Paris - Stationnement : des hausses d'au moins 50 % à partir de l'été !
Stéphanie Fontaine , mis à jour
Cela va être de plus en plus difficile et de plus en plus cher de se garer à Paris. Voici l'essentiel à retenir des annonces de la mairie sur le stationnement ce mardi.
Ce n’est pas un scoop : la maire de Paris, Anne Hidalgo, souhaite supprimer la moitié des places de stationnement dans la capitale, soit environ 60-65 000 emplacements. Ce mardi, à l’Hôtel de ville, David Belliard, son adjoint en charge de la transformation de l’espace public, des transports et des mobilités, a annoncé la hausse des tarifs pour les places restantes en voirie, ainsi que la fin de la gratuité pour les deux roues motorisés (hors électriques).
« C’était un engagement de campagne », a-t-il défendu lors d’une conférence de presse. La fin des places gratuites pour les motos et scooters est programmée « pour le début 2022 », la date exacte restant à confirmer, car les contrats en cours pour le contrôle des places en voirie doivent être adaptés – ce contrôle ne sera d’ailleurs « pas automatisé », contrairement à ce qui se passe pour les voitures. En revanche, la hausse tarifaire aux parcmètres devrait être votée dès le prochain conseil municipal de juillet, pour une mise en place « dès août prochain ».
Et ce n’est pas une petite hausse qui est envisagée ! En zone 1, l’heure va passer de 4 à 6 euros, et, en zone 2, de 2,40 à 4 euros, soit respectivement un boom de 50 et 67 %. Pour faire face aux critiques, l’élu EELV fait alors remarquer que c’est potentiellement bien plus élevé à l’étranger, notamment en Europe : « A Londres, c’est 8 euros de l’heure, 7,60 euros à Stockholm, 5 euros à Amsterdam, 4,89 euros à Madrid… » Il pousse même la comparaison avec l’outre-Atlantique : « A New York, ça grimpe à 18 euros ! »
Selon lui, il s'agit aussi de se rapprocher des tarifs proposés dans les parkings publics, sous-terrains, afin de pousser les usagers à s'y garer, puisqu'il n'y aura plus de différence avec ceux pratiqués en surface, contrairement à aujourd'hui. Au-delà des 120 ou 130 000 places que compte Paris en voirie, il y aurait en fait un peu plus de 800 000 places de stationnement de voitures en tout, dont une très grande majorité - 65 % - située en sous-sols d’immeubles de logements et de bureaux, puis 18 % dans les parkings publics… L'idée est donc bien d'utiliser de manière plus effective toutes ces places aussi, afin de libérer les rues.
Le stationnement devient payant pour les deux roues
Pour les deux roues, les tarifs seront moitié moins élevés, quand le stationnement les concernant deviendra payant l'an prochain. La Fédération française des motards en colère (FFMC) qui organisait sa propre conférence devant l'Hôtel de Ville, à la sortie de ces annonces, est vent debout contre cette évolution. La FFMC rétorque en outre qu'à la place d'une voiture, « c’est trois voire quatre motos qui peuvent être stationnées ! » Pour elle, ce futur tarif est non seulement inacceptable mais en plus bien trop élevé. La mairie de Paris rappelle que la gratuité persiste sinon pour tous les véhicules électriques, trottinettes et vélos bien évidemment compris, ainsi que le dimanche pour tous les types de véhicules.
Mais qui dit hausse des prix pour les véhicules thermiques, dit hausse des montants des PV ! Plus précisément, on parle ici des forfaits de post-stationnement (FPS). Dès cet été, ils passeront ainsi de 50 à 75 euros (+50 %), minorés à 52,50 euros en cas de paiement dans les quatre jours, en zone 1, puis de 35 à 50 euros (+43 %), minorés à 35 euros en zone 2. Pour rappel, cela correspond à la somme due pour 6 heures de stationnement sur le même emplacement, soit la durée légale autorisée sur Paris. Quand on repense que cette réforme du stationnement avait notamment pour vocation d'améliorer le turn-over des véhicules sur une même place, on ne peut que constater que cela permet surtout aux usagers qui le peuvent de se stationner plus longtemps désormais, sans craindre de sanction…
Les tarifs pour les résidents, de leur côté, ne devraient pas subir d'augmentation. Mais attention, chaque résident ne pourra plus bénéficier que d'une seule carte. En effet, celle-ci ne sera plus attachée à une immatriculation, mais à une personne. Un couple avec deux voitures pourra toujours bénéficier de ces tarifs résidents puisque chacun pourra disposer d'une carte, mais un célibataire, propriétaire de deux ou même plusieurs voitures, ne pourra plus en avoir qu'une seule.
Priorisation aux handicapés, professionnels et à l'autopartage
David Belliard l'a répété, la majorité parisienne assume complètement cette « politique extrêmement volontariste de transformation de l’espace public ». C'est une question de lutte contre la pollution, de santé publique et « une aspiration à profiter de rues plus apaisées ».
Pour les places restantes en voirie, il va y avoir aussi une « priorisation » des usagers qui peuvent en profiter, avec trois axes privilégiés :
- l'accessibilité universelle avec 1 000 places supplémentaires exclusivement réservées aux personnes en situation de handicap ;
- la transition vers des mobilités décarbonées, puisque l'objectif de la ville reste bien de ne plus accepter de véhicules Diesel à partir de 2024, et les thermiques d'une manière générale à compter de 2030. La mairie soutient donc les alternatives à la voiture thermique individuelle, avec là aussi 1 000 places supplémentaires pour l'autopartage, davantage de bornes de recharge, 100 places supplémentaires réservées aux taxis, 2 000 de plus pour les trottinettes qui « font partie intégrante de cette transition ». Quant aux vélos, ils en profiteront aussi avec notamment le déploiement d'emplacements sécurisés, mais les précisions seront données plus tard, à l'automne ;
- les mobilités professionnelles, avec 1 000 places supplémentaires réservées aux livraisons, des tarifs préférentiels étendues aux professionnels de la grande couronne - à ce propos la carte PRO Mobile, gratuite depuis le confinement, le restera jusqu'à octobre -, et la poursuite de la gratuité pour les soignants.
Il faut ajouter à tout cela la consultation en cours sur la piétonnisation du centre de Paris - dans les quatre premiers arrondissements, jusqu’au nord du boulevard Saint-Germain sur la rive gauche - et on comprend bien que la chasse aux véhicules de transit va se poursuivre et s'intensifier dans les futures années.
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