Historique: les eurodéputés votent la fin du moteur thermique en 2035
Pierre-Olivier Marie , mis à jour
Les eurodéputés ont aujourd'hui validé la fin de la vente des voitures neuves essence, diesel et hybrides à l'horizon 2035. C'en sera aussi fini pour l'hybride rechargeable.
Mise à jour de 20h05.
Au terme d’une âpre bataille ce mercredi, le Parlement européen a voté en faveur de l’interdiction des véhicules neufs à moteur thermique et hybride à l’horizon 2035.
En effet, seuls seront alors proposés des véhicules « zéro émission » sur le marché du neuf, alors même que les parlementaires du PPE (la droite pro-européenne, première force au Parlement), soutenus par une partie des constructeurs automobiles (notamment dans le haut de gamme), voulaient limiter à 90% la baisse des émissions automobiles à cet horizon. Les 10% restants auraient permis de continuer à écouler des motorisations hybrides rechargeables.
Ces mesures s’inscrivent dans le cadre l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, sachant que les voitures représentent aujourd’hui 12% des émissions de CO2 dans l'Union Européenne.
«Nous fixons un cap clair à l'industrie en soutenant la fin des moteurs thermiques en 2035, une victoire importante et cohérente avec l'objectif de neutralité carbone pour 2050», a déclaré l’eurodéputé français Pascal Canfin, président de la commission Environnement au Parlement.
D’autres discussions doivent encore avoir lieu durant l’été entre la Commission, le Parlement et le Conseil, mais le processus voté aujourd’hui apparaît désormais irréversible
Article publié ce mercredi à 12h00:
Le moteur thermique est subclaquant : la question n’est pas de savoir s’il va disparaître, mais à quelle échéance.
C’est précisément l’enjeu de la réunion du Parlement européen, aujourd’hui et demain à Strasbourg, dans le cadre de l’examen du « paquet climat », ensemble de lois qui a pour ambition de parvenir à la neutralité carbone en Europe en 2050.
La mesure la plus spectaculaire concerne l’interdiction possible de la vente de véhicules thermiques neufs en Europe en 2035, et l’enjeu consiste à déterminer si TOUS les modèles seront concernés ou si une marge de 10 à 15% serait tolérée de façon à complaire aux constructeurs de véhicules haut de gamme, allemands et italiens notamment. Ceux-ci pourraient ainsi continuer à produire de puissants modèles hybrides rechargeables.
Les législateurs italiens défendent ainsi une exemption pour les constructeurs de voitures de luxe à travers ce qui est surnommé « l’amendement Ferrari. »
Il faut donc s’attendre à un vote serré ce mercredi. Pascal Canfin, président de la commission Environnement du Parlement européen, estime en en tout cas qu’il serait "très étrange et sans précédent" que le Parlement européen entame des négociations avec un niveau d'ambition inférieur à celui des États membres.
Et l’eurodéputé macroniste d’estimer que si les objectifs d'émissions des voitures sont édulcorés, il en ira ensuite de même avec les normes à venir pour les camions et l'aviation, avec pour conséquence l’impossibilité d’atteindre l’objectif carbone de 2050.
On saisit donc la difficulté que posera l’application de ces mesures mises au vote cet après-midi, sachant que 2035 arrive à grand pas et que tous les constructeurs n’avancent pas à la même vitesse sur le dossier.
Le groupe franco-italo-américain Stellantis, pour ne citer que lui, a déjà annoncé son intention de ne plus vendre de modèle thermique en Europe dès 2030, devançant ainsi le législateur, qui ne réclame à cette échéance « que » 55% de baisse des émissions de CO2 (sous peine de devoir régler de fortes amendes), avant les 100% en 2035.
Pour l’automobiliste, la transition s’opèrera malgré tout dans une relative douceur dans la mesure où la mesure ne concerne que les véhicules à moteur thermique ou hybride neufs. De fait, les véhicules produits avant 2035 pourront bien sûr continuer à circuler au-delà de cette échéance.
Le marché de l’occasion n’est quant à lui pas directement concerné par ces mesures, si ce n’est que les modèles thermiques seront de plus en plus difficiles à revendre compte tenu des contraintes légales pesant sur eux, avec notamment la mise en place des Zones à faibles émissions (ZFE) dans les grandes villes.
Cela risque d’être plus difficile pour les industriels, déjà engagés dans une refonte en profondeur vers l’électrification. Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, les a toutefois appelé récemment à continuer de produire et d’exporter leurs modèles thermiques, lors d’une rencontre avec des représentant des constructeurs : « J'incite l'ensemble de l'écosystème automobile, d'une part à assurer la transition électrique afin d'être prêt pour 2035 (dans l'UE), mais aussi à continuer à exporter des véhicules thermiques ou hybrides dans les pays qui en auront encore besoin pendant de nombreuses années ou décennies. »
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