L'Europe aura-t-elle la peau de Cupra?
L'INFO DU JOUR. Si elle imposait des droits de douane élevés au Cupra Tavascan, modèle électrique fabriqué en Chine, l'Europe mettrait la marque en péril. Ne pouvant plus remplir ses objectifs de réduction de CO2, celle-ci s'exposerait à des amendes potentiellement fatales.
L’enfer est souvent pavé de bonnes intentions, et on le constate à travers la situation actuellement vécue par Cupra. La marque espagnole, résolument engagée vers l’électrification, s’alarme des droits de douanes supplémentaires - jusqu’à 38% selon les cas - que l’UE cherche à imposer sur les véhicules chinois. Au cœur du problème, le cas du Tavascan, le SUV coupé fabriqué par la marque en Chine dans l’usine VW de Anhui, fruit d’un joint-venture avec le groupe chinois JAC.
Une surtaxation de ce modèle de 21,3%, comme il est actuellement envisagé, rendrait celui-ci tout simplement impossible à vendre en Europe, assure le PDG de la marque Wayne Griffiths dans un entretien avec l’agence Reuters. Cela entraînerait une augmentation de son tarif de base à 52 000 € (contre 46 990 € actuellement) et signerait la fin d’une carrière commerciale qui vient tout juste de démarrer.
Or, sans les ventes du Tavascan, Cupra assure qu'il ne serait plus en mesure de répondre aux objectifs assignés par les autorités en matière de réduction d’émissions de CO2, et s’exposerait ainsi à de très lourdes sanctions financières. « Cela met tout le futur financier de la compagnie en danger », assure Griffiths. « L’intention est de protéger l’industrie auto européenne, mais pour nous cela produit l’effet inverse. Nous devons trouver une solution. » Au cœur des préoccupations, les emplois assurés par la marque en Espagne.
Les négociations restent ouvertes jusqu’à la fin octobre, car c’est à ce moment-là qu’interviendra un vote à la majorité des 27 sur la façon dont seront appliqués les droits de douanes. Si le plan est approuvé, les taxations entreront en vigueur pour une durée de 5 ans.
Dans l’intervalle, les groupes automobiles vont donc tenter de faire valoir leurs intérêts auprès de Bruxelles, avec pour les marques allemandes cette difficulté posée par le fait qu’elles ont réalisé un tiers de leurs ventes en Chine l’an dernier. En d’autres termes, elles n’ont pas intérêt à ce que le gouvernement chinois, par représailles contre les mesures prises par l’UE, alourdisse en retour les taxes frappant les marques d’origine européenne.
Côté Cupra, Wayne Griffiths assure que les discussions sont en cours à différents niveaux de la Commission, avec l’appui des gouvernements allemand et espagnol. « Nous ne sommes pas une marque chinoise qui essaie de submerger le marché européen. Nos voitures ne sont pas faites pour les masses, et ne sont pas des produits subventionnés. Nous sommes un animal différent, c’est ce que nous essayons d’expliquer. »
Enfin, au-delà du cas de tel ou tel constructeur, ce néo-protectionnisme du Vieux continent présente un autre inconvénient: en "fermant" le marché aux marques chinoises qui sont quasiment les seules à proposer des modèles électriques accessibles, il ralentit fortement l'adoption des modèles à batteries par les automobilistes europens. De l'art de se tirer une balle dans le pneu, donc.
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