La Peugeot 604 V6 vaut infiniment mieux que sa réputation !
Décriée pour son moteur et sa finition, ce haut de gamme français compte pourtant bien des qualités qui en font une voiture digne d’être collectionnée, d’autant qu’elle a motorisé une bonne partie de la classe politique son époque. Dès 6 000 €.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Peugeot 604 est-elle collectionnable ?
Première Peugeot à plus de 4 cylindres en après-guerre, la 604 a beaucoup fait parler d'elle. Elle a suscité bien des attentes, qu'elle a en partie déçues. Néanmoins, elle a été largement achetée par les administrations et même l'Elysée, le Président Giscard d'Estaing en ayant fait sa monture de choix. Emblématique d'une époque, des années 70, la 604 est en train d'être redécouverte, les très beaux exemplaires devenant extrêmement rares. A acheter maintenant.
Ça ne pouvait plus durer. A la fin des années 60, laisser le haut de gamme français à Citroën devenait insupportable pour Peugeot, d’autant qu’en la matière, les allemands réalisaient de gros bénéfices. Alors, le sochalien s’allie à Renault (puis Volvo) pour produire une nouvelle génération de moteurs, des V6 et V8 connus sous l’appellation PRV et… continue dans sa traditionnelle politique d’économies parfois mal placées.
Ainsi, pour ce futur vaisseau-amiral, on récupère la plate-forme et les trains roulants, excellents, de la 504 et on demande à Pininfarina de l’habiller. Fidèle à sa réputation de photocopieuse, ce dernier recycle pour la française le dessin superbe qu’il a exécuté pour la Fiat 130 Coupé. Le tout donne la très attendue 604, révélée en 1975.
Même si sa ligne n’a pas la finesse ciselée de celle de l’italienne, elle séduit par son élégance moderne. Sous le capot, son V6 2,7 l est moderne (fabrication tout en alliage, deux arbres à cames à tête), mais sous-développé : Peugeot a de façon incompréhensible renoncé à l’alimenter par injection, contrairement à Volvo. D’ailleurs, à 136 ch, il s’en tient à une puissance au litre assez modeste.
A 41 700 F (33 600 € actuels selon l’Insee), la Peugeot est chère mais bien située face à la concurrence, une BMW 525 (145 ch) coûtant 45 430 F par exemple. La française bénéficie d’un équipement très convenable à l’époque, comportant les 4 vitres électriques, la direction assistée, les projecteurs à longue portée ou encore les appuie-têtes intégrés à l’arrière. Mais, en l'absence de boîte 5, la consommation très élevée et la finition basique vont énormément lui nuire, de sorte que les ventes ne correspondront pas aux espérances.
En 1977, la version TI, à injection Bosch K-Jetronic (mécanique, comme son nom ne l'indique pas), abaisse les besoins en carburant, adoucit le fonctionnement du moteur et améliore les performances (144 ch) : elle aurait dû apparaître dès le début ! Même la finition progresse. Mais celle qui va sauver la carrière de la 604, c’est la turbo-diesel, en 1979, la première auto commercialisée en Europe à a adopter ce type de motorisation.
Pourtant, la V6 va lentement continuer à évoluer. Pour 1980, une option Grand Confort est proposée sur la TI (vitres teintées, toit ouvrant, jantes TRX sont alors de série), qui se mue l’année suivant en une nouvelle version nommée STI. Pour 1982, elle reçoit un régulateur de vitesse en série, alors que la SL disparaît, suivie de la TI pour 1983 et la STI pour 1984 (donc en juillet 83).
La fin de la 604 ? Non. Car apparaît alors son bouquet final, la GTI. Une appellation indue ? Voire ! En effet, elle bénéficie du PRV revu par Volvo, porté à 2 849 cm3 et 155 ch, ce qui lui permet de passer les 190 km/h. De surcroît, sa suspension affermie se complète d’un différentiel à glissement limité, le tout se soldant par une efficacité dynamique assez inattendue. Une sorte de BMW Série 5 à la française, moins bien finie mais dynamiquement largement aussi bonne et bien mieux équipée : régulateur et toit ouvrant sont de série. Toutefois, fin 1985, les dernières 604 sont assemblées : au total 153 252 unités de cette grande berline auront été construites.
Combien ça coûte ?
La cote de la 604 connaît une belle ascension. Actuellement, une SL en excellent état débute à 6 000 €, contre 6 500 € à une TI. Comptez 7 000 € pour une STI, voire 8 000 € pour une GTI.
