Le top 10 de la Monterey Car Week : prix astronomiques, mais….
Festival automobile le plus chic du monde, la Monterey Car Week accueille, outre le concours d’élégance de Pebble Beach, des ventes aux enchères regroupant quelques-unes des voitures les plus prestigieuses et chères qui soient. Toutefois, les résultats sont un peu décevants en 2024.
Chaque année, aux alentours du 15 août se tient en Californie la semaine automobile la plus prestigieuse du monde. Concours d’Elégance de Pebble Beach, rallyes en anciennes, animations, le programme est varié. Et très cher. En parallèle ont lieu des ventes aux enchères où sont présentées quelques-unes des voitures les plus incroyables et chères de l’Histoire.
Entre les 15 et 17 août derniers, les maisons Bonhams, Broad Arrow, Gooding & Co, Mecum et RM Sotheby’s ont proposé des voitures dont l’écrasante majorité d’entre nous ne peut que rêver, leurs prix pouvant cumuler les dizaines de millions de dollars. Par le passé, des records absolus y ont été battus. Par exemple, en 2018, une Ferrari 250 GTO a été adjugée 42,57 millions de dollars par RM Sotheby’s. Mais, en 2024, rien de tel : les modèles proposés n’étaient pas du genre à atteindre ce genre de montant.
Cette année, la timbale a été décrochée par RM Sotheby’s, qui a écoulé une Ferrari 250 GT California SWB à 17 055 000 $. Il faut aller au-delà du tournis que donne cette somme : elle est simplement en phase avec les estimations, donc n’a rien d’un record. Ce, alors que cet exemplaire est important puisque c’est le 1er fabriqué, exposé de surcroît au salon de Genève 1960. De plus, il conserve toute sa mécanique d’origine et n’a jamais été vu en vente publique auparavant, donc on pouvait imaginer une enchère gagnante encore plus haute encore. Artcurial conserve le record pour ce type de Ferrari avec son exemplaire non restauré adjugé lors de la vente Baillon en 2015 (16 288 000 €).
Suit une Alfa Romeo 8C 2900B Lungo Spider de 1938, signe que les avant-guerres exceptionnelles peuvent occuper le haut de l’affiche. Ce spider est l’un des cinq carrossés par Touring encore existants : une authentique rareté. Il a été volé en 2022 puis retrouvé en 2023, ce qui ajoute encore à son mythe. La maison Gooding & Co l’a attribué pour 14 030 000 $, contre des estimations comprises entre 16 et 20 millions de dollars. Comme quoi, même pour ce genre de lot exceptionnel, il reste de la place pour les négociations…
En troisième position pointe une autre Ferrari, une 410 Sport Spider de 1955. Cette voiture de course a été pilotée par Carroll Shelby, et profite d’une carrosserie spécifique due à Scaglietti. Une pure splendeur, dotée de son moteur d’origine et d’un palmarès intéressant. Présentée par RM Sotheby’s, cette Ferrari n’a pas atteint non plus son estimation basse, établie à 15 millions. Elle est partie pour 12 985 000 $.
En quatrième position apparaît une auto de course mythique s’il en est, une Ford GT40 Lightweight. Fabriquée en 1969, elle profite d’un palmarès en compétition mais conserve, chose rare pour ce genre de voiture, sa carrosserie, son châssis et sa mécanique d’origine. Ce qui explique son gros prix, la maison Mecum l’ayant adjugée à 7 865 000 $, le troisième montant le plus élevé pour une GT40.
C’est une autre voiture de course qui s’empare de la cinquième place, l’une des neuf Porsche GT1 compétition-client, celle-ci étant de 1997. Engagée par l’écurie Rohr Racing, dont elle conserve les couleurs flashy, elle a engrangé 5 victoires en championnat IMSA GTS-1. Très rare en enchères, la GT1 est très recherchée, mais si celle-ci a réalisé un gros prix de 7 045 000 $ chez Broad Arrow, elle aussi reste sous l’estimation basse de 8,5 millions de dollars…
Une seconde Ferrari 250 GT California pointe à la sixième place, mais celle-ci, de 1959, est en châssis long, moins prisé que le court. Par ailleurs, elle se passe des projecteurs carénés, mais profite d’un joli historique : elle apparait dans le film franco-italien Pas folles, les mignonnes en 1968. Elle a ensuite appartenu au pilote Jo Siffert. Pas parfaite (restauration ancienne), elle est partie pour 5 615 000 $ chez RM Sotheby’s.
