Partir en vacances d’hiver en électrique : tout ce qu’il faut savoir
Partir en vacances d’hiver en électrique ne s’improvise pas, du moins avec un véhicule aux autonomies et capacités de charge limitées, le froid en réduisant de manière significative le rayon d’action. Sur certains modèles, la surconsommation hivernale frise les 30%! Riche d’enseignements de plusieurs essais longue durée en hiver, la rédaction de Caradisiac vous donne les bonnes pratiques pour des trajets sereins.
Vous êtes de plus en plus nombreux à céder aux charmes du véhicule électrique. Un choix judicieux pour s’assurer une conduite zen et des dépenses contenues à l’usage (pour ceux qui rechargent à domicile surtout…) mais qui impose en contrepartie davantage de pauses ravitaillement qu’avec un véhicule thermique lors des longs trajets.
Surtout en hiver, où le froid met les batteries à l’épreuve, avec en conséquence une baisse significative d’autonomie, comme nous avons pu le constater lors de différents essais longue durée, et en particulier lors de notre sujet Partir aux sports d’hiver en électrique, réalisé en début d'année au volant de dix véhicules "zéro émission" de toutes tailles.
À titre d’exemple, nous retiendrons deux stars des ventes que sont les Peugeot e-308 et Renault Mégane E-Tech. A priori, les acheteurs de ces modèles polyvalents ne peuvent pas imaginer, après avoir signé un chèque de 40 000 €, qu’un trajet d’un peu plus de 700 de kilomètres à une température proche de zéro puisse réclamer quatre à cinq pauses. Et pourtant…
Avec une consommation autoroutière qui est passée d'environ 18,6 kWh/100 km lors de nos mesures en été à 24,1 kWh en hiver (soit +29 %), l’e308 a vu son autonomie chuter de 274 à 212 km. Soit des relais d’environ 150 km si l’on recharge à 80 % sur les bornes rapides (seuil à partir duquel la puissance délivrée chute) et que l’on ne souhaite pas vider la pile à moins de 10 %.
Bien que dotée d’une plus grosse batterie, la Mégane ne fit guère mieux, la consommation relevée de 26,3 kWh/100 km sur l’autoroute imposant des arrêts tous les 160 km environ. Dans les deux cas, les pneus hiver à la résistance au roulement importante ont eu un léger impact, de même que le maintien d’une température de 20 °C dans l’habitacle, mais il y a de quoi être déçu…
Nous avions également constaté un manque de bornes de recharges dans les stations de ski. De fait, mieux vaut prendre quelques précautions avant de partir.
Partons du principe que vous chargez à fond avant de prendre la route sur une prise en courant alternatif AC, dans l'idéal à domicile pour limiter les dépenses…
Chauffez !
Cela paraît évident pour ceux qui ont déjà expérimenté la voiture électrique, mais pour les novices, il est bon de rappeler que, contrairement à une voiture thermique qui produit du chauffage à partir de l’énergie dégagée par le moteur, une électrique consomme de l’électricité en tempérant l’habitacle. Même si votre voiture est dotée d’une pompe à chaleur moins énergivore, le chauffage a donc un impact non négligeable sur l’autonomie.
Toutes les voitures électriques modernes offrant la possibilité de préconditionner l’intérieur lors des recharges, on conseillera donc de programmer la température souhaitée à l’heure de départ prévue (voir manuel d’utilisation). L'habitacle n’étant pas isolé thermiquement, le système de chauffage grignotera tout de même quelques dizaines de kilomètres d'autonomie une fois en route.
Ainsi, on conseillera plutôt de mettre en fonction les sièges chauffants, moins énergivores à ressenti équivalent, et de ne pas abuser sur la température souhaitée. À ce sujet, évitez les modes Eco en plein hiver : on se caille souvent sur ces modes qui réduisent l’efficacité du chauffage.
Programmez les arrêts
Les véhicules électriques haut de gamme intègrent généralement à leur GPS des planificateurs de trajets « dynamiques » qui communiquent avec la batterie : il n’y a alors qu’à entrer la destination finale et suivre les arrêts recharges indiqués, d’autant que le système préconditionne la batterie avant branchement pour réduire les temps de charge.
Si votre véhicule ne dispose pas de ce type de planificateur actif, pas de panique : la France est l’un des pays les mieux équipés en bornes rapides en courant continu DC, sur les aires d’autoroute ou à proximité immédiate. Et nombreux sont les utilisateurs d’électriques à partir désormais à l’aveugle pour de longs trajets, sans jamais rencontrer le moindre souci: avec près de 153 000 points de charge publics (tous débits confondus), la France est l'un des pays les mieux dotés en Europe.
