Lancia Dedra 2.0 Turbo/Integrale (1991 – 1994), discrète mais bouillante, dès 7 000 €
Chic et discrète, la Dedra sait aussi se montrer très performante quand elle adopte le 2,0 l turbo, soit en traction, soit avec une transmission sophistiquée aux quatre roues, proche de celle de la mythique Delta Integrale. Reste à la dénicher…
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Lancia Dedra HF Turbo/Integrale est-elle collectionnable ?
Pure Lancia, la Dedra Turbo, en traction ou en 4x4, recèle sous des abords chics et discrets une mécanique raffinée et très performante. Son 2,0 l Lampredi turbocompressé révèle en effet un tempérament de feu, qui fait merveille sous le capot de la mythique Delta Integrale. De cette dernière, la Dedra Integrale s'inspire nettement avec ses quatre roues motrices permanentes, alors que la HF Turbo reste une simple traction certes, mais dotée d'un visco-coupleur sur le train avant. Ces deux Dedra jouissives, peu vendues en neuf, sont désormais excessivement rares. A préserver d'urgence.
C’est un magnifique tour de force industriel que Fiat a réalisé avec la plate-forme inaugurée par la Tipo en 1987. D’une flexibilité inégalée, elle peut équiper aisément une multiplicité de modèles, de toutes les formes. Berline, break, coupé, cabriolet, deux-volumes, trois-volumes…
Ainsi, après la compacte de Turin, cette base sophistiquée permet la création d’une berline bien plus chic : la Lancia Dedra. Dessinée avec soin par l’institut IDEA, cette familiale à trois volumes est présentée en 1989. Hormis la silhouette des portières et le pare-brise, elle ne rappelle en rien la Tipo, alors qu’elle en récupère les trains roulants (jambes McPherson avant, bras tirés arrière), les boîtes, certains moteurs, l’architecture électrique…
Nantie d’un habitacle chic, où abondent l’Alcantara et le bois de rose, la Lancia choie ses passagers, même s’il lui manque un moteur vraiment puissant. Initialement, le 2,0 l double arbre atmo de 120 ch constitue le sommet de l’offre, et avec près de 1 200 kg à emmener, il ne peut conférer à la Dedra des performances sportives. Tout change fin 1990 quand il bénéficie d’un turbo Garrett T3. Là, ce « huit-soupapes » grimpe à 165 ch, ce qui paraît peu face aux 175 ch d’une R21 Turbo, mais la suralimentation est très soignée.
En effet, sa pression est répartie judicieusement sur toute la place de régime-moteur par le système Boost-drive, pour une disponiblité maximale. Les trains roulants sont naturellement adaptés, et la transmission se dote d’un visco-coupleur (dit Viscodrive), pour améliorer la motricité.
De série, la Dedra HF Turbo a droit aux jantes en alliage, aux 4 vitres électriques, aux rétro chauffants, à l’ABS et au chauffage à contrôle régulé. Lors de sa commercialisation en 1991, elle est facturée 167 500 F (41 100 € actuels selon l’Insee). Cela semble plutôt bien placé, car la R21 Turbo est plus onéreuse. Des éléments sophistiqués sont proposés en option, comme l’amortissement piloté.
Une autre Dedra suralimentée est proposée : l’Integrale. Comme la Delta du même nom, elle a droit à quatre roues motrices en permanence, disposant d’un visco-coupleur central et d'un verrouillage manuel de différentiel arrière. Par rapport à l’autre super-Dedra, l’Integrale se distingue par sa puissance supérieure (180 ch) qui compense à peine son poids en hausse de 100 kg
(1 365 kg au total). De sorte que ses performances sont à peine supérieures (- 0,5 s sur le 0 à 100 km/h, effectué en 7,8 s).
En revanche, comme elle envoie 44 % de sa cavalerie au train arrière, son efficacité sur route glissante progresse énormément ! De surcroît, l’Integrale se pare d’un ABS plus sophistiqué, comptant 6 capteurs, le top de l’époque.
Tout ceci se paie cher : 190 500 F, soit 46 800 € actuels selon l’Insee. Autant dire que ces deux Dedra connaîtront un surtout un succès d’estime. Pour 1993, elles adoptent, conformément à la législation, un catalyseur, ainsi qu'un bagde HF.
Si l’Integrale chute à 172 ch, la HF Turbo demeure à 165 ch. Par ailleurs, l’équipement s’enrichit de la clim, de l’airbag conducteur ou encore des sièges Recaro. Car si Lancia a accumulé les titres de champion du monde des rallyes, sa gamme se veut feutrée (hormis la Delta Integrale). Pourquoi ? Parce que Fiat a décidé de réserver la sportivité à Alfa Romeo, dont la 155 Q4, proche de la Dedra Integrale techniquement, aura droit à une culasse à 16 soupapes (avec 190 ch DIN à la clé).
