des actions par exemple, ce serait plutôt l’inverse ! Si l’acheteur parvient à déduire une partie du prix d’achat de ses impôts, vu que la somme récoltée par le constructeur servira à une bonne action, il sera doublement gagnant.
Cette Mercedes va-t-elle influer sur la valeur des anciennes en général ? Certainement pas, elle est beaucoup trop peu représentative de ce qu’on trouve sur le marché pour ça. Va-t-elle inciter les collectionneurs à augmenter leur pression pour s’offrir des voitures-placement, comme l’une des Bugatti Royale du Musée National de l’Automobile ?
Pourquoi pas, mais comme elles sont classées Monument historique, leur éventuelle cession serait complexe. Mais pas impossible. Après tout, récolter quelques centaines de millions d’euros en vendant une poignée de vieux engins de plus en plus mal vus en ces temps d’obsession écologique, quel gouvernement y resterait insensible ?
Photos ©RM Sotheby’s
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