Paris : première ville européenne pensée pour les enfants… malgré ses trottoirs étroits
À la surprise générale, Paris se hisse en tête du classement de l’ONG Clean Cities Campaign, qui évalue les 36 plus grandes métropoles européennes selon leur accessibilité pour les enfants. Devant Amsterdam, Anvers ou Helsinki, la capitale française coche (presque) toutes les cases : piétonnisation autour des écoles, généralisation du 30 km/h, et infrastructures cyclables de plus en plus sécurisées.

Une nouvelle qui ne va pas ravir les partisans du mouvement Saccage Paris. Car oui, Paris — souvent pointée du doigt pour sa saleté, ses travaux permanents ou son chaos urbain — est officiellement la ville la plus « kid-friendly » d’Europe. Et ce, devant des références historiques en matière de mobilité douce comme Amsterdam ou Lyon.
Le classement plus cohérent qu’il n’y paraît
Paris brille. La ville lumière a imposé le 30 km/h à 89 % des zones urbaines. Les écoles font l’objet de zones sécurisées, de passages piétons surélevés. Une piste cyclable sur deux est séparée physiquement de l’automobile. Certes, ce sont des chiffres et il y a beaucoup à redire sur la manière dont l’une des premières destinations touristiques au monde s’est ostracisée.
Si Paris est première, elle est suivie par Amsterdam. La ville hollandaise est pensée pour le vélo. Un virage urbain qui a débuté en 1971 non pour des raisons écologiques, mais pour des raisons sociales. Cette décision a été prise à la suite d’un pic de 3 300 morts liés aux accidents de la route, dont 400 enfants. On ne va pas aller trop loin, mais sachez que ce pic est lié à une explosion des ventes d’automobiles grâce à un meilleur pouvoir d’achat, engendré par le boom d’après-guerre. Aujourd’hui, la ville offre l’infrastructure cyclable la plus aboutie. Mais ce n’est visiblement pas suffisant pour détrôner Paris sur l’ensemble du spectre dédié aux enfants.
Direction la Belgique, car Anvers trône à la troisième place. En plus de posséder le second plus grand port d’Europe (et d’être le fief des diamantaires), la ville a vu la majorité de ses rues passer à vitesse réduite et un quart des rues scolaires sont protégées.
La Belgique, toujours, avec Bruxelles qui ne fait pas chou blanc dans ce classement et se hisse à la quatrième place. Si une minorité des écoles est protégée, la capitale belge a réussi à passer 86 % de ses rues en vitesse réduite. Mais pas que. Régulièrement, des pans entiers de rues sont fermés à la circulation, au profit des piétons et des activités.
Enfin, Lyon ferme la marche de ce classement. Seulement 16% des rues ne sont pas à vitesse réduite. Les écoles sont cependant moins protégées que Paris. Mais les trottoirs sont plus généreux.
Les limites intrinsèques
Paris n’est pourtant pas parfaite : les transports en commun, trottoirs étroits et autres rues pavées mettent de côté les personnes en fauteuil roulant, les poussettes et augmentent les risques de chutes des personnes âgées.
Les moyens de transport sont pléthoriques mais saturés. Les travaux interminables engendrent des déviations souvent malvenues.
Mais surtout, Paris n’a rien fait pour les habitants de banlieue : pas de parking abordable en périphérie, une tarification abusive des véhicules, l’emploi de sociétés privées aux actions malhonnêtes (coucou Streeteo), une communication axée sur une diabolisation de l’usage automobile. Enfin, Paris a opté pour un « vivre entre nous » plutôt qu’un « vivre ensemble ». Autant de points qui ont été oubliés dans ce classement et qui n’apparaissent pas dans les statistiques. Une preuve de plus qu’il est nécessaire de prendre ce genre d’informations avec des pincettes.
Qui est Clean Cities Campaign ?
À la vue de ce genre de résultat, il est impératif de se demander qui est derrière. La Clean Cities Campaign (CCC) est un réseau européen de plus de 80 organisations de la société civile, hébergé par Transport & Environment, actif dans une quinzaine de pays. Ça, c’est le Linkedin.
Le financement principal vient d’Allianz Foundation et Clean Air Europe. Le financement secondaire de diverses associations mais également de la Comission Européenne. Mais impossible d’avoir accès au montant.
Il s’agit évidemment de lobbyisme. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut éviter d’en parler. Simplement garder à l’esprit que les verres présentés à moitié pleins, se doivent d’être également montrés à moitié vide.
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