Lancia Delta (1979-1993) - La 1re compacte premium de l’Histoire dès 3 000 €
La Lancia Delta fête ses 40 ans. On la connaît surtout pour les 6 titres qu’elle a remportés en championnat WRC, mais son véritable intérêt historique est ailleurs : elle a inventé la catégorie des compactes premium !
Si la Fulvia a disparu en 1972, Lancia ne lui donne une remplaçante qu’en 1979 : la Delta. Reprenant la plate-forme de la Fiat Ritmo, lancée l’année précédente, la Delta s’en distingue par ses suspensions bien plus évoluées. Alors que la compacte de Turin récupère grosse modo les épures de sa devancière, la 128, son homologue de Chivasso a droit à celles de la Lancia Beta, améliorées qui plus est. Ainsi, à l’arrière, elle bénéficie de jambes McPherson alliées de chaque côté à deux bras transversaux plus un tirant longitudinal, l’ensemble se complétant d’une barre antiroulis. Du jamais-vu à ce niveau de gamme ! A l’avant, c’est plus classique : on retrouve des jambes McPherson, alliées à de solides bras inférieurs, mais la version la plus puissante de la gamme, la 1500, profite d’un palier intermédiaire en sortie de différentiel, afin de se doter de deux cardans de longueur égale, au bénéfice de la motricité.
Très bien étudiée contre les chocs, la Delta se pare de boucliers en synthétique équipés de bidons d’eau, afin d’encaisser des impacts jusqu’à 5 km/h sans se déformer. On peut y voir l’influence sécuritaire de Saab, consulté lors de la conception, et qui commercialisera la Lancia en Scandinavie sous l’appellation Saab-Lancia 600.
L’habitacle se veut huppé et spacieux, recourant à un design soigné, signé de celui qui a aussi dessiné la carrosserie, Giugiaro, dont c’est la première collaboration avec le Groupe Fiat. Pour la Delta, il s’est ouvertement inspiré d’un concept qu’il avait dessiné pour Audi, l’As de Pique.
Très bien accueillie, louée pour son confort et sa tenue de route, la Lancia est élue voiture de l’année 1980. Elle est à la Ritmo ce que sera l’Audi A3 à la Volkswagen Golf : une évolution chic et chère. C’est donc une premium ! Les Allemands n’ont rien inventé.
Lancée initialement avec un 1300 de 75 ch et un 1500 de 85 ch, la Delta reçoit dès 1982 une version GT, forte d’un 1600 double-arbre de 105 ch. Un prototype Turbo 4x4 est même présenté, mais n’aura pas d’application immédiate. Son moteur est adapté à la série l’année suivante sur la Delta HF Turbo qui, avec ses 130 ch et son cockpit cossu, est sans concurrence.
Au printemps 1986, la Delta évolue : elle récupère dans ses grandes lignes le joli tableau de bord de la berline Prisma, modifie légèrement sa face avant, reçoit un performant moteur 1,9 l turbo-diesel (80 ch) et adopte l’injection électronique sur ses 1600. Ainsi, la GT devient GTie (109 puis 108 ch), la HF Turbo gagnant elle aussi le suffixe « ie » ainsi que 10 ch (140 au total). Apparaît aussi la HF 4WD, nantie d’une transmission intégrale sophistiquée ainsi que du 2,0 l de 165 ch de la grande Thema. Elle sera remplacée par l’Integrale fin 1987, mais c’est une autre histoire.
En 1991, la Delta se voit une dernière fois modifiée dans le détail (coloris, revêtements internes) puis disparaît en 1993, produite à un peu plus de 500 000 unités.
Combien ça coûte ?
Tirée par celle de l’Integrale qui s’est envolée, la cote de la Delta grimpe. Mais demeure accessible puisqu’à 3 000 €, on peut trouver une jolie 1300 et à 3 500 € une 1500. Une 1600 GT/GTie réclamera 4 500 €, et une HF Turbo 6 500 € au minimum, la « ie » demandant une rallonge de 500 à 1 000 €. Quant à la HF 4WD, ce sera carrément 15 000 €.
Quelle version choisir ?
Affaire de goût et de budget : toutes sont valables, même la petite 1300 séduisant par sa nervosité. Evidemment, les phases II, bien améliorées, sont plus agréables, et il est difficile de résister au charme des HF Turbo, qui ont en outre un bon potentiel de prise de valeur, même si la GTie est plus homogène.
