La marque Alpine va-t-elle nous faire frissonner avec l'hydrogène ?
L’INFO DU JOUR – Non seulement Alpine travaille sur les voitures de course à hydrogène, mais la marque pourrait carrément s’attaquer à Ferrari avec une voiture de sport dotée d’un moteur thermique fonctionnant avec ce combustible. Et si la réussite de la marque sportive de Renault ne passait pas que par l’électrique ?
Alpine exposait fièrement la nouvelle A290 aux 24 Heures du Mans 2024, son tout premier modèle électrique qui sera rejoint par plusieurs SUV fonctionnant sur la même technologie dans les prochaines années. Mais avant de pleurer l’abandon de ses deux A424 en compétition, lâchées par leur moteur au bout de six heures après des qualifications et un début de course prometteurs, la division sportive du groupe Renault a envoyé en piste son prototype Alpenglow Hy4 le matin du samedi.
Avec Zinédine Zidane en passager et un très beau travers sur la piste mouillée, cette jolie berlinette à longue queue a fait le spectacle sur le grand tracé sarthois. Mais il ne s’agit pas que d’un exercice de communication sans lendemain : alors que l’Alpenglow possède actuellement un quatre cylindres turbo de 2,0 litres simplement converti à l’hydrogène gazeux, Alpine travaille actuellement avec Oreca sur une version améliorée de ce prototype avec un V6 entièrement conçu pour optimiser la combustion de l’hydrogène à forte charge et haut régime.
Le constructeur mise également sur la technologie de l’hydrogène liquide, un combustible parfaitement compatible avec les contraintes du sport automobile en raison de la densité supérieure par rapport à celle de l’hydrogène gazeux (technique privilégiée sur les rares voitures de série à hydrogène actuelles), de temps de ravitaillement inférieurs et d’un encombrement moins pénalisant au niveau du réservoir. « En théorie on peut gagner cinq points de rendement par rapport à un moteur essence grâce à l’hydrogène liquide injecté dans un moteur thermique, reste à démontrer que ça reste vrai sur des moteurs de course dont les puissances spécifiques sont très élevées », estime Pierre-Jean Tardy qui dirige les recherches sur l’hydrogène chez Alpine Racing et croit beaucoup en l’avenir de cette technologie en compétition.
Elle doit arriver aux 24 Heures du Mans en 2028 et pourrait même trouver son chemin un peu plus tard en Formule 1 avec un gros avantage par rapport aux mécaniques électriques : les moteurs thermiques à hydrogène conserveraient une sonorité émotionnelle pour le plaisir des spectateurs et des amateurs de voitures à fort caractère.
Même si le facteur de la pollution générée lors de la production du dihydrogène restera évidemment crucial pour arriver à un combustible « écologique », Pierre-Jean Tardy estime qu’un moteur thermique à hydrogène bien conçu peut afficher des performances bien plus flatteuses qu’à l’époque des blocs essence simplement convertis (comme celui de la BMW Hydrogen7 de 2006, moquée alors pour la puissance ridicule de son V12). « Ces anciens moteurs étaient de simples blocs atmosphériques équipés d’un circuit d’injection indirecte et ne convenaient pas tout à la technologie de l’hydrogène. Avec une injection directe moderne et la suralimentation, un moteur thermique à hydrogène peut véritablement battre un moteur essence classique en rendement », affirme-t-il.
Avec une supercar Alpine en série ?
Ça, c’est donc pour l’univers de la compétition. Mais attention, Alpine devrait ne pas limiter ses travaux sur l’hydrogène au monde de la course. Il y a quelques jours, Luca de Meo a ajouté une voiture à la silhouette de supercar à son tableau annonçant les futurs modèles de série lors de sa grande conférence de presse sur l’avenir d’Alpine, qui ressemble beaucoup à l’Alpenglow Hy4. Et d’après les spécialistes des Alpinistes souvent très bien renseignés avec qui nous avons pu discuter pendant les 24 Heures du Mans, la marque prévoit bel et bien de concevoir une vraie super-sportive à moteur thermique hydrogène pour concurrencer les autos du genre de la Ferrari 296 GTB ou de la prochaine Lamborghini Temerario !
Pierre-Jean Tardy nous a avoué que la technologie d’hydrogène liquide, nécessitant de conserver le combustible à -253 degrés et donc de ne pas le stocker longtemps avant utilisation, paraît difficilement compatible avec le marché des voitures de route et ses contraintes. Son travail portant sur la compétition automobile et non pas les autos de route, il refuse aussi de se prononcer sur la faisabilité d’une voiture de sport à hydrogène gazeux, mais il s’exprime tout de même sur le sujet : « les recherches sur les réservoirs conformables, permettant d’adapter leur forme pour optimiser l’encombrement et la répartition des masses, pourraient aider à cela. Au final, une voiture thermique à hydrogène gazeux pourra peser sensiblement moins qu’une voiture électrique même si on dépassera la masse d’une auto à essence classique », estime-t-il.
Toyota travaille également sur ces moteurs thermiques à hydrogène pour ses futurs modèles sportifs. Et Alpine a peut-être une très belle carte à jouer pour séduire la clientèle désireuse de garder le frisson d’une mécanique thermique bruyante et progressive. Avec la possibilité de devenir une véritable marque de sportives d’exceptions face à Ferrari, Lamborghini ou McLaren ?
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