Quand Nissan ravivait la 4L avant Renault
A l’heure où Renault réinvente sa 4L, intéressons-nous à son ancien partenaire Nissan qui, dès 1987, avait à sa façon revisité le design de l’iconique bonne à tout faire française…

Quand, dans une lenteur pachydermique, Renault consent à revisiter son passé pourtant riche, Nissan a été très rapide à en raviver un qui n’était pas le sien. Cela a eu lieu dès 1985, à une époque le badge Nissan, encore très récent en dehors du Japon (on a plutôt dit Datsun jusqu’en 1983), quand apparaît le concept BE-1.
Dérivant de la Micra, il matérialise une idée novatrice, un design formellement moderne mais gorgé de références rétros, du néo-rétro en somme. On n’avait jamais vu ça ! Du moins, pas dans une forme aussi aboutie. Immédiatement perçu comme inspiré par la Mini, ce concept a suscité un enthousiasme tel qu’il a fallu tirer au sort les clients surabondants. Elle a été produite en série limitée (10 000 exemplaires) dès 1987.

La BE-1 fut la première de la série des Pike Cars. D'autre, en effet, ont suivi, notamment deux modèles révélés, eux aussi, en tant que concept là encore en 1987 : les Pao et S-Cargo. Cette fois, c’est en France qu’ont regardé les designers de la Pike Factory, une sorte d’usine à idées folles de Nissan, créée en 1983 et dirigée par le designer Naoki Sakaï.

Leur source ? La Renault 4 ! On retrouve son capot nervuré, son pare-brise plat, ses projecteurs ronds, ses feux arrière verticaux, son toit en toile, ses pare-chocs simplistes et son dépouillement général sur la géniale Pao.

Elle aussi basée sur la Micra, elle s’en tient à trois portes, à la différence de la R4, mais son succès est immédiat. Pour la commercialiser, Nissan n’ouvre ses carnets que durant trois mois début 1989, et annonce ne produire que les commandes prises sur cette durée. Résultat, ce sont 51 657 Pao qui seront fabriquées jusqu’en 1991.

Simultanément à cette resucée de Renault, la Pike Factory a élaboré la S-Cargo (comme escargot, en français), un utilitaire encore plus ouvertement inspiré d’une gloire hexagonale : la Citroën 2CV. Etablie à partir d’une Sunny, elle singe carrément le toit et le capot courbés, les portières, ou encore les phares détachés de la Citroën. 12 000 unités environ seront produites.

La dernière des Pikes Cars sera un petit coupé, mélangeant les influences des Panhard Junior et Vespa 400, la Figaro. Délicieusement exécutée, plus chic que ses devancières, elle est, contrairement à elles, proposée à l’étranger. Sur les quelque 20 000 exemplaires fabriqués à partir de 1991, 3 000 trouveront preneurs en Grande-Bretagne, ce qui permettra à quelques Français de se l’offrir.

La Pike Factory fermera ensuite, mais elle aura une belle influence sur des modèles de très grande série. Ainsi, les Micra arboreront-elles un look au léger goût vintage, de la K11 de 1992 à la K13 de 2012, en passant par la K11 de 2010. Ou quand néo-rétro aide à vendre des millions d’autos. Puis, tout s’est arrêté… Chez Renault, on retrouve un peu de la démarche Peak Factory en ce moment, avec les R5 et R4 électriques, qui seront suivies par une Twingo voire une Estafette.

On s’en réjouit tant ces modèles suscitent le coup de cœur, mais on se demande, pourquoi si tard ? En effet, on ne peut s’empêcher de penser à la craquante Fiftie, une 4CV néo-rétro dévoilée en 1996 et jamais produite…
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