Peugeot épinglé en Autriche par la justice pour position "dominante" avec ses concessionnaires
Des concessionnaires Peugeot ont poursuivi la maison mère en Autriche pour position dominante, notamment dans la politique des prix finaux. La marque va faire appel, mais elle doit désormais faire face au mécontentement des distributeurs.
En Autriche, Peugeot doit faire face à la colère d'une partie de ses concessionnaires. Et la cause est inédite : l'entrave de la "liberté commerciale". Peugeot est en effet soupçonné d'avoir imposé les tarifs finaux clients à ses concessionnaires, leur interdisant toute manoeuvre de remise et de négociation pour écouler les stocks de véhicules. Evidemment, il s'agit là d'un paramètre difficile à gérer pour les concessionnaires qui se plaignent par ailleurs d'avoir des objectifs "irréalistes" de ventes.
"Les marges de vente ont été réduites en raison d'objectifs de vente délibérément excessifs... Compte tenu de la part des ventes du groupe français de 68%, le concessionnaire est économiquement dépendant et Peugeot peut être classé comme dominant", a conclu le tribunal commercial de Vienne qui a donné raison à ces concessionnaires.
"Le rapport de force entre fabricants, importateurs et constructeurs automobiles s'est dégradé aux dépens des concessionnaires. Le tribunal a maintenant clarifié la situation", a commenté le directeur du comité de concessionnaires autrichiens. "Peugeot Autriche applique des restrictions unilatérales à la liberté de fixer les prix vis-à-vis des concessionnaires automobiles et oblige économiquement les concessionnaires à participer aux campagnes de prix du constructeur. Cela restreindrait de manière inadmissible la liberté de tarification pour les clients finaux", précise nos confrères du DerStandard qui citent l'avocat des concessionnaires, résumant bien la situation : "un concessionnaire n'est libre et indépendant que s'il peut fixer ses propres prix. Sinon, c'est un agent."
La relation concessionnaire-constructeur est compliquée
Ce cas n'est pas isolé dans la vente automobile. Les relations entre concessionnaires et constructeurs ne sont pas toujours bonnes. Si certaines marques ont une très bonne presse auprès de leurs distributeurs (en France, Suzuki, par exemple), dans d'autres cas, c'est "je t'aime, moi non plus". Les concessions et groupes doivent en effet répondre à des objectifs annuels qui leur permettent d'avoir des primes.
Mais c'est aussi un cercle vicieux avec des objectifs parfois trop ambitieux qui forcent les concessionnaires à écouler des véhicules à pertes pour remplir les cases dans les tableaux Excel et parvenir aux chiffres fixés par le constructeur. Les primes tombent, mais les rentabilités et les marges sur les ventes baissent.
La supposée entrave à la liberté commerciale de Peugeot en Autriche n'est pas unique. En Chine, BMW avait déjà dû faire face à la colère de ses concessionnaires qui réclamaient des marges supérieures sur les ventes. Le constructeur allemand avait alors dû régler une facture de plus de 800 millions d'euros pour renflouer ses distributeurs, qui se plaignaient d'objectifs de ventes inatteignables et de marges en baisse.
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