Les concept-cars, victimes collatérales des copies chinoises
Les constructeurs du monde entier souhaitent s'implanter en Chine, premier marché automobile mondial, mais il est compliqué de prendre pied dans l'Empire du Milieu. Outre l'obligation d'être partenaire d'une marque locale, il faut de plus faire face à la pratique très courante qu'est la copie contre laquelle ils ne peuvent que très difficilement lutter.
Marcher dans les allées du Salon de Shangaï 2017 doit probablement donner l'impression d'être entré dans une dimension parallèle, avec des stands de marques inconnues en Europe mais présentant tout de même des modèles aux lignes familières. L'exemple le plus parlant est le LandWind X7 ressemblant à s'y méprendre au Range Rover Evoque.
D'autres constructeurs locaux semblent avoir pioché l'inspiration un peu partout, comme Zotye qui présente parallèlement le T600 jumeau du Volkswagen Tiguan, le SR9 pouvant difficilement cacher un air de famille avec le Porsche Macan ou encore la E200 à ne pas confondre avec une Smart ForTwo. On pourra aussi citer le Lifan Xuanlang, qui a tout d'un Ford S-Max rebadgé, ou le concept de SUV électrique de Hanteng pouvant facilement passer pour un Jaguar I-Pace en terminant par l'A6 de JAC qui n'a même pas la décence de changer de nom par rapport à sa source d'inspiration de chez Audi.
Ces copies plus ou moins grossières prêtent évidemment à sourire mais c'est pourtant un sujet grave pour les constructeurs. D'abord parce qu'ils peuvent dépenser jusqu'à plus d'un milliard d'euros pour développer un nouveau modèle depuis le premier coup de crayon jusqu'à l'arrivée dans la concession et qu'il n'existe pas de loi internationale sur les droits d'auteur. Il existe bien une protection des œuvres à l'échelle mondiale selon la Convention de Berne mais la copie, même la plus évidente, reste extrêmement difficile à prouver devant un tribunal.
Et c'est encore une autre paire de manches en Chine. Pour y être reconnu, peu importe qu'il le soit ailleurs, la propriété d'un design doit être enregistrée localement, ce qui veut que si un constructeur dépose le dessin de votre voiture avant vous, il lui appartient légalement. Un détail qu'ignorait visiblement Land Rover à la sortie de l'Evoque en 2011 et qui a aujourd'hui toutes les peines du monde à obtenir gain de cause dans sa plainte déposée en juin 2016 contre Jiangling Motor, actionnaire principal de LandWind, pour le X7 commercialisé en 2015. Et le deuxième volet de la plainte, portant sur la concurrence déloyale, devrait aussi difficilement aboutir, LandWind arguant que son X7 à 129 000 yuans (environ 16 500 €) ne lutte pas dans la même catégorie que l'Evoque démarrant à 448 000 yuans (environ 57 000 €).
Pour lutter contre ce fléau, Land Rover a donc décidé de prendre des chemins détournés en réduisant considérablement ces dernières années le nombre de ses concept-cars préfigurant ses modèles définitifs afin de ne pas donner un coup d'avance aux copieurs. Il faut ainsi remonter à 2014 pour retrouver l'un des derniers, le Discovery Vision, le Range Rover Velar n'a pas eu droit au sien, tout comme le remplaçant du Defender attendu en 2019.
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