Les nouvelles Lotus tuent une deuxième fois Colin Chapman
L’électrification a été pour Lotus l’occasion de monter en gamme… et en poids ! Les petites sportives ultralégères et abordables qui ont fait la réputation de la marque appartiennent désormais au passé.
Au Mondial de Paris 2010, c’est le choc sur le stand Lotus. Sous l’impulsion de son PDG de l’époque, Dany Bahar, la marque d’Hethel expose une ribambelle de voitures de sport, toutes plus puissantes, luxueuses et exclusives les unes que les autres. Leur but ? Concurrencer Porsche et Ferrari. D’ailleurs, des cerbères encore plus tâtillons que ceux des chevaux cabrés limitent vigoureusement l’accès à ces concepts, histoire de bien faire comprendre aux journalistes que Lotus, c’est désormais ultra-exclusif.
Les passionnés de la marque rejetteront massivement ces cinq projets qui ont coûté une fortune, dont aucun ne verra le jour. Bahar sera d’ailleurs limogé en 2012. Son idée faisait pourtant sens : proposer des modèles bien plus rentables que les sportives ultralégères (les Elise et Exige) alors proposées. Sauf que la plus luxueuse Evora, également dans la gamme, ne se vendait déjà guère…
Par la suite, Lotus va continuer pendant longtemps à produire ses admirables biplaces au châssis en alu pendant bien des années, sans toutefois disposer des fonds pour les renouveler totalement. Elles se moderniseront en superficie, pour le plus grand plaisir des puristes mais au grand dam des financiers. En 2017, le chinois Geely prend le contrôle de Proton, propriétaire de Lotus, et par la même, celui de la marque fondée pat Colin Chapman. Plus question de finances flageolantes ! Le Light is right cher à ce dernier va voler en éclats.
Cela débute en 2020 avec l’hypercar électrique Evija, pesant 1 700 kg, se poursuit en 2021 avec la suppression des Elise/Exige, vaguement remplacées par l’Emira (un coupé thermique 1 405 kg) et débouche tout récemment sur un SUV à batteries Eletre affichant carrément 2 565 kg (au minimum !) sur la balance… Pire, ces autos coûtent au minimum 100 000 €, donc les amateurs pas forcément argentés qui ont fait son succès ne sont plus dans les petits papiers de Lotus. Pour être poli.
En réalité, le constructeur anglais fait comme les autres : profiter de l’électrification pour gonfler outrancièrement ses prix. Le tout, sans soucier le moins du monde de l’impact sur la planète, car ses autos désespérément lourdes sont voraces en ressources naturelles. Et pas intelligentes du tout dans leur conception. Peut-on lui en vouloir ? Oui et non. Déjà, le passage à l’électrique est incontournable, par la faute de normes européennes insensées. Ensuite, avoir un SUV vache à lait dans sa gamme a, par exemple, permis à Porsche de démultiplier ses bénéfices. D’ailleurs, Lotus avait exposé le sien, sous la forme du concept, l’APX en 2006.
Mais, au moins la marque de Zuffenhausen a-t-elle pris soin de respecter son ADN en continuant de proposer le type de sportive qui a fait sa réputation. Et ça, Lotus s’en moque complètement. Le constructeur anglais aurait pu proposer une auto légère, rivale de l’Alpine A110, voire s’inspirer de la Tesla Roadster (1 358 kg pour une autonomie électrique record en 2008 de 370 km) qu’elle a pourtant produite. Il n’en est rien : les supercars de Bahar annonçaient vraiment l’avenir ! Désormais, la devise de Lotus pourrait être : Fat is right…
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