Quelle version choisir ?
La plus réussie est de loin la GTI, mais une version à injection fera déjà fort bien l’affaire.
Les versions collector
Toutes, si elles sont en bel état. Mais la GTI sera plus recherchée. Evoquons aussi la limousine Heuliez, révélée en 1978, qui atteindra les 30 000 €.
Que surveiller ?
Les enquêtes d’époque montrent que la 604 était une voiture bien née et fiable. On relève surtout des ennuis périphériques, électriques pour la plupart, d’autant que les accessoires ne sont pas très solides. Pour sa part, l’injection déteste les longues périodes d’inactivité. Mais le moteur, la boîte et les trains roulants s’avèrent robustes. De surcroît, la distribution s’effectuant par chaîne, elle est pratiquement sans entretien.
Malheureusement, la 604 pâtit d’un gros défaut : la corrosion, qui attaque un peu partout. Inspectez le tour de pare-brise, les ailes avant, les bas de caisse et les évacuations du toit ouvrant en particulier. Les modèles fabriqués dans les années 80 semblent toutefois mieux protégés.
Dans l’habitacle, les selleries vieillissent plutôt bien, surtout celles en cuir, d’excellente qualité. Mieux, le Club 604 International se fait fort de fournir à peu près toutes les pièces détachées : cette rare auto peut pratiquement servir au quotidien. Etonnant, non ?
Sur la route
J’ai pu tester une très belle 604 GTI de 1984. En tant qu’ancien possesseur de Fiat 130 Coupé, la Peugeot me déçoit par sa ligne un peu simpliste, ayant fait fi de toutes les subtilités de l’italienne, comme le petit béquet intégré à la malle arrière ou la nervure latérale de caisse. Même constat à l’intérieur, où si la coiffe de la planche de bord est moussée, les autres plastiques semblent issus d’une banale 305, alors que les commandes font camelote.
C’est bien dommage, car le cuir est de très belle facture ! Malgré le grand volant (non réglable), on est confortablement assis au volant et on réveille le moteur. Alors oui, ce PRV sans manetons décalés vibre au ralenti, mais ensuite, il surprend par son agrément. Souple, il monte ensuite volontiers en régime, dans une sonorité très sympa, et prodigue aux rotations moyennes d’excellentes reprises. Oui, c'est un bon moteur !
La boîte maniable et bien étagée le complète efficacement, mais c’est encore le châssis qui étonne le plus. Déjà, la direction frise la perfection : précise, progressive et d’une belle consistance, elle donne un excellent ressenti de la route. Ensuite, le comportement se révèle très sain, voire dynamique. Cette propulsion équilibrée met en confiance, surtout que sa motricité est irréprochable. Certes, elle prend un peu de roulis, à cause de la souplesse de la suspension, mais cela profite au confort, renforcé par la belle insonorisation. Reste la consommation : à 11 l/100 km pied léger, elle s’avère plutôt raisonnable.
L’alternative youngtimer
Peugeot 605 V6 (1989 – 1999)
A l’inverse de la Peugeot 604, la 605 bénéficie de trains roulants et d’une plate-forme dédiés (même si cette dernière est proche de celle de la XM), ainsi que d’une carrosserie totalement spécifique. Hélas, lancée prématurément, elle souffrira d’innombrables problèmes de fiabilité. Dommage, car la V6 (170 ch), se révèle rapide et surtout profite d’un comportement routier exceptionnel.
La V6-24 (200 ch) le magnifie, avec ses amortisseurs pilotés, et en 1992, la fiabilité s’améliore. Les problèmes sont totalement résolus lors du restylage de 1994, cependant qu’en 1997, la 605 reçoit le nouveau V6 ES plus performant l’ancien PRV qu’il remplace. La 605 disparaît en 1999, remplacée par la 607. Produite à 255 000 unités, elle n’a pas démérité ! A partir de 2 500 €.
Peugeot 604 GTI 1983, la fiche technique
- Moteur : 6 cylindres en V, 2 849 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, triangles, amortisseurs, barre antiroulis (AV), bras obliques, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, propulsion
- Puissance : 155 ch à 6 000 tr/min
- Couple : 240 Nm à 3 000 tr/min
- Poids : 1 420 kg
- Vitesse maxi : 190 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 9,5 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Peugeot.
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