Le boîtier connecté : ce mouchard qui vous veut du bien
Il va bien falloir s’y résigner : la voiture de demain ne sera plus cette complice docile menée au doigt et à l’œil, témoin muette de vos pulsions les plus secrètes. D’abord, elle ne vous laissera plus la conduire. Mais en attendant l’aliénation complète, ladite automobile se fait juge de votre comportement, vous positionne dans l’espace et le temps pour mieux moucharder au premier demandeur venu. Enfin presque. Parmi eux, les assureurs, qui jurent que c’est pour le bien de vos cotisations.
C’est ainsi. Vous pensez encore que la boîte noire n’existe pas dans votre voiture, mais pourtant, elle est déjà bel et bien en fonction. Le boîtier y est, il est accessible par la fiche diagnostique et on sait qu’en cas d’accident, les autorités peuvent en extraire toutes les informations utiles à l’enquête. Mais aussi remonter dans le temps et vous donner une appréciation de bonne ou mauvaise conduite. Au sens littéral du terme.
Une somme d’informations, un tas de données que les assureurs ont aussi décidé de s’approprier. Bienvenue dans le monde du « pay-as-you-drive », un concept apparu au début du siècle et qui avait été retoqué par la Commission Nationale Informatique et Libertés. Trop intrusif à l’époque, il semblerait qu’il trouve à présent amende honorable. Les philosophies d’emploi et la technique ont-elles à ce point progressé ?
On l’espère car la machine est en marche. Avec ce credo : un mouchard dans votre voiture et c’est une cotisation d’assurance qui baisse. Ou, à tout le moins, on paye le juste prix. On dépasse ici le simple relevé du kilométrage au départ. L’accélération, le freinage, la prise de virage, et l’allure sont maintenant disséqués par le boîtier. Certaines assurances proposent carrément un boîtier connecté qui se branche soit sur la prise diagnostic du véhicule, soit pour les plus anciens sur la batterie. Un accessoire qui a un GPS, un accéléromètre, une carte SIM. Un dispositif qui permet aussi de tracer le conducteur. Mais les intéressés assurent être respectueux de la vie privée des clients.
En effet, ces offres, qui peuvent faire baisser dans certains cas de 50 % la cotisation mensuelle, ont été construites avec la CNIL, et les juristes ont défini ce qu’on a le droit de faire ou pas. Ainsi il n’est pas possible de garder la position GPS plus de trois mois si l’on ne s’en sert pas pour offrir un service. Pour un véhicule volé, le client va vouloir déclencher le suivi du véhicule, mais hors ce moment-là, la position n’a pas le droit d’être activée dans l’offre pay-as-you-drive. Le principe acquis est le suivant : tant que l’utilisation de la donnée est justifiée par un service souscrit, le boîtier peut remonter toute sorte d’information.
Maintenant, l’ensemble de ces données vont aussi ouvrir de nouvelles perspectives : on peut imaginer demain de proposer des offres de covoiturage si bien que des synergies s’installent avec différentes start-ups pour faire, notamment, du covoiturage domicile/travail. Reste que ce qui est techniquement possible n’est pas encore tout à fait jugé comme socialement souhaitable dans notre verte contrée. Les offres liées à la surveillance rapprochée de la conduite et des déplacements démarrent doucement en France alors qu’aux États-Unis, au Royaume-Uni, ou encore l’Italie, elles sont en pleine expansion.
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