Mais mieux vaut savoir à l'avance à quel endroit on va devoir s'arrêter, notamment pour préconditionner la batterie manuellement, soit en entrant la station visée dans le GPS, soit en enclenchant la fonction dans le menu du système multimédia, soit via l'application de la marque de votre auto (voir manuel d'utilisation là aussi). Une précaution qu'il faut surtout prendre pour la première recharge, 30 à 40 minutes avant l'arrêt. Attention : certains modèles, notamment la Peugeot 308, ne proposent pas cette fonction.
De fait, une petite étude du trajet sur les applications de smartphone n'est pas un luxe. Avec A Better Route Planner, vous saurez approximativement, après avoir indiqué le véhicule dans lequel vous voyagez et les conditions de roulage (météo, vitesse maxi prévue…), où vous devrez vous arrêter. D'autres applications sont tout aussi précieuses, notamment Chargemap, en particulier quand on souhaite vérifier que les bornes sont fonctionnelles, ou quand on cherche des stations à proximité d'un lieu ou d'un axe routier. Si vous partez à plusieurs, n’hésitez pas à familiariser l'un de vos passagers avec ces applications pour pouvoir faire face à un imprévu tout en roulant, notamment si l'autonomie baisse plus que prévu.
Ne jouez pas avec la batterie !
À moins de connaître parfaitement les capacités de sa voiture, on évitera de descendre sous les 10 % de batterie avant de recharger, les chutes d’autonomies sur autoroute pas grand froid, surtout quand la circulation se fluidifie avec des « pointes » à 130 km/h, pouvant générer quelques frayeurs. À partir de 25 %, on commence donc à scruter les panneaux, et on s’arrête à la première station. Si une autre aire de charge se présente quelques dizaines de kilomètres plus loin et vous laisse l’espoir d’éviter un arrêt, soyez sûr que vous pourrez l’atteindre et qu’elle fonctionne bien ce jour-là (d'où l'intérêt de savoir utiliser les applis spécialisées). Dans le doute, évitez.
Baissez la vitesse de 10 km/h
Nous l’avons constaté avec une VW ID.3 lors d’une boucle de plus de 700 km réalisée à 130 km/h, puis 120 km/h le lendemain : évoluer 10 km/h moins vite peut éviter un arrêt sur tout le trajet. De fait, le temps perdu à rouler moins vite peut être récupéré. On peut même gagner quelques minutes, sachant qu’une pause ravitaillement ne dure pas que le temps du branchement (20 à 40 minutes selon la voiture) : il faut aussi compter le temps d’atteindre la borne, de badger ou payer, de connecter la prise, de débrancher, repartir, puis regagner l’autoroute…
Et c'est sans compter les éventuelles baisses de puissance de charge qui peuvent arriver par grand froid, ou les pannes de bornes qui obligent à déplacer la voiture à la place voisine et à recommencer une manipulation… Certaines pauses peuvent ainsi réclamer plus de 50 minutes. De fait, mieux vaut rouler un peu moins vite, surtout quand on dispose d'une modeste batterie (de 40 à 60 kWh notamment) mais s’arrêter moins. D’autant qu’à 120 km/h, on ne se traîne pas non plus…
Là encore, rien ne remplace l’expérience, et c’est en apprenant à connaître votre véhicule et le trajet (on repart souvent en vacances par la même autoroute, du moins un bon moment) que vous adapterez votre rythme : repasser à 130 km/h peut être bénéfique si la borne visée est la même que si vous rouliez à 120…
Renseignez-vous sur les bornes à destination et chargez en conséquence
Même si les installations se multiplient sur les différents lieux de vacances, toutes les stations de ski ne sont pas forcément bien équipées en bornes de recharge électriques. Renseignez-vous donc au préalable sur la présence de prises.
En consultant notre guide des bornes électriques des stations de montagne bien sûr, mais aussi en appelant l'office du tourisme. Du reste, un petit contrôle de leur état de fonctionnement sur une application ne fait pas de mal.
Quoi qu’il en soit, à moins de disposer d'une autonomie confortable et d'être sûr de pouvoir vous brancher à destination, mieux vaut refaire un petit plein d'électrons avant de partir à l’assaut de la montagne. Non seulement parce que la montée risque de faire grimper la conso et donc vider la batterie, mais également pour rouler sereinement durant les vacances (pour vous rendre sur les pistes par exemple), ou au moins éviter de recharger dès le départ de votre trajet retour.
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