Renault remet en question son association avec Peugeot pour la fabrication des batteries
Quelques jours après la présentation du plan stratégique du groupe Renault, Luca de Meo, le nouveau directeur général, a dévoilé que la marque souhaitait construire une usine de batteries dans le nord de la France, pour alimenter l'usine de Douai qui sera dédiée aux voitures électriques. Mais cela pourrait se faire sans Stellantis (alliance PSA-Fiat), contrairement à ce qui avait été annoncé au printemps dernier.
Il est bien loin le mois de mai dernier où Renault s'était engagé à entrer au capital d'ACC, la coentreprise formée par PSA et Saft pour la fabrication de batteries voulue par le Président Macron et couramment dénommée l'Airbus des batteries. Car Luca De Meo, le directeur général, a récemment indiqué que des discussions étaient ouvertes avec plusieurs partenaires potentiels, et que des réponses plus précises seraient apportées dans quelques semaines. Des propos appuyés par Jean-Dominique Senard, le Président de Renault, lors d'une interview à BFM Business au cours de laquelle il a reconnu à demi-mot qu'ACC ne figurait pas parmi les partenaires potentiels. "J'ai toujours dit qu'on pouvait y être. Mais la condition importante, c'est que nous soyons traités à parité avec les parties actuelles. En tant que président de Renault, je dois veiller à l'intérêt social de l'entreprise, c'est mon rôle".
Le sujet de l'électrique est un élément-clé de la politique mise en place par Luca De Meo, qui a annoncé que le site de Douai avait pour objectif de devenir " la plus grosse usine de production de véhicules électriques en Europe. Nous avons l'intention d'y fabriquer 400 000 voitures par an d'ici quelques années". Renault souhaite fabriquer dans l'Hexagone la version de la Mégane directement dérivée du concept Megane e-Vision dévoilé il y a quelques mois et surtout la future R5, qui devrait renaître en électrique. La firme au losange souhaite devenir la marque qui va démocratiser l'électrique avec des modèles à moins de 20 000 € sans prendre en compte les aides de l'Etat et pour cela, le coût des batteries est essentiel puisqu'il représente 30 à 40 % du prix d'un modèle électrique. Aujourd'hui, les batteries les moins chères sont fabriquées en Asie.
Renault traîne donc les pieds pour s'associer à Stellantis, l'un de ses rivaux les plus dangereux et ce, malgré les pressions gouvernementales. Pour rappel, en mai, l'État avait forcé Renault (dont l'État est actionnaire) à rejoindre PSA au capital d'ACC. L'objectif était de réduire les coûts de fonctionnement et de garantir plus de débouchés.
Bercy avait alors affirmé que la part de Renault au capital serait équivalente à celle de PSA, et que l'investissement serait formalisé d'ici la fin de l'été. Il n'en a rien été. Les discussions sont toujours en cours, mais il semblerait que les conditions proposées par ACC ne sont absolument pas acceptables pour Renault. Par conséquent, il se pourrait que le constructeur de Boulogne réfléchisse à la jouer en solo. D'après nos confrères des Echos, des discussions seraient en cours avec notamment LG, le fournisseur coréen du Losange, ou encore Verkor, la start-up tricolore soutenue par InnoEnergy et Schneider Electric.
Encore beaucoup d'incertitudes donc, mais une chose semble certaine: entre la nouvelle politique du groupe Renault révélée la semaine dernière et la naissance de Stellantis, la rivalité entre les deux marques françaises semble repartir de plus belle.
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