Renault va-t-il retrouver son Mojo?
Et si la Renaulution commençait à porter ses fruits ? Un peu plus de deux ans après l’arrivée de Luca de Meo aux commandes de Renault, l’entreprise, certes encore fragile, multiplie les signaux positifs.
C’est une victoire à la portée symbolique, mais une jolie victoire tout de même : ce dimanche, l’exubérante Renault R5 Turbo 3E a remporté le Prix du public au concours d’Elégance « Art & Elégance Richard Mille » organisé dans le cadre somptueux cadre du parc du Château de Chantilly. Pur exercice de style, ce show-car s’inscrit dans le cadre du cinquantième anniversaire de la Renault 5 et prépare le terrain à la future R5 électrique, qui remplacera la Zoé à l’horizon 2024.
Pour le losange, il s’agit d’une satisfaction supplémentaire en cette année 2022 chahutée, marquée notamment par un retrait du marché russe qui a engendré une perte nette de 1,35 milliard d’euros, ainsi que par une pénurie de semi-conducteurs qui ralentit les ventes…mais présente l’avantage pour la marque de sortir de la politique de rabais mortifère pour le chiffre d’affaire et les bénéfices.
Or, quand il avait lancé sa « Renaulution », Luca de Meo avait bien insisté sur son intention de vendre des voitures plus cher, quitte à rogner sur les volumes. L’industriel est clair sur ce point: « A une époque, nous fabriquions 3,5 millions de voitures ; aujourd’hui, c’est plutôt 2,5 millions, mais nous gagnons plus d’argent », déclarait-il récemment dans une interview à Investir.
La marge opérationnelle du groupe s’est ainsi établie à 4,7% au premier semestre, après 3,6% en 2021, valeur que le groupe ne prévoyait initialement d’atteindre qu’au terme de l’exercice 2023. La tendance est bonne et permet de corriger les perspectives à la hausse pour l’exercice 2022 (5% attendus).
Montée en gamme, descente en grammes
En clair, l’ADN de Renault consiste désormais à vendre moins de Twingo - la citadine est appelée à disparaître du catalogue - et plus d’Arkana, un SUV-Coupé aux ventes florissantes (plus de 100 000 unités écoulées depuis son lancement au printemps 2021) dont 85% des commandes concernent des finitions haut de gamme, plus rémunératrices.
Avec ces deux modèles électriques et électrifiés, auxquels s’ajoutera prochainement l’Austral, Renault sera bien positionné sur le segment C qui devrait représenter 45% des ventes du Losange à l’horizon 2025. « Quand je dis que je veux vendre des Renault à un prix moyen à 26-27 000 € ça choque tout le monde », avant lancé de Meo lors d’un point presse auquel Caradisiac avait participé en janvier 2021. Vingt mois plus tard, le pari semble en voie d’être gagné.
Dacia plein gaz
Les autres marques du groupe se portent bien. Dacia ? La Sandero est la voiture la plus vendue aux particuliers en Europe depuis plusieurs années, tandis que le Jogger démarre sa carrière en trombe avec 50 000 exemplaires écoulés en Europe, dont 60% en finition haute. Enfin, la Spring est la voiture électrique la plus vendue aux particuliers en France. Même si cette dernière n’est pas un modèle très rentable pour le groupe du fait de prix bas, sa réussite doit être saluée.
Alpine va quant à lui monter en gamme avec des versions plus épicées encore de l’A110, qui a vu ses commandes doubler au premier semestre. « La berlinette va durer au moins jusqu’en 2024. Alpine se vend à travers moins de 100 concessionnaires France, et moi j’ai bien envie d’ouvrir les canaux de distribution pour en vendre plus. On va « faire du cycle de vie » comme Porsche le fait avec la 911, on va inventer des choses… », déclarait l’an dernier Luca de Meo. La marque s'orientera par la suite vers l’électrique, avec notamment un SUV à vocation sportive : là encore, un gisement probable de jolis bénéfices.
Côté business, le groupe devrait aussi trouver des liquidités qui lui font encore largement défaut en scindant ses activités thermiques et électriques. Les premières passeraient sous le contrôle d’un consortium liant Renault (à hauteur de 40%) au chinois Geely (40% aussi) et probablement au saoudien Aramco, qui hériterait des 20% restants .
Une façon pour le groupe de s’alléger progressivement du « fardeau » d’une technologie qui sera bientôt réservée aux pays ne figurant pas parmi les plus prospères. Plus d’informations sont attendues à l’occasion durant l’automne, à l’occasion de Capital Market Day qui permettra de faire le point sur les avancées de la Renaulution.
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