Route de nuit - Françoise Sagan, la femme accélérée
Pendant l’été, la Route de Nuit reste la route de la culture. Caradisiac vous invite à redécouvrir les personnalités du monde des arts, de l’architecture, du cinéma, de la littérature, qui ont intégré l’automobile dans leur art.
Françoise Sagan manifeste une vraie passion pour la conduite des voitures rapides. On ne compte pas les pur-sang que la romancière a possédés : elle file sur la route en Jaguar XK 140, sort de la route en Aston-Martin DB 2/4… Elle accepte aussi de faire la promotion de la Grégoire Sport dont cinq exemplaires furent fabriqués, cinq cabriolets et un unique coupé avec lequel elle se montre.
La légende raconte que Françoise Sagan conduit les pieds nus (1) pour mieux sentir le contact charnel avec la puissance et la machine.
Elle aime la vitesse et elle le raconte dans Avec mon meilleur souvenir (Gallimard, 1985) : « Qui […] n’a pas amarré son pied à un accélérateur à la fois trop sensible et trop poussif, […] la main droite allant flatter le levier de vitesses, la main gauche refermée sur le volant, […] n’a jamais aimé la vie – ou peut-être jamais aimé personne ». L’auteur de Bonjour tristesse décrit avec acuité cette frontière obscure sur laquelle le plaisir flirte avec la mort.
Le frère de Françoise Sagan, Jacques Quoirez, auteur et scénariste, est aussi un amateur de belles automobiles. Il le prouva en achetant la Lamborghini Flying Star II, ultime exercice de style réalisé par la Carrozzeria Touring en 1967. C’est une merveille d’élégance. Les flancs sont lisses et la ceinture de caisse se résume à un pan coupé, arc-bouté sur toute la longueur. L’arrière est traité comme celui d’un break avec un hayon.
L’auteur de ces lignes magnifiques est le discret Federico Formenti (1925-1995) à qui l’on doit la quasi-totalité des carrosseries dessinées sous la direction de Carlo Felice Bianchi Anderloni chez Touring depuis 1946.
(1) en réalité, c'est un journaliste de Paris Match qui avait créé cette histoire après l'avoir observée de loin un jour au début des années 60, à Saint Tropez, alors qu'elle était assise dans sa voiture en train d'enlever le sable coincé entre ses doigts de pieds. Celui-ci lui avait appris des années plus tard l'origine de cette invention, et Françoise Sagan avait eu cette réaction: "Bravo! Des années d'immortalité pour cette trouvaille qui me poursuit !" (source: interview à Paris Match du fils de Françoise Sagan, publiée en septembre 2014)
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