La voiture autonome va-t-elle rester au garage ?
L'INFO DU JOUR - Stellantis jetterait le gant en matière d'autonomie de niveau 3 pour des raisons financières, mais aussi parce que ses clients ne seraient pas très chauds à l'idée de lâcher le volant. Mais qu'en est-il de ses concurrents, qu'ils soient généralistes ou premium ?

Ce n’est pas un abandon, mais « une mise en sommeil ». Selon l’agence Reuters, Stellantis aurait arrêté ses recherches en matière de voiture autonome, en invoquant le coût élevé de l’affaire, qui est énorme, et les défis technologiques à relever, qui sont énormes aussi.
En fait, la galaxie de 15 marques trébuche sur le niveau 3 de l’autonomie, celle qui permet à une auto de rouler sur route ouverte sans intervention humaine, sachant que le conducteur doit rester vigilant derrière son volant. Ce niveau est déjà atteint par Mercedes notamment, avec son drive pilot, une option à 6 000 euros disponible sur les versions haut de gamme de ses modèles haut de gamme (Classe S et EQS).
106 milliards de dollars sur la table
Bmw de son côté, teste des autos sans le moindre conducteur dans ses usines allemandes de Dingolfing et de Leipzig, histoire de montrer à son principal concurrent qu’il a un train d’avance et que le Bavarois est capable d’atteindre le niveau 4, ou plus personne n’est au volant.
Pour autant, cette bataille germanico-allemande risque de se heurter au même obstacle budgétaire que Stellantis. Car la crise sévit dans l’automobile de l’autre côté du Rhin plus que jamais. Mais au fait, combien coûte le développement de la voiture autonome ?
Selon une étude du cabinet Mc Kinsey, ce ne sont pas moins de 106 milliards de dollars qui ont été investis par l’ensemble des grands groupes qui se sont lancés dans l’aventure entre 2010 et 2020, même si la plupart d’entre eux se sont acoquinés à des start-ups et comptent sur les leurs équipementiers, dont Valeo et son LIDAR (Light Détection and Ranging) qui, à coups de lasers et de capteurs embarqués détecte tout ce qui bouge, ou ne bouge pas, autour de la voiture.
Reste que traditionnellement, les marques premium comme Mercedes, BMW ou Audi, ont toujours été des pionnières en matière d’innovation et les clients viennent à eux, entre autres, pour ces raisons. Renoncer à la voiture autonome pour ces constructeurs serait donc un grand pas à franchir que, pour le moment, elles n’envisagent pas.

Ce n’est donc pas le cas pour Stellantis, dont les cadres avouent à Reuters, sous le sceau de l’anonymat, que l’une des raisons qui a poussé le groupe à mettre ses recherches en sommeil, est le manque d’intérêt de ses clients pour cette techno.
Il est vrai que le niveau 2 est devenu monnaie courante sur nombre d’autos du moment et il offre un régulateur adaptatif et un maintien dans la voie. Ce dernier outil (obligatoire depuis un an) étant déjà jugé trop intrusif par nombre d’automobilistes.
Une techno trop chère et pas indispensable pour vendre des voitures est donc autant de bonnes raisons pour renoncer en ce qui concerne le groupe franco-italiano-américain. Mais quid de Renault, autre généraliste dont les clients ne sont pas forcément fans d’autos qui roulent toutes seules ? Au sein du losange, on n’annonce pas d’arrêt des recherches, mais on joue la précaution. Son directeur scientifique, le controversé Luc Julia, a avoué à Science & Avenir, que « c’est beaucoup plus compliqué que ce que certains prétendent ».
Renault joue la prudence
Le même garçon prétend également qu’une voiture autonome ne peut aujourd’hui traverser la place de l’Étoile à Paris, même si Tesla a prouvé le contraire. Autre personnage clé de la tech made in Renault, Gilles le Borgne, ex-directeur scientifique et conseiller de l’ex patron Luca de Meo a quand a lui estimé que la voiture autonome sera loin d’être au point en 2035, date retenue depuis des années pour l’avènement de l’auto qui se débrouille toute seule.
C’est donc avec une extrême prudence que les généralistes avancent vers cette technologie, quand ils ne la reportent pas aux calendes grecques pour des raisons compréhensibles qui vont de la crise qu’ils traversent, aux investissements colossaux qu’ils ont déjà entrepris dans la voiture électrique.
Des taxis autonomes plutôt que des véhicules particuliers
Reste que ces atermoiements et renoncement sont risqués. Car de leur côté, les constructeurs chinois avancent à grand pas car ils ne subissent pas la même crise, et qu’Elon Musk continue lui aussi sur cette voie avec son CyberCab. Les auto-taxis se développent aux USA et devraient débarquer par ici. Le Chinois WeRide s'est associé à Renault pour tester des navettes à Rolland-Garros et Uber prévoit de se déployer en Europe de la même manière, toujours associé à une start-up chinoise.
Des avancements qui, s’ils ne sont pas rentables dans l’immédiat pourraient permettre à ceux qui continuent leurs recherches en matière de voiture autonome d'avoir un coup d'avance le jour ou ces autos qui roulent toutes seules seront au point. Et que leurs conducteurs devenus passagers seront susceptibles de les acheter. Ce jour-là, les constructeurs historiques risquent d'avoir un train de retard.
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