Marché moto, où va-t-on? Entre le rouge et le noir...

Crise, répression omniprésente, chûte du pouvoir d'achat, gammes qui ont du mal à se renouveler… le bilan 2012 est mauvais et 2013 semble lui emboiter le pas… en pire. Y a-t-il un bout à ce tunnel ? Euhhhhhhhhhhh…

2012 a enregistré une chute de 14 990 deux-roues neufs avec un total de 158 106 immatriculations soit une baisse de presque 8,7% par rapport à l'année précédente. C'est loin d'être folichon d'autant plus que 2011 était déjà une mauvaise année avec une diminution de 8,6% face à la précédente. Soyons positif la dégringolade est pour le moins régulière… À y regarder de plus près ça fait cinq ans (passant de 237 695 immat' neuves à 200 017 puis 185 609, 173 096 et enfin 158 106) que le monde de la moto morfle grave sa r… comme disent les d'jeuns ou est en difficulté pour être politiquement correct.

Et dans ce marasme économique tout le monde, toutes les catégories, toutes les cylindrées sont touchées, plus ou moins violemment avec, pour la plus belle claque, Suzuki qui souffre d'une gamme trop vieille qui n'arrive plus à séduire. Quelle tristesse d'autant plus qu'on leur doit une machine mythique qui, à son époque, a bouleversé les esprits (dont le mien) avec sa célèbre GSXR. Où en sont en 2013 ces 4 lettres mythiques ? No comment !

Et ceux qui ont sauvé les meubles en 2012 comme BMW se prennent une fessée en ce début d'année avec une baisse de 27% en février dernier. C'est aussi rassurant qu'une plaque de verglas à l'intérieur d'un virage.

EFFORT DE GUERRE

Pas facile d'investir lorsque les finances d'un groupe sont en berne… c'est pourtant ce que préconisent les spécialistes, mêmes spécialistes qui promettent une continuité du gadin jusqu'à au moins fin 2014. Il ne reste plus qu'à sortir les rames ou à se mettre au vélo...

Si l'on regarde de plus près il est vrai que les modèles actuels ne sont pas des plus innovants mais lorsque l'un d'eux l'est il est généralement bien accueilli par le public, à l'exemple de Triumph qui progresse en ce début d'année, alors que l'anglais n'était pas à la fête en 2012 (-16%).

Et les différents subterfuges des constructeurs avec leurs remises et autres aides à l'achat n'y changent pas grand chose.

Pourtant, il y a de quoi faire ! Taux de crédit de 0,9% chez Honda, bons plans chez Suzuki, 4 ans de garantie et d'assistance et 1 mois d'assurance offerte pour un euro de plus chez Kawasaki, offre de financement à 3,95% cumulé à des prix alléchants chez Yamaha, avantages clients chez BMW, Triumph et KTM, taux de financement de 1,90% chez Ducati, tous rivalisent d'ingéniosité pour vous aider à passer l'une des portes de leur concession.

À COURT TERME

Les effets de manche, promos et autres crédits séduisants ne sont apparemment pas encore suffisants à en croire les chiffres de vente… d'autant plus que le nombre de nouveaux conducteurs atteint un record dépassant les 120 000 nouveaux permis… ça en fait des postulants pour une future acquisition. Mais où sont-ils donc ces nouveaux motards fraichement émoulus ? On cherche encore. Du côté de l'occasion peut-être (à moins que cette concentration de nouveaux papiers roses ne soit en somme qu'une peur (ou inquiétude) du nouveau permis européen (A2) entré en vigueur le 19 janvier dernier…) ? Nous allons y revenir mais avant ça revenons à nos moutons ou plutôt à nos promotions, qui hélas ont une DLC limitée dans le temps, excédant rarement les deux mois. On dit souvent que la rareté fait la valeur d'un bien, la moto ne fait pas exception à la règle, d'autant plus que ces remises sont le moyen des constructeurs de faire baisser leur stock d'invendus.

« Moto en stock, belle promo. Moto bien vendue pas de promo en vue ». Tel pourrait être le dicton du jour qui n'est pas sans conséquence puisqu'il influe directement sur le marché de l'occasion en le cannibalisant.

Je m'explique. Les primes agressives des constructeurs arrivent à faire baisser suffisamment les tarifs des machines neuves à tel point que ces dernières peuvent parfois rivaliser avec les occas' ce qui arrive au final à changer le comportement des acheteurs. Ces derniers partant plus à la conquête d'un prix que d'une marque, d'un modèle ou même d'une cylindrée…

RFA

Ou "remise de fin d'année" allouées par les importateurs. Grââl de tou concessionnaire qui se respecte, la RFA est attendue comme un super-héros capable de redresser la barre. Mais elle influe également directement sur les ristournes que vous pourrez ou non obtenir.

En effet si les promos de fin d'année ne suffisent pas à l'écoulement des stocks les vendeurs n'auront pas le choix et devront limiter la casse et faire de la place afin d'accueillir les nouveaux millésimes. C'est à ce moment précisément que les bonnes affaires se font ressentir si toutefois vous n'êtes pas regardant sur l'année de votre monture, mais pourquoi serait-ce un problème si le modèle en question ne subit pas de profondes transformations ?

Pour la revente me direz-vous ? Pas vraiment puisque vous l'aurez acheté moins cher et même bénéficié d'une reprise si vous êtes chanceux ou quelques équipement et/ ou accessoires si la négociation est votre seconde nature…

LE SALUT VIENDRA DE L'OCCAS'… OU PAS !

Le marché de l'occasion redonne quelque peu espoir avec des chiffres flirtant avec les 612 000 achats enregistrés l'année dernière. Pas mal vu la m… dans laquelle le marché se trouve actuellement. Comment expliquer ces transactions pratiquement quatre fois plus nombreuses ? Par la crise pardi… j'y crois qu'à moitié. L'autre explication ne serait-elle pas moins terre à terre… plus passionnelle ? C'est du domaine des possibles avec des millésimes qui font moins rêver (par peur de dire plus du tout !) le motard se replie alors vers les gloires d'antan et le retour en force des Youngtimers nommés Stinger, XT500, CBX, 888 etc...

Les modèles s'essoufflent, les coups de crayon des designers se font moins sûrs, moins incisifs et les réelles nouveautés sont de l'ordre des chimères ! Et lorsqu'un VRAI nouveau modèle sort, il se vend, comme par exemple chez KTM avec sa nouvelle version de 690 Duke qui enregistre une progression de plus de 300%. Il en sera de même pour le NC700 qui prend la tête de sa catégorie avec 1 177 unités écoulées. Le haut de gamme ne semble pas non plus être touché quand il se mixe avec la nouveauté, c'est ce que nous confirme Ducati avec sa Panigale qui arrive à prendre la seconde place du palmarès des sportives, pas mal vu son prix élitiste proche des 19 000 euros pour la version « du pauvre »… ça laisse rêver, d'autant plus que si l'on fait le parallèle avec notre cousine l'automobile les modèles haut de gamme ne souffrent que très peu de la crise…

Les motards semblent en avoir marre des nouveautés qui n'en sont pas et demandent d'être surpris pour de vrai… comme à l'époque des Z, R1, CBR900, GSXR 750, T-Max, MP3, Monster, GS, Daytona et j'en passe…