L'huile de friture utilisée comme carburant, c'est (presque) légal
Lors de l'examen du projet de loi pouvoir d'achat, l'Assemblée nationale a adopté cette nuit un amendement autorisant l'incorportation d'huile végétale dans le gazole. Un procédé à la fois écologique et économique.
Voilà qui ne va pas arranger les problèmes de pénurie d’huile végétale dans les supermarchés : l’huile de friture usagée a maintenant de fortes chances de se voir autorisée comme carburant, à la suite de l’adoption cette nuit par l’Assemblée nationale du projet de loi sur le pouvoir d’achat.
Celui-ci comportait en effet un amendement déposé par le député écologiste Julien Bayou visant à autoriser l’huile de friture dans moteurs des voitures fonctionnant au gazole. « Bien décantée, l'huile de friture peut couvrir 30 % d'un plein diesel, et même 100 % avec un moteur un peu modifié », avait notamment précisé l’élu lors d’une intervention dans l’hémicycle plus tôt dans la semaine. Et c’est vrai.
Bien qu’illégale en France, car non soumise au contrôle des douanes, cette pratique est en effet répandue depuis longtemps dans nos campagnes, où nombre de voitures diesel rustiques carburent déjà au tournesol ou au colza.
« Il vaut mieux dépendre des baraques à frites du Nord que du pétrole des monarchies pétrolières. »
Julien Bayou, député écologiste et auteur de l'amendement visant à légaliser l'huile de friture comme carburant
Pour les besoins d’un reportage il y a quelques années, l’auteur de ces lignes avait fait rouler une Mégane turbo diesel de première génération à 100% d’huile de tournesol fraîchement pressée pendant plusieurs milliers de kilomètres, sans que le moteur ne montre le moindre signe de faiblesse.
Tout juste se dégageait-il un fumet de nature plus…« alimentaire », dirons-nous, du pot d’échappement. Pour autant, mieux vaut privilégier le mélange au gazole (70% de carburant et 30% d’huile, idéalement) de façon à préserver le circuit d’injection à long terme.
En attendant l’adoption définitive du projet de loi à la suite de son prochain examen par le Sénat, force est de reconnaître que cette pratique, qui doit être réservée à des moteurs anciens et pas trop perfectionnés - le propriétaire d’une BMW 530d de dernière génération ne fait de toute façon pas vraiment partie du public-cible - comporte bien des avantages.
Avantages financiers, bien sûr, avec un carburant-friture qui revient autour de 0,70 € par litre. Mais aussi écologiques si l’on utilise des huiles usagées qui devront toutefois être au préalable « décantées et filtrées », ainsi que le précise l’amendement écolo. Cela permet notamment de préserver le moteur des impuretés.
Et le texte de préciser que 10 litres d’huile pourraient donner 8 litres de carburant, le produit ainsi obtenu rejetant « jusqu’à 90% de moins de gaz à effet de serre » que ses homologues d’origine minérale.
De plus, cela permet d’alléger la tâche des stations d’épuration dans la mesure où il est difficile de séparer les huiles usagers des eaux usées. Tout bénéfice, donc.
Pour autant, et même si 170 millions de litres d’huile de friture sont consommés en France chaque année selon l’association Roule ma frite, cette pratique est vouée à rester marginale, car réservée à des modèles anciens et à des conducteurs qui ont le temps de s’occuper à trouver ce néo-carburant par l’intermédiaire de circuits parallèles. Mais l’écologie est aussi affaire de petits gestes, et celui-ci prend tout son sens en ces temps de flambée du prix de l’essence.
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