N'en déplaise, la voiture reste indispensable
On lui réduit son champ d’action et dans ce qui lui reste d’espace on lui impose des restrictions de circulation. On veut la bannir des cités, on culpabilise son usage et elle est un sujet de fiscalisation permanent. Vu comme ça, les jours de la voiture sont comptés, d’autant plus que les politiques sont décidés à l’envoyer à la casse. Mais ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. En profondeur, l’automobile reste indispensable. Pire, ce qui se passe actuellement va exacerber une fracture sociale.
L’époque a changé et les politiques mises en place par les villes n’y ont pas été pour rien. Les comportements dans le domaine de la mobilité ont indiscutablement commencé à évoluer dans la plupart des agglomérations françaises. Des changements qui ont marqué une rupture, avec une baisse du nombre de déplacements et de l’usage de la voiture.
Ainsi, pèle mêle, le nombre de véhicules comptabilisés en entrée de ville à Strasbourg a chuté de 36 % entre 1999 et 2016. À Paris, la circulation automobile a diminué de 43 % entre 1992 et 2015. Idem sur le territoire de Bordeaux métropole comptant 28 communes et 761 000 habitants où 64 % des trajets s’effectuaient en voiture en 1999, et 59 % dix ans plus tard.
La messe serait donc dite. Sauf que non. Il y a une autre réalité. Si la circulation automobile diminue dans les centres-villes, la périurbanisation galopante entraîne une augmentation des trajets automobiles. La circulation est en hausse dans le périurbain. Le constat est national. Dans les franges urbaines et les espaces ruraux, l’utilisation de la voiture continue de s’amplifier, tout comme les distances parcourues et le temps passé à se déplacer.
Les habitants des agglomérations de 20 000 à 100 000 habitants déclarent avoir augmenté l’usage de leur véhicule de 14 % ces dernières années. Une progression qui atteint 18 % en zone rurales émergentes. Et ce rebond s’observe aussi dans de nombreuses villes européennes, en particulier allemandes.
Et pour cause : : la croissance urbaine – les emplois, l’activité économique – continue à s’effectuer en périurbain et autour de l’automobile. Dans beaucoup de villes moyennes, les administrations et les services publics ont été délocalisés en périphérie.
Étudiant de près cette question, Vincent Kaufmann, directeur du laboratoire de sociologie urbaine à l’École polytechnique fédérale de Lausanne apporte aussi un éclairage social inquiétant sur ce qui se met en place : « on a beaucoup dit que l’image de la voiture s’est ternie, c’est sans doute vrai dans certains milieux aisés », observe-t-il. « Mais elle demeure un marqueur social important pour beaucoup de gens. » À méditer…
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