« Nous sommes dirigés par des ayatollahs de l’environnement »
Dans un entretien pour Business Traveler publié ce 13 décembre, Philippe Nozière, président de 40 millions d’automobilistes, tire à boulet rouge sur les actuelles politiques automobiles. Réduction de vitesse, fin des moteurs thermiques, véhicules électriques, le président de l’association de défense des automobilistes fustige des politiques « punitives », « le danger » du tout électrique et prévoit « qu’au final il y aura toujours des véhicules thermiques » alors que la COP 28 vient d’entériner « la transition hors des énergies fossiles. » Réaliste ou alarmiste ?
30 km/h en ville
« Nous sommes dirigés par des ayatollahs de l’environnement. C’est la dictature des minorités. Certaines minorités font un lobbying permanent. Les minorités écologiques veulent la fin des automobilistes. Dans les villes, on peut se déplacer en transport en commun, mais en province, c’est beaucoup plus compliqué, on ne peut pas se passer de la voiture. Les politiques prennent des mesures punitives permanentes qui sont faites pour décourager les automobilistes. Pour les zones à 30 km/h, les maires peuvent désormais prendre les décisions. Ce qui est beaucoup plus inquiétant, c’est qu’ils vont avoir la possibilité d’installer des radars dans les zones à 30 km/h. C’est vrai qu’il y a des zones qui peuvent être dangereuses, mais il y a des moyens de faire ralentir les voitures comme le stationnement alterné. On veut dégoûter les automobilistes de conduire. »
Alors ?
Les études démontrent que le risque de mortalité est directement lié à la vitesse. À 50 km/h, le risque de mortalité en cas de choc pour un piéton est de 60 % alors qu’à 30 km/h, il n’est que de 15 %. (Source : SETRA). L’enjeu est donc de réduire les cas d’accidents graves. À Lyon, un an après l’instauration des 30 km/h l’accidentalité a été réduite de 22 %, et le nombre de blessés hospitalisés a diminué de 40 %. Avec la multimodalité des déplacements (vélo, trottinette, marche, bus…) il convient de partager la chaussée où le risque d’accident s’est démultiplié.
Concernant les radars, si jusqu’à présent seul l’État pouvait en installer, la loi 3DS (Différenciation, Décentralisation, Déconcentration) votée en février 2022 autorise les collectivités territoriales à le faire. Mais à ce jour le décret d’application n’a toujours pas été publié.
ZFE
« On prive les gens de la liberté de déplacement. Dans les ZFE françaises, on interdit une certaine catégorie de véhicules quel que soit leur entretien. En Allemagne, on n’interdit pas les voitures qui ont un pot catalytique. On a incité des gens à acheter des véhicules diesel et maintenant, on leur dit qu’ils ne pourront plus circuler dans certaines villes. »
Alors ?
Non, tous les diesels ne sont pas interdits de circulation dans les ZFE. Les Crit’Air 3 sont autorisées à circuler dans les ZFE jusqu’en septembre 2024 au minimum. Quant aux véhicules Crit’Air 2, leur interdiction de circulation n’interviendrait qu’en 2028, voir jamais vu la façon dont les communes freinent pour que la mise en place des ZFE devienne le plus permissif possible. L’interdiction de ZFE ne devrait toucher qu’un peu plus de 10 % du parc automobile diesel en 2025.
Véhicules électriques
« Il n’y a qu’en Europe qu’on veut arrêter de commercialiser des voitures thermiques en 2035. Je regarde dans le monde, pour les États-Unis, ce n’est pas un problème. Idem pour la Chine. Peu de gens achètent des véhicules électriques et les constructeurs européens ne sont pas de la partie pour ce type de véhicules. Une solution pourrait être de développer des véhicules hybrides. (…) Le danger serait que les constructeurs ne se focalisant plus que sur les véhicules électriques. Je pense qu’au final, il y aura toujours des véhicules thermiques d’autant qu’il y a eu d’énormes progrès en termes de baisse de la pollution ces 30-40 dernières années. Mais je ne vois pas comment on va revenir en arrière. »
Alors ?
La vente de véhicules neufs à moteur thermique (les véhicules hybrides sont aussi concernés) sera effectivement interdite dans toute L’UE en 2035. Mais l’Europe n’est pas seule. Elle sera imitée outre Atlantique par la Californie. Cela n’affectera pas les voitures déjà vendues à cette date. L’accord prévoit une « clause de révision » en 2026. La Commission européenne pourra ainsi « en tenant compte des évolutions technologiques » permettre la mise sur le marché de véhicules neufs à moteur thermique utilisant des technologies alternatives comme les carburants de synthèse, l’hydrogène ou encore les motorisations hybrides rechargeables si celles-ci n’émettent aucune émission de CO2. Alors, oui, sur le long terme, il y aura (peut-être) toujours des véhicules thermiques, mais sans énergie fossile.
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