Les rares versions LX (sur base 1300, 1500 et 1600 atmo) apparues en 1982 et proposées jusqu’en 1993 avec des interruptions, sont intéressantes car mieux équipées (supplément de 500 € face à une déclinaison standard). Quant à la HF 4WD, elle est déjà en haut de sa cote et coûte nettement plus cher en entretien. Cela dit, son efficacité et ses performances sont très impressionnantes !
Les versions collector
Indiscutablement, la HF 4WD (1986-1987), car c’est la plus plaisante à conduire et la plus rare des Delta non Integrale, entre 5 500 et 7 600 fabriquées selon les sources. Dès 15 000 €.
Que surveiller ?
En premier lieu, la corrosion qui attaque principalement la baie de pare-brise, les passages de roue arrière, la partie du pavillon surplombant le hayon, et le bas des longerons avant, retenant l’eau ! Ensuite, les fonctions électriques (les commodos sont fragiles), les poignées de porte (en zamac, elles cassent) et bien sûr, l’entretien. Si celui-ci est soigné (changement régulier de la courroie de distribution), les mécaniques, robustes, passent toutes les 200 000 km sans gros soucis.
Au volant
A bord de la Delta GTie, si la longueur habitable est séduisante, on est surpris par la faible place en hauteur. Mais la position de conduite est bonne grâce au volant réglable, et le tableau de bord très complet, comprenant même une pression d’huile. Il s’avère bien réalisé, dans un matériau rembourré, alors que les passagers arrière ont droit à des lampes de lecture : ambiance assez chic.
Non assistée, la direction de notre GTie est lourde en manœuvres et pas assez directe sur route, mais sa précision n’est pas discutable. Surtout, elle s’associe à un châssis exceptionnel. Sautillante à basse vitesse, la suspension gagne en confort avec l’allure, affichant un excellent amortissement. Mais c’est en virage que la Delta surprend le plus : certes un peu pataude mais super-équilibrée, elle a tendance, quand on atteint la limite, à glisser des 4 roues de façon très progressive. Malgré les petits pneus de 165 de large, elle jouit en sus d’un excellent grip. Vraiment impressionnante et pas du tout vicieuse comme peut l’être une Golf II. Et malgré une pédale molle, la Lancia freine bien grâce à ses 4 disques.
Le moteur ? Un peu rugueux à bas régime, il adore prendre des tours et distille de belles accélérations, même si le poids de l’auto le gêne un peu. Quant à la boîte, agréable à manier, elle pâtit toutefois d’un trou important entre la 3 et la 4, quand la GTie est en 7 CV fiscaux. En 8 CV (plus rare), elle s’avère bien mieux étagée et plus courte en 5 : c’est elle qui permet d’exploiter au mieux le moteur. Enfin, la consommation : en usage courant, elle se montre raisonnable, à 8 l/100 km en moyenne.
L’alternative newtimer *
La Lancia Delta II (1993 – 1999)
Dérivant de la Tipo, la Delta est sortie avec 5 ans de retard. Mais elle se montre très agréable à conduire, surtout avec les blocs apparus en 1995, dont l’excellent 1.8 de la Fiat Barchetta. A préférer cela dit en 2.0 HF (186 ch). Comptez 2 000 € pour la première et 7 500 € pour la seconde, en bon état.
Lancia Delta GTie 1988 : la fiche technique
Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 585 cm3
Alimentation : injection électronique
Suspension : jambes McPherson, bras inférieurs, barre antiroulis (AV), jambes McPherson, tirants longitudinaux, bras transversaux, barre antiroulis (AR)
Transmission : boîte 5 manuelle, traction
Puissance : 109 ch à 5 900 tr/mn
Couple : 136 Nm à 3 500 tr/mn
Poids : 995 kg
Vitesse maxi : 185 km/h (donnée constructeur)
0 à 100 km/h : 10 s (donnée constructeur)
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques. Les BMW Z3 à 6 cylindres, Porsche Boxster 986 et autre Renault Clio V6 représentent bien cette nouvelle tendance.
Pour trouver des annonces de Lancia Delta, rendez-vous sur le site de Lacentrale. fr.
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