Route de nuit - Jamais Contente : la quête de la vitesse maximale

Avant de battre des records de vitesse, il fallait qu’un premier chiffre soit enregistré. C’est chose faite en décembre 1898 quand le comte Gaston de Chasseloup-Laubat atteint 64 km/h dans le cadre d’un concours organisé à Achères par le magazine La France Automobile.

Puis, Camille Jenatzy destitua son rival en dépassant 66 km/h. Le 17 janvier, Chasseloup-Laubat reprend son bien à plus de 70 km/h. La rivalité des deux hommes ne faiblit pas : Jenatzy reprend le flambeau avec 80,35 km/h. Le 4 mars 1899, Chasseloup-Laubat roule à 92,307 km/h avec sa monoplace électrique. Cette voiture construite par Jeantaud possède un moteur de 36 chevaux et pèse 1 450 kg. La carrosserie est un fuselage étroit avec une proue aiguisée. Camille Jenatzy aura le dernier mot en avril en dépassant les 100 km/h. À travers leurs exploits, les deux pilotes démontrent les atouts de l’énergie électrique.

Les deux hommes pilotent des monoplaces électriques : la Jamais Contente a été réalisée par Compagnie Internationale des Transports Automobiles et carrossée par Rothschild tandis que la voiture de Chasseloup-Laubat, animée par moteur de 36 ch, a été a été construite par Jeantaud. En 1902, une voiture à vapeur s’accaparera le record pour seulement deux ans… après quoi le pétrole s’en emparera définitivement.

Cette quête un peu dérisoire de la vitesse maximale est racontée à grands renforts de dialogues dans le roman de Jérôme Hallier, « Le mécano de la Jamais Contente », publié chez Flammarion. À peine romancée, l’aventure de ce pilote nous plonge dans une période où les contours de l’automobile se dessinent. Sur fond de décor, l’Art Nouveau, l’automobile prend forme, sous toutes ses formes, du sport à l’industrialisation.

Une excellente idée car ce contexte historique est généralement oublié. L’auteur sait nous promener à travers cette époque où tout est permis, rien n’est figé, où les différentes sources d’énergie - pétrole, électricité et vapeur - se livrent une compétition acharnée avant que la postérité n’ait tranché entre les trois options.

Le romancier nous fait vivre cette époque épique et nous fait découvrir les pionniers de la motorisation électrique, avec des partisans convaincus comme Charles Jeantaud qui réalisa sa première voiture électrique en 1894.