Il faut attendre la septième place pour voir arriver un record du monde. Il revient à une Ferrari (encore !), mais youngtimer cette fois : une F50. La cote de cette supercar des années 90 (celle-ci date de 1995) n’en finit pas de grimper, surtout aux USA où elle a été très peu diffusée. Aux normes américaines, celle-ci n’a parcouru que 8 600 miles (13 850 km), autant dire qu’elle coche toutes les cases pour un gros prix : 5 505 000 $. On a dû se réjouir chez RM Sotheby’s, surtout que pour une fois, l’estimation haute (5 millions) a été dépassée.
Sacrée série pour RM Sotheby’s, qui place encore une voiture dans ce top 10, une Ferrari de plus, à la huitième place. Il s’agit d’une très appréciée 275 GTB/4 de 1967, aux couleurs de l’écurie NART de Luigi Chinetti. Initialement, elle était en configuration route mais profitait déjà de la rare carrosserie en aluminium. Après l’avoir achetée neuve à Chinetti, son premier propriétaire la lui a revendue et elle a été préparée pour la compétition. Elle a pu s’engager aux 24 Heures de Daytona, où elle a remporté une victoire de classe. Prestigieux ! Elle est pourtant partie juste dans ses estimations (5 à 7 millions de dollars) : 5 285 000 $.
Gooding emporte la neuvième place de ce classement avec, vous l’aurez deviné, une Ferrari. De course. Construite par Dallara, cette 333 SP Evoluzione de 1995 a connu une riche carrière en Endurance, aux Etats-Unis (Daytona – abandon, Sebring – 4e place, Atlanta, Halifax...), mais aussi en Europe. En effet, elle a fait la pole aux 24 Heures du Mans 1996, mais a dû abandonner au 208e tour. L’année suivante, elle terminait 6è à l’épreuve sarthoise. Fabriquée à quarante unités, la 333 est très rare en enchères, et pourtant, celle-ci, malgré son palmarès, n’a pas atteint son estimation basse de 6 millions de dollars. 5 120 000 $. Négociations, toujours...
A la 10è place de ce top surgit une autre voiture de course frappée du cheval cabré, mais badgée Porsche cette fois. Et pas n’importe laquelle : la première 935 jamais fabriquée. Dotée du nez plat Flachbau, cet exemplaire de 1976 a servi au développement du modèle avant de remporter des victoires en course, notamment aux 6 heures Dijon aux mains de Jacky Ickx et Jochen Mass. Dotée d’un historique riche et bien restaurée, elle n’a pourtant pas, elle non plus, atteint son estimation basse de 4,5 millions de dollars. 4 295 000 $.
Globalement, à en croire Hagerty, les résultats sont en dents de scie. Si une grosse douzaine de voitures ont battu un record, bien d’autres, comme on vient de le voir, sont parties sous leur estimation basse, et cela concerne notamment le haut du marché. Dans ce compartiment, plus que jamais, les acheteurs sont très sélectifs, ce qui peut refléter la nervosité des cours de bourse en ce moment.
Quoi qu’il en soit, le total cumulé des enchères à Monterey atteint 391,6 millions de dollars, soit une légère baisse de 2,9 % face à 2023 : pas de quoi paniquer, le marché reste haut et solide. Même si elles enregistrent des résultats contrastés, les Ferrari occupent toujours le haut du panier.
Celles fabriquées du vivant du Commendatore ont un peu de mal à partir (Gooding n'a pas vendu sa 250 GT California SWB), contrairement aux plus récentes (on l’a vu avec la F50, mais une 599 GTB manuelle de 2007 a réalisé la bagatelle de 786 000 $ chez RM), ce qui reflète le rajeunissement des acheteurs.
Celui-ci a pour effet de booster les valeurs de modèles des années 80 à 2000, dont certains ont battu des records. On pense à la Lamborghini Murciélago LP640 Roadster de 2008 partie pour 1 352 500 $ chez RM Sotheby’s (10 000 km compteur), à la RUF CTR2 de 1998 adjugée 2 095 000 $ chez Broad Arrow, ou encore à la Mercedes-Benz 560 SL de 1989 partie pour 260 400 $ chez cette même maison. Elle n’a que 122 miles au compteur : le genre de détail qui rend fous les acheteurs.
Enfin, n’allez pas croire que ces ventes se réservent aux super-riches : on pouvait, chez Gooding, repartir au volant d’une jolie Alfa Romeo Giulietta Sprint de 1959 pour 38 080 $, et chez Bonhams, à 22 400 $, on s’offrait une Dodge Challenger SRT8 de 2008 en très bel état mais dépassant un peu les 100 000 km. Bien moins chère qu’en France…
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