Orage des tarifs : alerte rouge en provenance de Chine
La guerre des prix des voitures électriques qui oppose Tesla et les constructeurs chinois a fait rage jusque chez nous. La situation s'est calmée depuis quelques mois, mais voilà qu'elle reprend dans l'Empire du Milieu et risque de déferler à nouveau sur l'Europe avec un nouvel acteur qui se jette dans la bataille : Volkswagen. Les constructeurs français résisteront-ils ?
Qui l’eût cru. Même la Chine, politiquement communiste et économiquement ultralibérale a mis en place des organismes de régulation, où du moins a permis à ces derniers d'exister. Ainsi, il y a quelques mois, la plupart des constructeurs locaux et des importateurs se sont assis autour d’une table pour mettre fin à la guerre des prix qui commençaient à toucher le marché de la voiture électrique.
C’est l’association chinoise des constructeurs automobiles, la CAAM, PFA locale, qui a réussi à réunir tout ce joli monde et la tâche n’a pas du être facile, car en ce mois de mars, après 6 mois d’une guerre des prix initié par Tesla et ses baisses de tarifs intenses, tout le monde était à cran. Mais l’Américain, tout comme Byd, Geely, Saic, Dongfeng, Volkswagen et les autres ont accepté d’enterrer la hache de guerre, au motif, selon l’agence Reuters, de « limiter les réductions de prix pour assurer un développement stable du marché ». En voyant les tarifs ultra-concurrentiels pratiqués par MG et consorts, on imagine ce qu’ils auraient pu être sans cet accord.
Un accord dénoncé au bout de cinq mois
Sauf que patatras, il y a moins d’une semaine, le bel accord a explosé en vol par la faute du gouvernement chinois, ou plutôt à la demande de la même association qui l’avait entériné quelques mois plutôt et qui a dû recevoir l’une de ses injonctions que l’on ne saurait refuser. La CAAM, aux ordres du ministère de l’industrie, a estimé que ce pacte de non-agression nuit aux règles de la concurrence. Pire, il pourrait être entendu comme une forme d’entente sur les prix, un acte hautement répréhensible en Chine comme en occident.
La fin brutale de cet accord a été annoncé le 7 juillet dernier au cours du China Automotive Forum qui réunit chaque année tous les acteurs de la filière, qu’ils soient constructeurs, importateurs ou équipementiers. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a très vite été suivi d’effets, comme si tous les acteurs n’attendaient que ce signal pour diminuer leurs tarifs et déterrer à nouveau la hache de guerre.
À son habitude, Tesla a dégainé en premier, en baissant (encore) le prix de ses Model 3 et Y de 500 dollars. Plus étonnamment, Volkswagen a surenchéri très vite et très spectaculairement. Son ID3 a carrément perdu 30 % en Chine, ou elle est désormais disponible à 16 000 euros. Les autres modèles électriques du groupe allemand sont eux aussi touchés par le syndrome du rabais effréné.
On peut bien sûr se dire que la Chine est à 10 000 km d’ici et que notre marché ne risque pas d’être touché. Et pourtant. La précédente guerre des prix, qui s’est arrêtée au mois de mars dernier, a largement impacté la politique des tarifs des acteurs concernés, même en Europe. Le diktat de Tesla dont les prix ont chuté là-bas, a entraîné des baisses de prix ici aussi, incitant ses concurrents à plus ou moins suivre le mouvement. De même que les constructeurs chinois ont calqué leurs prix sur leurs rivaux chez eux comme en Europe. Avec une volonté supplémentaire ici, qui consiste à s’emparer de parts de marché détenues par les marques historiques.
Si l’on ajoute à cet orage tarifaire à venir l’entrée en lice de Volkswagen qui entend lui aussi miser sur le volume avec ses modèles électriques, on peut s’attendre à une tempête au-dessus de l’Europe. Reste à savoir si nos marques nationales, Peugeot et Renault en tête, sauront se sortir totalement indemnes de la bataille à venir en acceptant de baisser elles aussi leurs marges sur l’électrique.
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