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Péages à flux libre, 180 000 impayés en un an

Dans Pratique / Autres actu pratique

Lionel Bret

Alors que l’A13 entre Paris et la Normandie inaugure aujourd’hui son système autoroutier de péages à flux libre sans barrière, le dispositif déjà en place sur d’autres tronçons suscite le mécontentement et l’incompréhension des automobilistes.

Péages à flux libre, 180 000 impayés en un an
L'autoroute à flux libre A79 enregistre 180 000 impayés en un an

Adieu tickets et barrières. Après l’A79 et l’A14, c’est au tour de l’autoroute A13 entre Paris et Caen d’adopter le dispositif de péage à flux libre.

Le système censé améliorer « l’expérience client », fluidifier le trafic et diminuer la consommation d’énergie due aux arrêts aux barrières connaît quelques couacs. La preuve avec le retour d’expérience sur l’A79.

Mise en service dans l’Allier à la fin de 2022, l’autoroute A79 fut la première autoroute française à flux libre. Sur ce tronçon de 80 km, entre Montmarault (Allier) et Digoin (Saône-et-Loire) les barrières de péages ont été remplacées par 6 portiques qui scannent automatiquement les plaques d’immatriculation des véhicules en entrée et en sortie d’autoroute. Simple et rapide donc. Le paiement aussi devait être simple et rapide, sauf que !

Les portiques automatiques ne reconnaissent pas 2 % des véhicules engagés sur l'autoroute selon la Sanef ©PHOTOPQRJOURNAL SAÔNE ET LOIREMAXPPP
Les portiques automatiques ne reconnaissent pas 2 % des véhicules engagés sur l'autoroute selon la Sanef ©PHOTOPQRJOURNAL SAÔNE ET LOIREMAXPPP

Impayés et pénalités s'accumulent

Effectué par télépéage, via internet ou sur une borne dédiée en sortie d’autoroute, l’acquittement de la redevance autoroutière se veut d’une simplicité enfantine. Du moins sur le papier. Dans la réalité, les griefs et la grogne des usagers s’accumulent. Mauvaise information, tromperie, arnaque… Les qualificatifs négatifs ne manquent pas à l’endroit du système. Nombre d'usagers confondent flux libre et gratuité. Ils s’estiment induits en erreur par l’enlèvement des barrières et insuffisamment informés sur le fonctionnement du flux libre. Certains avouent ne plus savoir quelle portion est gratuite ou payante. D’autres ne savent pas comment payer leur péage. La confusion est telle que la sénatrice de la Côte d’Or, Anne-Catherine Loisier, a récemment interpellé le ministre des transports sur « les défaillances de l'information fournie aux usagers des autoroutes à péage à flux libre et ses conséquences financières pour les utilisateurs ».

En un an, ALIAE (Autoroutes de liaison Atlantique-Europe), filiale du groupe Eiffage, concessionnaire de l’A79, connaît « près de 180 000 impayés, 80 000 dossiers de pénalités et 600 000 courriers pédagogiques envoyés » selon la sénatrice. En pratique, l'absence de portail de télépéage laisse à penser que ce tronçon est gratuit notamment pour les usagers qui s'engagent sur cette autoroute pour la première fois. Sans parler des failles du système automatique.

Un dispositif pas totalement fiable

Selon la Sanef, groupe Abertis, concessionnaire des autoroutes A14 et A13 entre Paris et Caen, interrogé par Capital, le système de portiques ne serait pas totalement « fiable ». Le dispositif reconnaît 98 % des plaques d’immatriculation des voitures empruntant l’A14 ». Il y a donc 2 % de véhicules non identifiables par les portiques.

En cause, des coffres de toit trop imposants, ou encore des poids lourds ou des autocars trop proches des voitures dont les contrôles des plaques deviennent impossibles, voire erronés. Ce qui entraîne parfois des tarifications fantaisistes, face l’incapacité de vérifier à quel moment l’auto est entrée sur le tronçon autoroutier.

Conducteurs incriminés mais non responsables

Par ailleurs, les 3 millions de passages en flux libre enregistrés depuis fin septembre sur l’A14 à hauteur de Heudebouville dans l'Eure, ont engendré près de 170 000 appels auprès du service client de Sanef. « Les trois quarts des appels sont des cas de désignation ». À savoir des automobilistes qui reçoivent un avis de paiement avec majoration à leur domicile alors qu’ils ne conduisaient pas leur véhicule au moment constaté.

Cela peut concerner un prêt de véhicule sans que le conducteur ne s’aperçoive d’un passage en flux libre. Soit, plus grave d’une usurpation d’immatriculation. Dans tous les cas le propriétaire du véhicule (sauf à dénoncer le conducteur) dispose de 72 heures pour s’acquitter de son passage au péage et cela peut aller jusqu’à une amende de 375 €, 60 jours après un non-paiement.

Dans sa réponse à la Sénatrice Anne-Catherine Loisier, l’ancien gouvernement assure qu’à la suite des retours d'expérience sur le péage à flux libre de l'A79, « l’État déploiera des renforcements de signalisation », tout en poursuivant « l évaluation du dispositif ». En attendant, litiges et grognes se multiplient.

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