Kerssemakers, Conseiller spécial de Volvo : « S’adapter aux besoins des consommateurs »
En attendant de quitter Volvo, sans doute pour aider des start-ups aux Pays-Bas et/ou s’adonner à la restauration de voitures anciennes, Lex Kerssemakers, 62 ans, qui était Responsable des opérations commerciales du constructeur il y a encore un mois, vient de livrer à l’hebdomadaire américain Automotive News son sentiment sur les récentes évolutions du marché.
C’est en tant que "Conseiller stratégique" du CEO de Volvo Jim Rowan que le futur retraité Lex Kerssemakers a répondu cette semaine aux questions de nos confrères. Il s’est entre autres exprimé sur le développement, par les constructeurs, de la vente de voitures en ligne.
Ventes en ligne : un déploiement « step by step »
Si Volvo ambitionne d’écouler la moitié de sa production grâce à ce canal de distribution d’ici à 2025, l’ancien Responsable des opérations commerciales de la firme suédoise confie néanmoins avoir dû améliorer et simplifier ce segment depuis qu’elle s’y est lancé il y a trois ans. C’était dans un premier temps en Allemagne, aux Pays-Bas puis aux Etats-Unis, avant le Royaume-Uni, la Norvège et la Suède.
L’entrée de Volvo au capital de Carwow, une plateforme britannique de vente de voitures en ligne, au printemps dernier, n’est sans doute pas étrangère à la volonté de la marque de Göteborg d’atteindre encore plus efficacement son objectif. Kerssemakers souligne toutefois que déployer des réseaux de ventes online à l’international n’est pas si aisé à mettre en place. Cela nécessite de progresser « pas à pas, car tout doit pouvoir fonctionner », prévient-il, « ce qui n’est pas forcément évident par exemple dans l’Union Européenne où il existe des réglementations, des taxations et des structures d’entreprises bien différentes selon les pays. »
Technologies et sécurité, intimement liées
Celui qui murmure désormais à l’oreille de Jim Rowan aborde en outre volontiers le sujet de la technologie embarquée. Là-dessus, Lex Kerssemakers ne cache pas son enthousiasme. « Je suis ravi de voir l’importance croissante que les logiciels prennent à bord des voitures », confie-t-il.
Il rappelle que Volvo a fait partie des précurseurs en la matière et que la marque a toujours fait en sorte que ces nombreux outils intuitifs, certes très attendus par les clients, soient avant tout simples d’utilisation, qu’ils facilitent la conduite sans pour autant submerger les utilisateurs (notamment à cause de mises à jour excessives) ni, surtout, nuire à leur sécurité. Au final, « lorsque, aujourd’hui, je regarde les nouvelles voitures en général, je me dis que nous pouvons être fiers de ce que nous avons atteint avec notre système », se félicite-t-il.
Services sur abonnements : rien de chiffré selon Volvo
Sur la question plus précise des services logiciels sur abonnements, très tendances, commandables et payables de façon dématérialisée, l’ancien dirigeant se dit absolument convaincu que cette catégorie de produits va générer un autre flux conséquent de revenus à l’avenir. Dans le même temps, il indique que Volvo, officiellement, ne s’est pas encore fixé d’objectif chiffré, contrairement par exemple à Stellantis qui, d’ici à 2026, déterminerait à environ 4 milliards d’euros par an les revenus supplémentaires générés grâce à ce type d’offres.
La conduite autonome, en-deçà des attentes ?
Interrogé par ailleurs sur une technologie moderne qui, selon lui, n’aurait pas été à la hauteur des attentes suscitées, Lex Kerssemakers a répondu : « probablement la conduite autonome » ... Il explique en effet qu’il y a eu, à l’origine de cette innovation, « beaucoup de déclarations audacieuses (y compris de la part de Volvo) » misant sur le fait que cette technologie pourrait probablement être disponible à court terme. « Ce n'est pas le cas », reconnaît l’ex-patron. Il se réjouit pourtant du travail de R&D d’ores-et-déjà effectué, ne serait-ce que par Volvo, en matière de fonctionnalités autonomes au service de la sécurité des individus.
« Qui demandait ça en réalité… ? Personne ! »
Enfin, celui qui travaille depuis 38 ans chez Volvo Cars semble regarder l’avenir de l’automobile avec clairvoyance. Il est en particulier persuadé que pour être « pertinent dans le futur, il va falloir s’adapter aux besoins des consommateurs » et s’interroger sur les bénéfices que chaque nouvelle orientation, que chaque nouvelle technologie sera susceptible de leur apporter.
Il prédit également une simplification de l’offre automobile et l’émergence de modèles aux variantes limitées. « Dans cinq ou dix ans, on se souviendra des années 90 et 2000 et on se demandera comment a-t-on pu créer autant de versions différentes ? », et de poursuivre : « Qui demandait ça, en réalité... ? Personne ! » C’est l’une des leçons du passé que Lex Kerssemakers appelle à retenir, convaincu notamment que les consommateurs ne veulent plus faire leur choix parmi des gammes complexes.
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