En conséquence, dès 1994, les deux Lancia, rapides et luxueuses mais anonymes, passent à la trappe, sans bénéficier des améliorations alors apportées aux autres Dedra.
Combien ça coûte ?
Il va falloir vous armer de patience pour en dégotter une ! Comptez un minimum de 7 000 € pour l’une ou l’autre en bon état, avec certes un kilométrage élevé (plus de 150 000 km). Pour un exemplaire ayant roulé moins de 100 000 km, ce sera un minimum de 10 000 €. On voit déjà de très belles autos affichées à 15 000 €.
Quelle version choisir ?
Si vous habitez dans une zone relativement sèche l’hiver, une 2000 Turbo fera amplement l’affaire. Plus simple que l’Integrale, elle marche aussi fort et se révèle d’un entretien plus aisé.
Les versions collector
Toutes les deux, dès qu’elles sont en parfait état. Evidemment, l’Integrale parlera plus aux collectionneurs pour sa haute technologie et son blason, évocateur de rallye.
Que surveiller ?
Ces deux Lancia se révèlent très fiables mécaniquement à condition d’avoir été bien entretenues. Cela passe par des vidanges moteur tous les 7 500 km maxi et un changement de la courroie de distribution, accompagnée de la pompe à eau, avant 60 000 km (attention, il y a des arbres d’équilibrage qui compliquent l’opération). De plus, les temps de chauffe et de refroidissement sont à respecter scrupuleusement.
A la longue, surtout sur les Integrale menées sportivement, les coussinets de bielles avoueront des faiblesses. On examinera aussi tout le système de suralimentation, capteurs compris, qui est âgé désormais. L’électricité pose régulièrement souci sur ces autos (faux contacts, bornes oxydées, fils coupés), ce qui se voit surtout dans l’habitacle (vitres en panne, centralisation défectueuse). Celui-ci vieillit plutôt bien, heureusement.
En revanche, la corrosion peut sévèrement attaquer les soubassements : la Dedra a 30 ans ! En somme, préférez les autos régulièrement suivies et parfaitement fonctionnelles, certaines pièces se révélant difficiles à trouver.
Sur la route
La Dedra 2000 Turbo paraît bien menue de nos jours, mais le soin apporté à sa carrosserie réjouit. Belle présentation également dans l’habitacle, au demeurant spacieux, où on est confortablement installé dans les sièges en Alcantara. En revanche, on se trouvera toujours trop haut, comme sur un tabouret, même si on s’y fait, mais le manque de maintien latéral agace.
Dès qu’on roule, on apprécie la douceur des commandes (volant, commande de boîte) ainsi que la souplesse du moteur. Mais qu’on ne s’y trompe pas, celui-ci se mue en furie passé 3 000 tr/min. Ce qu’il pousse, ce bon vieux Lampredi ! Et il chante joliment en prenant ses tours, dans une vivacité toute latine. De très vives en 5ème, les reprises deviennent carrément redoutables en 3ème, même selon les normes d'aujourd’hui ! Surprise, le train avant encaisse parfaitement la virulence du moteur (merci le Viscodrive), de sorte que la Lancia accepte docilement une conduite active.
Elle accroche bien la route, sous-vire tard et se montre efficace. En revanche, sa suspension souple et confortable n’est pas faite pour le sport, non plus que la direction manquant d'un peu de précision. Une R21 Turbo se montrera bien plus convaincante dans ces conditions. En revanche, en usage courant, la Dedra prend le dessus par sa douceur, son confort et ses reprises. Reste qu’elle avale 10 l/100 km en roulant pied léger.
L’alternative newtimer*
Lancia Delta III 1.8 T-Jet (2009 – 2012)
Après les Dedra turbo essence, Lancia n’a plus produit de petite familiale performante jusqu’à la Delta III 1.8 T-Jet. Celle-ci, établie sur la plate-forme allongée de la Fiat Bravo II, adopte en 2009 le bloc 1,7 l suralimenté à injection directe de l’Alfa Romeo 159 TBi. Développant 200 ch, il bénéficie du système Scavenging pour maintenir son turbo en pression en permanence, et ainsi offrir une réactivité de tous les instants.
En ressort non pas une sportive mais une petite GT souple, confortable et rapide, capable de 230 km/h. Cette Delta est bien dans l’esprit des Dedra turbo, avec sa jolie présentation et sa douceur, renforcée par la boîte 6 automatique. Rare et différente, la Delta 1.8 T-Jet se débusque à partir de 7 000 €.
Lancia Dedra 2.0 Turbo (1991), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 995 cm3
- Alimentation : injection, turbo
- Suspension : jambes McPherson, triangles, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AV), bras tirés, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, roues avant motrices
- Puissance : 165 ch à 6 000 tr/min
- Couple : 280 Nm à 3 000 tr/min
- Poids : 1 265 kg
- Vitesse maxi : 215 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 8,3 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des Lancia d'occasion, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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