Reportage, transformer son cross en supermotard: faites de bons choix
La mutation d'un cross en supermotard capable de s'aligner sur une grille de départ demande quelque peu d'attention : un zeste de précaution, une pincée de savoir-faire et quelques gouttes de sueur mais, avant tout ça, il est nécessaire de bien choisir sa base de travail…
Sans idée particulière nous partons donc à la quête d'une machine d'occasion. Honda, Kawasaki, Yamaha, Suzuki, KTM, Husqvarna, TM, le choix ne manque pas, mais en y regardant de plus près l'étendue des possibilités fond comme neige au soleil, imposant de mettre sa crédulité au placard !
DE L'ATTENTION
Machine sans pédigrée et/ou (dans ce « sport » on peut cumuler sans difficulté) à l'entretien improuvable, prix hallucinant, poubelle roulante (et encore…), pièces manquantes… bref comme on dit il y a à boire et à manger. Pourtant le net ne manque pas de sites de machines d'occasion. Au final nous trouvons notre bonheur et croyez-moi non sans mal.
Après quelques coups de fils, un échange de photos et une infime négociation tarifaire c'est donc sur un Suzuki RMZ 450 que nous jetons notre dévolu. Certes les plastiques ne sont pas neufs mais l'entretien ainsi qu'une vérification complète ont été réalisés si l'on en croit le professionnel spécialiste TT qui l'a mis en vente, garantissant même la japonaise sur 6 mois. Affaire conclue, nous repartons avec un RMZ 450 2011 pour 3900 euros.
Ce n'est pas pour autant que nous prenons les dires du vendeur pour argent comptant et préférons donc vérifier par nous-même et survoler le moteur avec un jeu aux soupapes, une bonne vidange et un changement des filtres… et nous avons bien fait vu le serrage herculéen des différentes vis dont celle de vidange! Etonnant pour un professionnel... mais bon, l'enseigne grassoise doit avoir des mécanos élevés aux épinards. Là doit être l'explication...
FAITES VOS JEUX… RIEN NE VA PLUS… LES JEUX SONT FAITS
Il est indispensable pour avoir un berlingot qui fonctionne normalement qu'il y ait un certain jeu entre les soupapes et l'arbre à came.
En montant en température, les pièces du moteur se dilatent, nécessitant un certain jeu pour éviter de venir toucher le piston.
Pour le connaître référez-vous au guide de l'utilisateur de votre machine, tout y est référencé. C'est donc pour compenser ce phénomène de dilatation que l'on doit laisser du jeu entre le "godet" et la queue des soupapes via une pastille de réglage plus ou moins épaisse.
Si toutefois le jeu est trop important la moto aura des difficultés à démarrer (la soupape ne se ferme pas bien), offrira moins de puissance ou pire, aura droit à une usure prématurée des pièces en mouvement.
A l'opposé l'absence de jeu ou un jeu pas assez important provoquera un échauffement des soupapes, une perte en compression rendant difficile le démarrage.
Nous vérifions donc ces mesures à l'admission et à l'échappement grâce à un jeu de cales graduées d'épaisseur différentes.
S'en suivra une vidange complète du bloc avec changement de filtres (air et huile). Nous opterons pour une huile estampillée Silkolene à la qualité irréprochable !!
Certes le prix n'est pas donné mais la qualité du produit est hautement à sa mesure avec à la clef une lubrification haut de gamme… et croyez-moi, votre moteur vous en sera reconnaissant…
Pour ne pas louper une vidange et autre entretien nous imposons à la Suzuki un compteur d'heure estampillé GET (chez Bihr-Racing) étanche et présenté comme résistant aux chocs.
Sans avoir besoin de connexion il nous permettra de connaitre à 10 minutes près le temps de roulage. Une tranquillité d'esprit qui vous coûtera tout de même 59 unités !!
TECHNIQUE INSIDE
Partant d'un modèle cross, le travail des suspensions et les nouvelles contraintes qu'elles auront à gérer n'auront plus grand chose à voir avec leur boulot précédent.
Passons à la phase démontage des éléments d'origine pour un envoi dans les locaux FRD... Un travail en profondeur s'impose donc et c'est tout naturellement que nous allons chez FRD spécialisé en la matière et il faut bien l'avouer, Sylvain, le supermotard, ça le connaît …
Préparateur en suspension ne s'improvise pas et nécessite une multitude d'essais et de réglages pour peaufiner tout ça et proposer au client une solution finale aboutie.
Nous comprendrons donc aisément que les détails du travail ici effectué ne soient pas dévoilés mais ne jouons pas pour autant les Mata Hari de la suspension.
Après avoir rabaisser la fourche pour donner un maximum d'appui sur la roue avant et gagner ainsi en adhérence, Sylvain va jouer tour à tour sur une multitude de points afin de trouver la meilleure recette possible, car le supermotard c'est avant tout une histoire de compromis… Durcissement de la partie avant tant en compression qu'en détente afin que la moto évite de louvoyer en courbe, qu'elle sache se tenir au freinage sans se prendre pour un yo-yo mais aussi éviter qu'elle ne se prenne pour un basketteur ricain et parte en dribbling lors du lâcher de frein.
A l'arrière la fermeté sera aussi de mise avec un travail principal qui aura pour but de limiter le dandinement « gauche/ droite » en phase d'accélération (budget: 320 euros + frais de port).
Voilà qui paraît simple…mais c'est loin d'être le cas avec un vrai travail interne qui demande une bonne dose de savoir-faire pour un résultat au rendez-vous, mais nous y reviendrons dans les semaines à venir avec un test grandeur nature sur différents tracés.
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