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Nissan renoue enfin avec les bénéfices, mais il y a toujours un mais

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

Après deux ans de disette, Nissan gagne à nouveau de l'argent. Mais la bonne nouvelle pourrait ne pas durer en raison des difficultés d'approvisionnement, du contexte chinois et de l'avenir de l'Alliance qui se joue ces jours-ci autour de la scission annoncée du groupe Renault.

Nissan renoue enfin avec les bénéfices, mais il y a toujours un mais

C’sst une éclaircie, mais on est loin du grand beau temps durable. Les résultats du groupe Nissan pour l’année 2021, révélés hier, font état d’un bénéfice de 1,6 milliard d’euros, du jamais vu depuis 2019. De quoi se réjouir et de quoi aligner d’autres chiffres victorieux, ce que le constructeur japonais s’est chargé de faire. Le chiffre d’affaires ? Il est en hausse de 18 %, malgré une baisse des ventes de 4 %, quant à la marge opérationnelle, elle a atteint 2,9 %, ce qui n’est pas faramineux, mais dépasse les objectifs fixés. Pourtant, à Yokohama, siège de l’entreprise, on n’a pas débouché le saké et on reste plus que modeste : carrément inquiet.

Une joie prudente et un avenir incertain

La crise des matières premières, celle des semi-conducteurs, ajoutée au gros regain de Covid en Chine, un marché primordial pour Nissan comme pour l’ensemble des constructeurs, calme les réjouissances. Alors dans la tour construite au temps de la gloire, ou trône le board de la marque autour de Makoto Uchita, on se la joue prudent, en prévenant d’ores et déjà que le bénéfice va stagner en 2022, en s’autorisant néanmoins une petite hausse de 1 %, histoire de rassurer les marchés.

Ces derniers ont plutôt apprécié cette prudence, en saluant l’annonce par une hausse de 4 % à la Bourse de Tokyo. Mais les boursicoteurs sont dans l’attente, non pas de la promesse de Nissan d’atteindre une marge opérationnelle de 5,3 % comme l’a promis Uchita en 2023, et qui paraît plutôt utopique, mais dans l'attente des résultats d’une réunion au sommet qui se déroule en ce moment même au siège du groupe.

Jean-Dominique Senard (à gauche) et Luca De Meo (à droite)sont actuellement au Japon pour une réunion cruciale sur l'avenir de l'Alliance.
Jean-Dominique Senard (à gauche) et Luca De Meo (à droite)sont actuellement au Japon pour une réunion cruciale sur l'avenir de l'Alliance.

Car à Yokohama, c’est le branle-bas de combat. C’est le groupe Renault qui a sollicité cette réunion, histoire de parler gros sous et restructuration du groupe français. Jean-Dominique Senard, président du conseil d’administration, et Luca De Meo, directeur général, ont tous deux fait le voyage pour rencontrer leurs homologues de l’Alliance, d’ailleurs Takao Kato, patron de Mitsubishi est également assis à la table ou il va surtout être question de l’avenir du fameux triumvirat.

Car l’intention des patrons de Renault est désormais claire : ils souhaitent couper le losange en deux entités distinctes. D’un côté la partie électrique, franco-française, et de l’autre, la partie purement thermique, ou hybridée, plus internationale. Ces deux entreprises séparées devront entrer en bourse de manière séparée aussi, et c’est là que l’Alliance, actionnaire primordial, a son mot à dire, alors que les relations entre Nissan et Renault ne sont pas au beau fixe depuis l’affaire Ghosn.

Beaucoup de questions sur l'avenir de Renault et celui de l'Alliance

Qua ressortira-t-il du concile de Yokohama ? Nul ne le sait. Selon la presse japonaise, les deux hommes du losange voudraient persuader leurs partenaires d’entrer dans la danse et le capital du futur Renault électrique. Reste plusieurs grandes questions. Vont-ils accepter un transfert d’actions vers cette nouvelle entreprise ? Et surtout, quid du Renault thermique ? Si Mitsubishi et Nissan refusent d’en prendre une part, Renault devra chercher ailleurs les financements et les partenaires manquants. Le chinois Geely pourrait être de ceux-là, puisqu’il vient de prendre 34% du capital de Renault Corée. Une première étape ? En tout cas, cette scission et l’arrivée de nouveaux entrants pourraient avoir la peau de l’Alliance telle qu’on la connaît depuis 23 ans. Une première réponse à toutes ces questions devrait surgir à l’issue de cette réunion au sommet.

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