Route de nuit - Baby Driver : l'enfance de l'art (cinématographique)
Le long métrage d'Edgar Wright, sorti en salle en 2017 et disponible actuellement sur Netflix, cache derrière son scénario bateau un film parfaitement maîtrisé, des personnages bien traités et des comédiens époustouflants, en plus de ses courses-poursuites réjouissantes. Quatre bonnes raisons pour que tous ceux qui ont raté baby Driver au cinéma s'offrent une séance de rattrapage.
En regardant l'affiche, et en lisant le synopsis du film diffusé en ce moment sur Netflix, on n'a pas franchement envie de passer 1 h 53 devant Baby Driver. L'histoire ? Un jeune conducteur surdoué, et encombré d'un traumatisme d'enfance, met son coup de volant au service d'une bande de malfrats qu'il évacue en voiture une fois leurs braquages achevés.
Le pilote en herbe tombe évidemment amoureux d'une jolie serveuse et se fourre, bien entendu, dans un guêpier inextricable. Une histoire éculée, qui fait songer à Drive, de Nicholas Winding Refn avec Ryan Gosling. Mais, malgré cet enfilage de clichés on aurait pourtant tort de zapper le film d'Edgar Wright.
Un scénario usé, mais une maîtrise avérée
Car le talent du réalisateur est semblable à celui de ce jeune pilote à gueule d'ange prépubère. Baby (c'est le prénom qu'il s'est donné) est mutique. Son truc, c'est la musique, qu'il écoute à plein tube avec ses écouteurs vissés aux oreilles. Et il conduit évidemment en musique.
Baby, c'est Ansel Elgort, un jeune chanteur, DJ et comédien américain qui n'a pas encore eu les grands rôles dans les grands chefs-d’œuvre qu'il mérite et qu'il ne devrait pas tarder à décrocher. Son jeu hiératique, son incarnation du jeune héros d'un calme olympien dans un monde de furie et de rock'n'roll, lui a d'ailleurs valu une nomination aux Golden Globes 2018.
Le talent d'Adam Elgort est au service d'un script soigné et signé du réalisateur qui n'est pas tombé dans le piège des habituels films d'action et de commande qui déploient toute leur énergie (et leurs moyens) dans des cascades plus ou moins vraisemblables, en délaissant au passage leurs personnages.
Viserait-on la multitude de réalisateurs de la franchise Fast and Furious ? À peine. Edgar Wright quant à lui ne néglige ni ses scènes d'actions, avec une Subaru Impreza STI, une Dodge Challenger R/T ou un pick-up Chevrolet Avalanche, ni ses personnages principaux.
Mais la grande force d'Edgar Wright, en plus de la maîtrise de son récit, tient dans son souci des seconds rôles, comme celui du chef des malfrats, incarné par un Kevin Spacey encore plus retors que dans House of Cards, ou Jamie Foxx, tout en brutalité.
Mention spéciale à Jon Hamm, qui incarne un ex-tradeur frappadingue devenu braqueur. Ce cocktail, servi par une BO éclectique qui va de T-Rex aux Beach Boys en passant par The John Spencer Blues Explosion devrait encourager tous ceux qui, au moment de sa sortie en salle, ont négligé ce film qui, sur le papier, était négligeable. Un film que, devant sa télé, on aurait tort de sous-estimer.
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