Le passager en voiture, à la fois élément de sécurité et de danger
La dernière étude de Vinci portant sur le comportement des conducteurs le confirme : les Français sont encore nombreux à avoir des attitudes dangereuses au volant. Elle nous apprend aussi que le passager peut inciter le conducteur à être prudent... ou peut avoir une mauvaise influence.
La Fondation Vinci a publié la 8e édition de son "Baromètre de la conduite responsable". Les résultats ne sont guère surprenants, puisque comme toutes les études de ce genre, celle-ci confirme que les Français sont loin d'être… responsables au volant.
1 000 personnes ont été sondées. 91 % avouent dépasser les limitations de vitesse, 75 % ne respectent pas les distances de sécurité, 63 % doublent ou tournent sans mettre le clignotant, 58 % ne ralentissent pas à l'approche d'une zone de travaux. Pire, 17 % peuvent prendre le volant alors qu'elles ont dépassé la limite d'alcool autorisée… et 7 % ont conduit alors qu'elles ressentaient les effets de la boisson.
Il y a toujours les paradoxes propres à ce type d'enquêtes. Les Français multiplient les mauvais comportements au volant, tout en étant conscients de leur dangerosité. Ainsi, 9 sondés sur 10 se disent prêts à ne plus jamais conduire en ayant consommé de l’alcool pour faire baisser la mortalité routière.
Surtout, le summum de la contradiction, c'est le fameux "le danger, c'est l'autre, pas moi". La quasi totalité des sondés emploie un adjectif positif pour décrire sa conduite, notamment vigilant (76 %). Seulement 3 % se voient comme agressifs, 1 % s'avoue irresponsables et aucun ne se dit dangereux. Mais quand il faut qualifier les autres, c'est une autre histoire. 49 % les jugent irresponsables, 44 % dangereux et 29 % agressifs.
Dans le même genre, les Français sont de plus en plus conscients des dangers de l'inattention. Pour 55 %, soit 7 points de plus en deux ans, c'est une des principales causes d'accidents mortels. Mais 26 % avouent envoyer ou lire des SMS en conduisant, 21 % téléphoner sans kit réglementaire...
44 % téléphonent avec un kit réglementaire et 28 % touchent le GPS une fois sur la route. Des gestes autorisés, mais qui peuvent détourner l'attention et mal se terminer. Certains diront que s'il fallait les empêcher, il faudrait alors bannir la radio des voitures... voire interdire la conversation avec un passager. C'est d'ailleurs la partie la plus intéressante de l'étude de Vinci, qui s'est focalisée sur le rôle du passager. Est-ce un perturbateur ou au contraire une forme humaine d'assistance à la sécurité ? Vous vous en doutez, c'est un peu tout cela à la fois.
Parmi les sondés, dans le rôle du passager, 85 % ont déjà signalé au conducteur qu'il dépassait la limitation de vitesse et lui ont demandé de ralentir, 77 % l'ont incité à faire une pause après deux heures de conduite, 69 % lui ont demandé de ne pas répondre au téléphone en conduisant, 63 % l’ont incité à se rabattre sur la voie de droite lorsqu’il reste sur la voie du milieu sur autoroute.
Mais l'inverse est aussi valable. 30 % admettent qu’il leur arrive d’encourager le conducteur à se garer en double file quelques minutes, 25 % de refuser qu’il s’arrête ou prolonge la pause pour ne pas perdre de temps, 20 % de l’inciter à accélérer pour arriver plus rapidement. On constate que ce sont généralement les femmes qui invitent le plus à la prudence.
Pour Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes, "de nombreux conducteurs ont spontanément une vision très autocentrée, voire narcissique, de leur propre conduite qui s’accompagne d’un sentiment de toute puissance. Le passager, au contraire, peut-être parce qu’il est plus exposé au sentiment de vulnérabilité, a naturellement un regard plus critique sur la conduite". L'influence du passager n'est toutefois pas majoritaire : 58 % des sondés déclarent qu'ils ne font ni plus ni moins attention au volant s'ils sont accompagnés.
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