Route de nuit - Il y a 50 ans, la folie hyperréaliste
Il y a cinquante ans, quelles étaient les relations entre l’art et l’automobile ? Les peintres hyperréalistes apportent une réponse hélas pathétique en montrant la banalité omniprésence de la société de consommation.
Rarement comme pendant les années 1970 l’automobile a été aussi présente dans la réflexion des artistes. Attaquée de toutes parts, l’industrie automobile subit une remise en question profonde. L’euphorie des Trente Glorieuses passe le relais à une crise de conscience. L’art en rend compte
Depuis plusieurs années déjà, le Pop art fait irruption sur la scène culturelle anglo-américaine, portant avec lui le rejet de l'abstraction et le retour à un art figuratif.
Pourtant sous cette étiquette fourre-tout, seul l’usage d’images issues du quotidien semble pouvoir offrir un lien à cette floraison spontanée de personnalités disparates. Objets industriels, slogans publicitaires, coupures de presse, bandes dessinées, portraits de stars… vont constituer l’alphabet pictural d'une nouvelle génération d'artistes.
Décrochage du Pop Art, le mouvement hyperréaliste décrit la banalité quotidienne. Réalisées à partir de diapositives, les peintures de Don Eddy, Richard Estes, et plus tard Robert Bechtle, confinent au vérisme absolu.
Parvenu à maturité, l'hyperréalisme retient du Pop art sa thématique urbaine mais emprunte au cinéma son vocabulaire et ses cadrages. Ses représentants, s'ils affirment la supériorité mécanique de la photographie sur l'œil, souhaitent pourtant à travers leur acte pictural et leurs images si lisses, conforter auprès du public la reconnaissance de l’incroyable maîtrise de leur geste.
L’académisme dissout le geste de l’artiste. Le réalisme photographique sème le trouble. Après plus d’un demi-siècle d’abstraction, le public croit enfin comprendre ce que l’artiste lui montre. Il se trompe. Le spectateur ne se reconnaît pas dans le miroir. Il ne réalise pas qu’il a sous les yeux la vision terrifiante d’une société américaine passée au crible, lissée par l’aérographe et figée par l’acrylique.
L’hyperréalisme s’attarde dans les milieux urbains ou suburbains, rôde dans les parkings, éclaire de néons les banlieues glauques. Abandonnée derrière une grille ou réfléchie dans une vitrine, la voiture n’est plus que l’encombrante et vulgaire image d’une société de consommation qui produit les outils de sa propre perte.
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