2. Olivier Pain : L’interview
Olivier, prendre la 1ère place d'un Dakar, c'est une belle sensation ?
Dire le contraire serait mentir, c'est sûr que prendre la tête c'est super bien, la garder quelques jours est encore mieux, c'était du plaisir à fond. Maintenant nous verrons si c'est possible de le refaire, si nous repartirons l'an prochain, il est trop tôt aujourd'hui pour le savoir.
Quand tu prends la tête du Dakar, tu le sais pendant l'étape ?
Pendant la spéciale nous n'avons pas d'information, donc tu ne sais pas. Par contre le matin du départ de l'étape je connaissais mon retard sur Cyril alors leader. En fin de spéciale, j'ai pu m'apercevoir que devant il y avait eu quelques erreurs, selon les pilotes repris, un rapide calcul m'a permis de savoir que j'étais surement devant au général. A la sortie de la spéciale mon assistance m'a dit que j'étais en tête du rallye. On ne débouche pas le champagne pour cela, il restait la liaison, puis connaitre d'éventuelles pénalités ! Il faut rester prudent, ne pas se relâcher.
Après ton erreur de nav' sur l'étape 8, tu cumules les petites erreurs, c'est difficile de se reprendre de suite ?
Sur le Dakar, il y a de grosses conséquences aux petites erreurs, si l'on ne passe pas à coté, cela s'enchaine. J'étais convaincu d'être sur la bonne trace, je n'ai pas vu l'ambiguïté du road-book. Le lendemain du jour de repos, je repars donc loin derrière, ce sont des journées où il fallait éviter de partir loin. Peu de nav', des pistes de pilotage typées WRC. Et donc très difficile de doubler les pilotes à cause de la poussière et j'ai accumulé des petites chutes successives, dont une je perce mon réservoir, celle qui passe à la TV qui n'était pas ma première du jour. Peu avant je m'étais fait éjecter de la moto. Donc le lendemain, je repars encore loin derrière et par la poussière je ne vois pas une pierre. J'ai finalement pu me reconcentrer pour l'étape de Fiambala, mais j'accusais un peu le coup physiquement. Et sur Copiapo j'étais de nouveau dans le rythme.
J'ai pu montrer qu'en tête du rallye je pouvais gérer ma course en restant 4 jours devant augmentant même un peu mon avance. La première étape où je mène le provisoire je dois finir second derrière David Casteu en ayant ouvert la majeur partie de la spéciale.
Ca décomplexe de rouler en tête du Dakar ?
Oui, déjà c'était plaisant, je me surprenais à me sentir à l'aise, cela donne confiance, je me sentais capable. Le 3ème jour que je mène la course, nous sommes repassés là où je m'étais cassé le poignet en 2011, avec tout le stress que cela apporte, j'ouvre la spéciale dès le km 80 environ, avec Pedrero derrière moi, sans qu'il ne me reprenne. C'est le pied quand tu ouvres et que tout va bien comme cela.
Que te manques-t-il pour inquiéter un Cyril Despres ?
(Rires) … Un peu plus de réussite sur la fin … Que je choisisse mieux les jours pour prendre la tête, les quatre derniers plutôt que les premiers …. Ce qui manque …. peut-être une structure où l'on a décidé de venir pour la gagne, même si Yamaha France s'est investi encore cette année. Je suis plus dans une structure familiale avec Franck Helbert. D'un autre coté on se connait tous, cela peut être un avantage pour ne pas se prendre la tête, cela nous permet d'être en bonnes conditions pour rouler. On a une bonne moto, on a bien travaillé avec Yamaha tout l'hiver, c'est la 3ème année avec cette 450 YZF, on a encore amélioré le moteur. Je crois que pour gagner, c'est un ensemble de petits détails qui font la différence, KTM gagne depuis 10 ans ce n'est pas rien, mais les avoir fait trembler un peu, et avoir placé une Yamaha en haut de tableau, c'est bien. Il ne faut pas s'emballer mais si cela repart, il faut consolider le travail déjà effectué, tout optimiser. Il faudra savoir si chez Yamaha veulent gagner.
Les managers concurrents appellent–ils Olivier Pain depuis 8 jours ?
Pas encore … (rires) je n'ai pas laissé beaucoup de cartes de visite ! S'ils veulent me joindre, ils trouveront le moyen de le faire si je les intéresse. On a entendu dire que certains teams devraient bouger pas mal, à voir, si mon futur est avec Yamaha j'aimerais bien que Yamaha France reçoive des moyens de plus haut pour avoir les capacités de viser la victoire.
Le programme des semaines qui arrivent ?
Je pars au Touquet et les semaines suivantes devraient nous éclairer sur la suite.
Merci Olivier, à bientôt.
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