Quand une brave Opel devenait la berline la plus performante du monde
Préparée par Lotus, l’Opel Omega s’est muée en une fabuleuse machine de sport animée par un féroce 6-cylindres biturbo développant 377 ch. Ou comment défier une supercar confortablement installé dans une berline aux allures de taxi…

Présentée en 1986 et élue Voiture de l’année 1987, l’Opel Omega a initialement plus fait parler d’elle par son aérodynamique exceptionnelle (Cx de 0.28) qu’autre chose. Techniquement de bon niveau malgré un classicisme rassurant (propulsion, roues arrière indépendantes). Jouissant d’un bon rapport qualité/prix, elle remporte un joli succès même si elle n’a rien de bien fun.
Or, à l’époque, GM veut dynamiser l’image d’Opel, ainsi que de son pendant anglais, Vauhxall, qui a rebaptisé l’Omega en Carlton. Le groupe américain, en plus de ces blasons de grande série, possède aussi Lotus. Bon sang, mais c’est bien sûr : il n’y a qu’à demander au spécialiste d’Hethel, qui dispose d’un excellent bureau d’études, de préparer au maximum la grande berline conçue à Rüsselsheim. Et de régler leur compte à des engins tels que la BMW M5 ou la Lancia Thema 8.32, tous deux porteurs d’une forte image, ce que l’Omega 3000, limitée à 177 ch, ne peut absolument pas faire.

On relève le gant chez Lotus, en servant d’éléments connus. Comme par exemple, le différentiel à glissement limité issue de chez Holden, la filiale australienne de GM et la boîte à 6 rapports, également utilisée par la Corvette ZR-1, dont le moteur a été boosté… par Lotus. Justement, le moteur. Les ingénieurs anglais récupèrent le bloc en fonte allemand, le réalèsent à 3,6 l et surtout lui greffent deux turbos Garrett T25, un pour trois cylindres. Ils installent un vilebrequin et des pistons de leur cru, des doubles conduits d’admission et une injection Rochester couplée à deux catalyseurs.

Résultat de ce travail poussé, 377 ch et surtout un couple monstrueux de 569 Nm ! En 1990, quand apparait l’Omega Lotus, c’est bien plus que ce que propose une supercar telle que la Ferrari Testarossa. Mais ce n’est pas tout. Lotus a aussi entièrement revu la coque de l’Opel pour la rigidifier tout en rendant la répartition des masses moins prépondérante sur l’avant, adapté la suspension avant, installé un essieu arrière multibras et monté de gros freins AP Racing. La voiture reçoit aussi de larges appendices de carrosserie, ce qui dégrade le Cx, mais à 0.31, celui-ci demeure excellent.

Ainsi transformée, la brave Opel pointe à 284 km/h, passe les 100 km/h en 5,8 s et effectue le 1 000 m DA en 24,5 s. Il faut aller chercher des engins préparés par des spécialistes tels qu’Alpina (B10 biturbo) ou AMG (300 E 5.6) pour trouver de quoi inquiéter l’Omega. Si la première roule un peu plus vite que l’Opel/Vauxhall, cette dernière accélère plus fort ! Mieux encore, elle se montre, d’après les essais d’époque, facile à conduire et plutôt confortable. Hélas, elle coûte cher, très cher : 480 000 F, soit 130 000 € actuels.

Autant dire que les 1 100 unités prévues sous les deux blasons trouveront difficilement preneur. Surtout qu’en Angleterre, la Lotus Carlton est victime d’une campagne des tabloïds contre elle. Fin 1993, un exemplaire immatriculé 40RA est dérobé par un gang qui s’en sert pour des braquages. En effet, ils ont compris à quel point cette berline spacieuse, au grand coffre et aux performances difficilement égalables, constituait une arme absolue pour, même chargée au max de biens volés, semer la police. En tout, 950 Opel Omega/Vauxhall Carlton Lotus seront vendues jusqu’en 1994, dont 59 frappées du Blitz en France.

Aujourd’hui, cette folle familiale est très recherchée : comptez 90 000 € au bas mot pour un bel exemplaire… Il serait amusant que grâce à l’électricité, Opel, sous la férule de Stellantis, fourbisse un Grandland capable d’en remontrer à une Tesla Model S Plaid, forte de plus de 1 000 ch.

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