Les ventes de voitures électriques font-elles baisser la consommation de pétrole ?
L'INFO DU JOUR. La réponse est probablement positive, même si la différence ne réside encore qu'à la marge. En cause, le report massif des ventes du diesel vers les moteurs à essence.
Les ventes de carburant routier ont baissé de 0,4% l'an dernier en France. PHOTOPQR/SUD OUEST/MAXPPP
L’électrification du parc automobile progresse régulièrement, et on peut légitimement penser qu’il s’agit d’une bonne nouvelle pour la qualité de l’air, notamment en agglomération. Les modèles à batterie représentaient 2,2% du parc automobile tricolore au 1er janvier 2024 (869 000 voitures particulières sur un total de 39,3 millions), et il s’en est écoulé 291 000 au cours de l’année, ce qui signifie que le cap du million est désormais largement passé.
Seulement voilà, l’incidence sur la consommation globale de carburant routier reste encore bien marginale, comme le montrent les chiffres tout juste publiés par Ufip Énergies et Mobilité: "Sur l’ensemble de l’année 2024, les livraisons de carburants routiers sur le marché français se sont établies à 47,808 millions de m3, en baisse de 0,4 % par rapport à l’année 2023 (48 millions de m3). Elles ne sont plus en retrait que de 4,5 % par rapport à 2019 (avant covid)", indique l’organisme. "Les livraisons de supercarburants sans plomb affichent une hausse 7,1 % par rapport à 2023 enregistrant 14,7 millions de m3 alors que les livraisons de gazoles ont baissé de 3,4 % pour atteindre 33,1 millions de m3. Ces chiffres confirment la poursuite du basculement d’une partie des consommations de gazoles sur les essences."
Moins de particules, mais plus de CO2
La distribution de gazole baisse donc bel et bien, mais c’est logique dans la mesure où la décrue des ventes a débuté depuis plusieurs années déjà. Les voitures diesel n’ont représenté que 7,3% des ventes de voitures neuves l’an dernier, soit dix fois moins qu’en 2012 (72,9%). Cela montre au passage que le vent peut tourner de façon assez spectaculaire en automobile : il y a treize ans, peut d’entre nous auraient misé sur un tel dévissage du diesel tout-puissant!
On assiste en conséquence aujourd’hui à un report des consommation vers les supercarburants, lesquels présentent un net avantage en matière d’émissions de particules (entre autres), mais qui du fait d’un bilan énergétique défavorable par rapport au diesel émettent bien davantage de CO2, ce qui n’est pas bon pour le réchauffement climatique.
Cette dé-dieselisation du parc a donc un effet pervers, mais on peut tout de même essayer de voir le verre à moitié plein: sans les 1,1 million de voitures électriques, probablement la consommation de pétrole irait-elle augmentant très fortement, à rebours des objectifs climatiques des pouvoirs publics français et européens.
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