Peugeot 508 PSE : sportive ou GT, telle est la question
C'est l'évènement du moment : la nouvelle 508 PSE est la Peugeot de série la plus puissante de l'histoire de la marque. Pourtant, son accueil médiatique est mitigé. À l’origine des critiques, le manque de sportivité de l'auto est mis en avant. Une confusion née du message et du décorum de son lancement.
C’est l’évènement français automobilistique de l’hiver. Pensez donc : Peugeot lance la voiture de série la plus puissante de toute sa longue histoire. Autant dire qu’en cette période hivernale où les nouvelles autos ne se bousculent pas, l’archi-totalité de la presse spécialisée comme généraliste s’est empressée de l’essayer et d’en parler. Du coup, pour qu’un passionné d’auto ignore l’avènement de la 508 PSE, il eût fallu qu’il passe les quinze derniers jours dans une grotte au fond du Kamchatka. Parmi les premiers, Olivier Pagès a longuement détaillé l’auto, suivi de l’ensemble des médias.
Une déception ?
Mais cette auto qui, sur le papier, devait faire l’unanimité, a bénéficié d’un accueil mitigé. Certains journalistes parlent de « grosse déception » quand d’autres jugent que la berline hybride rechargeable de 360 ch « n’est pas si enthousiasmante ». Que s’est-il donc passé ? Les ingénieurs du lion se sont-ils trompés ? La 508 est-elle réellement mal née ?
En fait, la déception est sans doute liée à un immense malentendu. Présentée dans l’enceinte du circuit du Mans, entourée de quelques grandes Peugeot qui ont couru les 24 Heures comme la 908, et essayée sur le circuit Bugatti, l’auto s’est affichée d’emblée comme une pure sportive, ce qu’elle n’est pas. Même le chef de projet, Jean-Philippe Delaire, le reconnaît : « c’est une GT, pas une sportive ». Trop tard : l’univers de course et les tours de piste aidants, les journalistes ont enfilé leur casque et n’y ont pas trouvé leur compte.
Pourtant, cette auto est bourrée de qualités, comme Olivier Pagès l’a souligné. Entre un châssis aux petits oignons, des matériaux de qualité et un assemblage de très haut niveau, elle n’a rien à se reprocher. Sa boîte auto EAT8 ? Ce n’est pas une sportive, on vous dit. Si c’était le cas, elle serait équipée d’une boîte robotisée. Ses accélérations ne sont pas brutales ? Ce n’est pas une sportive, on vous le répète.
PSE pour plan de sauvegarde de l'emploi ?
Cette confusion des genres n’est pas seulement liée au décor du lancement de cette auto, mais aussi à son nom de baptême. Cette 508 s’appelle PSE, pour Peugeot Sport Engineered. Un nom qui doit s’installer dans le temps, comme une marque à part entière, comme la M de BMW, comme l’AMG de Mercedes. Un nom qui lui aussi induit en erreur. Évidemment, il eût mieux valu l’appeler GT, si l’appellation Grand Tourisme n’était déjà prise, usurpée et galvaudée par toute la planète auto. PSE n’est pas non plus l’acronyme le plus heureux en termes de communication sociale, puisqu’il est déjà utilisé pour les Plans de Sauvegarde de l’Emploi. D’autres PSE qui, en réalité, ne le sauvegardent pas et sont des charrettes de licenciement. Il est souhaitable que Stellantis, la nouvelle entité qui recouvre PSA et Fiat-Chrysler, n’ait pas recours à ce type de PSE et se contente de celui qui dope la puissance de ses autos.
Pour autant, si cette Peugeot 508 PSE souffre d’une confusion des genres, elle reste une excellente auto et il ne lui reste plus qu’à trouver ses clients. Mais qui sont-ils au fait ? Des particuliers amoureux de berlines puissantes et susceptibles de débourser 67 100 euros pour se l'offrir ? Ils sont rares mais ils existent. Sauf qu’ils sont, souvent, de fins calculateurs et à ce tarif, ils savent que d’ici deux/trois ans, une BMW M ou une Mercedes AMG de même tarif voire un peu plus chère, puisqu’assortie d’un gros malus dont la PSE est dépourvue, se revendra très bien, car sa valeur résiduelle sera conséquente. La cote de la PSE, quant à elle, reste floue, même si celle des Peugeot est en progression constante.
Une voiture d'image
Reste évidemment la clientèle professionnelle. Voiture de fonction pour cadre supérieur ou pour dirigeant d’entreprise, cette hybride rechargeable est une bonne affaire. Ce marché sera-t-il suffisant pour rentabiliser l’investissement qui a été nécessaire au développement de l’auto ? Carlos Tavarès, le patron de la maison, le répète assez souvent : aucun modèle ne doit perdre d’argent.
Cette 508 particulière bénéficiant très majoritairement d’éléments piochés dans la banque d’organes du groupe, son coût de développement n’est pas excessif et si ses ventes ne sont pas à la hauteur des objectifs, les pertes seront limitées. D’autant qu’une auto d’un tel calibre a forcément des répercussions positives sur l’image haut de gamme et premium que Peugeot entend se donner, à défaut de renforcer son image de sportivité. Un tir que d'autres modèles PSE à venir, comme une 308 vitaminée ou, peut-être, une 208 dopée, pourraient corriger.
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